Un énième coup d'Etat militaire dans un pays miné par l'instabilité politique et à une grave crise institutionnelle ? Ce lundi 25 octobre, l'armée soudanaise a arrêté les ministres civils du gouvernement. En fin de matinée, l'armée a tiré sur des manifestants qui protestaient contre ce renversement. Cela faisait des semaines que des tensions montaient entre militaires et civils qui se partagent le pouvoir depuis 2019. Les membres civils du «conseil de souveraineté» du Soudan, l'organe de transition mis en place depuis la chute d'Omar el-Béchir en 2019, ont été arrêtés par des forces armées dans la matinée du 25 octobre. Le Premier ministre Abdallah Hamdok a été arrêté et emmené «vers un lieu non identifié». Des soldats ont pris d'assaut le siège de la radiotélévision d'Etat, a indiqué le ministère de l'Information qui parle d'un «coup d'Etat». Internet a également été coupé dans tout le pays. «Des employés sont retenus», ajoute le ministère. En fin de matinée, le ministère de l'Information soudanais a annoncé que les forces armées tiraient «à balles réelles» sur des manifestants «refusant le coup d'Etat militaire» à Khartoum. Le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir, depuis que l'armée a poussé au départ l'ancien président Omar el-Béchir, en avril 2019, après trois décennies de pouvoir sous la pression d'une énorme mobilisation populaire. Depuis août 2019, le pays est dirigé par un Conseil de souveraineté, composé pour moitié de civils et pour autre moitié de militaires. La direction du pays est censée être remise aux civils lors d'une première étape avant d'arriver fin 2023 aux premières élections libres en 30 ans. Surprise à Washington Les Etats-Unis, dont l'émissaire était la veille encore dans le bureau du Premier ministre, Abdallah Hamdok, aujourd'hui en détention, se sont dits «profondément inquiets». Ces annonces d'une prise de pouvoir par les militaires vont «à l'encontre de la déclaration constitutionnelle» qui régit la transition dans le pays et «des aspirations démocratiques du peuple soudanais», a tweeté l'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman. R. I. L'Algérie appelle toutes les parties à faire prévaloir la voie du dialogue L'Algérie a exprimé sa profonde préoccupation face aux derniers développements survenus au Soudan, appelant toutes les parties à faire preuve de responsabilité et à faire prévaloir la voie du dialogue pour résoudre les problèmes, a indiqué lundi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger. «L'Algérie exprime sa profonde préoccupation face aux derniers développements survenus en République du Soudan et souligne la nécessité de faire preuve de responsabilité et de retenue et s'abstenir de toute action susceptible de gâcher les acquis obtenus par le processus de transition dans ce pays frère ou porterait atteinte à la sécurité des citoyens», indique le communiqué. L'Algérie a appelé «toutes les parties civiles et militaires à faire prévaloir le dialogue en vue de régler les problèmes et faire face aux défis sécuritaires et politiques auxquels le pays est confronté à cette étape importante de son histoire contemporaine, conformément au document constitutionnel, et à l'Accord de paix de Juba de manière à garantir la réalisation des aspirations légitimes du peuple soudanais», ajoute la même source. Lundi matin, les développements au Soudan se sont accélérés notamment avec l'annonce, par le ministère soudanais de la Culture et de l'Information, de l'arrestation, par des forces militaires conjointes, du Premier ministre Abdallah Hamdok, ainsi que la plupart des ministres et des civils du Conseil de souveraineté et ce, avant que le président du Conseil de transition au Soudan ne décrète l'Etat d'urgence et la dissolution du gouvernement et du Conseil de souveraineté. APS