Le 114e prix Nobel de littérature et décerné cette année à l'écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah, 72 ans, qui devient ainsi le sixième auteur africain à obtenir la prestigieuse distinction, et le premier depuis 2003. Jeudi, le visage austère au regard pénétrant de cet écrivain assez méconnu en Algérie, faisait le tour des réseaux sociaux à l'annonce de l'attribution du prix Nobel de littérature. En effet, comme souvent, l'académie stockholmoise crée la surprise avec ce romancier et universitaire anglophone d'origine tanzanienne. Déjouant les pronostics et les classiques favoris pressentis par les médias, qui hésitaient cette année entre le Kenyan Ngugi Thiongo et la Française Annie Ernaux, le jury des Nobels opte pour Abdulrazak Gurnah, tanzanien originaire de Zanzibar, résidant au Royaume-Uni où il était venu en tant que réfugié en 1968 et où il a enseigné à l'université jusqu'à sa retraite. Auteur d'une trentaine d'ouvrages, entre romans, nouvelles et essais, dont Paradise (1994), Adieu Zanzibar (2017) et Au-delà (2020), Gurnah était déjà reconnu comme l'un des écrivains majeurs anglophones de sa génération même si les rotatives du côté francophone ont dû s'activer depuis jeudi pour la réimpression des traductions de ses ouvrages ! En effet, l'écrivain togolais Sami Tchak, vivant en France, raconte avec humour sur les réseaux sociaux que le lauréat du Nobel 2021 était introuvable à la Fnac, et pour cause : « Le vendeur me dit que je ne risque pas d'en avoir dans des délais rapprochés car l'auteur n'était plus réédité. C'est maintenant que les éditeurs vont s'activer pour des traductions ou pour la réédition des titres épuisés.» Abdulrazak Gurnah est le 6e écrivain africain à accéder au graal des prix littéraires, après Albert Camus (1957), le Nigérian Wole Soyinka (1986), l'Egyptien Naguib Mahfouz (1988), la Sud-Africaine Nadine Gordimer (1991) et son compatriote J. M. Coetzee (2003). L'académie des Nobels salue dans l'œuvre de Gurnah son «analyse pénétrante et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés écartelés entre cultures et continents ». Le lauréat a profité, quant à lui, de sa première interview à cette occasion pour adresser un message aux Etats européens au sujet de la migration et des réfugiés : «Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu'ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides», a affirmé l'écrivain, soulignant qu'il s'agissait « de gens talentueux et pleins d'énergie». Pour rappel, le prix Nobel de littérature en est à sa 114e édition. L'année dernière, il a été décerné à la poétesse américaine Louise Gluck, tandis qu'en 2019, c'est l'écrivain autrichien Peter Handke qui l'a obtenu, précédé en 2018 par la Polonaise Olga Tokarczuk. S. H.