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Eternel recommencement
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 09 - 2021

Il y a des jours où j'ai l'impression de me trouver dans l'œil d'un cyclone, eu égard à ce que je vois autour de moi comme travers sociaux malheureux. Il m'arrive de me réveiller le matin, de ne pas avoir l'envie de m'extirper du lit et d'aller négocier la journée avec mon quotidien. Je ne sais pas pour vous ; pour moi, il en est ainsi. Parfois, il m'arrive d'entendre le lit se plaindre de mon poids, de ma présence pesante et de ma déprime. Je ne fais pas une phobie de l'extérieur ; sauf que je ne retrouve plus la douceur d'hier. Mon toubib me recommande de positiver ; je veux bien ; comment faire ? J'ai tellement positivé dans ma vie que, désormais, je me laisse aller à mes alertes émotionnelles. Je suis fatigué de positiver, ya tbib !
J'ouvre ma fenêtre, lève les yeux au ciel ; j'y vois un tapis de poussière, allant du gris vers l'ocre, giflant le regard et serrant le cœur comme un étau. J'avoue que c'est une terrible impression. Puis une peur diffuse s'insinue dans mes veines, comme un poison. Dès lors, le lit reste un coin protecteur. Je prends mon courage à deux mains, enfin ce qu'il en reste, et je passe le film de mes angoisses dans un crâne velu de vertige.
Un automobiliste sort du stationnement brutalement. Je n'ai pas vu venir la manœuvre. En stationnement, on perd logiquement toute priorité, sauf si le code de la route a changé. De mon temps, c'était comme ça. Ce monsieur a failli me percuter. Le destin ne l'a pas voulu. Je lui donne un léger coup de klaxon, façon de lui dire attention. Il sort son bras comme un moulinet, façon de me dire « tu pousses avec eux ». Tout ça pour ça ! Vas-y mon gars, surtout ne t'arrête pas pour me casser la gueule ; je suis prêt à une concession, t'offrir un tacos piquant à l'algérienne.
Je bâtis une maison, comme le veut le « khater » dans un lotissement résidentiel. Je dis résidentiel, je rajoute «zaâma». Bien sûr, quand on construit, on passe par un crédit. Heureusement qu'il existe, ce crédit. Brique après brique, la maison monte laborieusement. Je ne sais pas si vous connaissez le mythe du maçon dans notre pays ; il faut l'expérimenter pour comprendre le schmilblick. Demandez aux autoconstructeurs, il vous donneront leurs conclusions. Bref, la famille déménage. Dans un lotissement résidentiel, c'est en R+1. Plus tard, bien plus tard, chacun a fait sa maison en fonction de ses envies. Et de son portefeuille. Puis, un « chekariste » s'amène avec son pèze, dérange tous les voisins, et se met à monter un R+8. Waouh, ma maison se voit naine devant ce blockhaus, qui m'a caché le soleil. Je me retrouve sans soleil, ya ness. Le drame, c'est qu'il dispose d'un permis de construire en bonne et due forme. On est entré dans le cycle de la densification ! Et vogue la galère des lotissements résidentiels !
Aujourd'hui, j'ai l'intention de faire mes emplettes. Il faut les faire, sinon, ce sera un repas froid. Je prends mon « asiatique » de bagnole ; je me mets à chercher un stationnement. Hé, autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! On ne peut plus garer à Tizi. La ville n'est pas conçue pour autant de véhicules. Ça y est, je vois une place. Je m'arrête pour engager la manœuvre, un jeune s'avance vers moi et me lance : « Parking gardé, kho ! » C'est une façon gentille de me dire, tu vas casquer aujourd'hui. Bon, il m'aide à stationner, ce que je pouvais faire tout seul, yaâni. Je m'extirpe de ma tire, met la main à la poche droite, tire ma monnaie, et le parkingueur me lance à la figure : « 100 dinars ! » En plaisantant, je lui dis : « Je peux payer au retour ? » Froidement, il me rétorque : « Non a miss n tfamilt, tu risques de tarder et de ne pas me trouver ; ici, on paie à l'avance. » Voilà, que chacun se fasse son opinion ! Bientôt, il nous faudra payer le droit de sortir de chez soi. A cette allure, tout est possible.
Bref, je vais en direction de « ma » boutique de fruits et légumes. Sur le chemin, j'ai entamé le compte des commerces et leur nature. Je suis sûr que vous avez fait la même chose. Entre un fastfood et un autre, il y a, je vous le donne en mille, un fastfood, quand ils ne sont pas mitoyens. Attendez, là, il y a un grand resto et juste à côté un « cassecroûteur ». Puis les commerces de prêt-à-porter sont légion. Il suffit que tu mettes tes phalanges sur le seuil que le commerçant bondit et te lance : « Kayene arrangement, kho ! Marchandise griffa. Talyan. » Perso, dès que j'entends ces mots, j'ai envie de fuir au galop et de m'habiller de peau de bêtes.
Mon commerçant m'accueille avec un large sourire, comme d'habitude. Je jette un coup d'œil sur les prix des fruits et légumes. Il y a de quoi tomber à la renverse. Comment fait un smicard pour survivre ? Ce n'est pas possible. La patate intouchable. La loubia verte se met dans la stratosphère. La poire, zaâma n'disrou, tu oublies. Je laisse tomber. J'ai définitivement le tournis. Je ne peux rien acheter. Je ne veux rien acheter. Je vais faire la grève du couffin tout seul. J'ai l'impression d'entendre ce pauvre couffin roter de faim. Je change mes plans. Je prends le risque du repas froid. J'achète une boîte de fromage en portions, une boîte de sardines à la tomate, quatre yaourts nature. Et je rebrousse chemin chez moi. Puis, j'ai cru voir « mon » commerçant se gratter le crâne. La suite, je préfère ne pas vous la raconter.
Mon moral se traîne par terre. Il est tellement poussiéreux qu'il faut un torrent pour le nettoyer. Puis, tout autour, il n'y a rien d'agréable. Tout est dans la mocheté. Tout est dans la lugubrité. Tout est dans la sinistrose. Je vois des êtres traîner leur malvie comme le boulet du condamné. À cela, il faut rajouter les crocs acérés du climat. Les incendies. Le Covid. La peur de la vaccination. Ah, si j'avais encore mes 20 ans ! Je ne vois rien de beau. Même le terrain, zaâma mon terrain, hérité des ancêtres, non acté, c'est comme ça au bled, a été, grâce au travail du cadastre, un service public, mis sous le nom d'un voisin. Le comble, je suis obligé d'aller auprès de la justice pour récupérer le bien de mes ancêtres. Ah, si j'avais encore mes 20 ans ! J'irais me faire voir ailleurs. Je serais ouvrier à l'usine, mineur de fond, agent d'entretien, ramasseur de poubelle voire. Décidément, je suis un algéro-désespéré.
Nacer-Khodja Hamid, l'authentique intellectuel, le discret, l'altruiste, le bon, le timide, l'ami sincère est parti un certain 16 septembre 2016. Déjà, suis-je tenté de dire. Je voudrais lui laisser dire la profonde terre du verbe aimer : « C'est ici, juste ici, derrière cette nuit, éventrée, cette sourde nuit, que naquit la profonde terre du verbe aimer. »
Y. M.


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