Il a le beau rôle, sinon le vent en poupe depuis l'entrée en scène fracassante (au sens littéral) de l'Etat sioniste dans le monde arabe, du Golfe à l'Atlantique. Les accords du nom biblique Abraham balisent le terrain longtemps réfractaire à toute reconnaissance. Ensablé dans l'aventure du Sahara Occidental ruineuse, Mohammed VI, roi du Maroc, remet ça. Samedi dernier, dans un discours qu'il voulait solennel pour célébrer quarante-six ans d'usurpation du territoire sahraoui, il monte sur ses ergots pour dire «non» à toute négociation avec les indépendantistes du Front Polisario qu'il connaît aussi bien que son paternel Hassan II. Parce qu'il s'est précipité dans les bras de son nouveau sponsor, proclamant la reconnaissance du Makhzen de l'Etat hébreu, il se fait fort de fouler aux pieds toute démarche de paix ; autrement dit, persister dans la politique du pire, quitte à faire basculer toute la région dans l'instabilité, terrain fertile à toutes les violences terroristes. Un terrain glissant dans lequel Hassan II ne voulait pas mettre les pieds, préférant clamer à qui voulait le croire que la question du Sahara Occidental est un « dossier clos » dès les années quatre-vingt. Mais toute honte bue, il participera aux sommets de l'OUA (Organisation de l'unité africaine, aujourd'hui Union africaine) aux côtés de la délégation du Front Polisario. Toutefois, ce n'est pas en mettant des œillères qu'il parviendra à occulter un problème de décolonisation, d'ailleurs reconnu comme tel par l'UA ainsi que l'ONU. Claquer la porte de l'organisation continentale et opter pour la politique de la chaise vide n'aura pas servi à légitimer l'invasion, sous le couvert de la « marche verte ». Son rejeton va s'employer à prendre sur lui de défendre l'héritage de son père, mais aujourd'hui avec l'arrogance en plus. Son obstination à passer outre les résolutions pour un règlement pacifique du conflit aura eu tout le temps de pourrir et donner ainsi l'opportunité à des forces extra-africaines de se mettre de la partie. C'est son but. Le fait notable est, bien sûr, l'alliance avec l'Etat sioniste d'Israël, alliance qu'il compte utiliser dans son hostilité ouverte envers son voisin, l'Algérie. Il est vrai que la nouvelle campagne marocaine anti-algérienne a commencé déjà avec l'installation à nos frontières de systèmes d'espionnage, «l'achat» de matériels militaires ultrasophistiqués dont les drones armés, financés par les pétromonarchies. Les services de sa majesté n'ont pas hésité à mettre sur écoute des pays «amis» ou ennemis grâce au logiciel espion israélien Pégasus. En conséquence, aujourd'hui, tout le Maghreb est pris en otage pour les besoins du retour du néo-colonialisme. L'élément nouveau, ce sont les gros appétits affichés par les sponsors du Makhzen qui accepte d'être un tremplin à toutes les opérations de déstabilisation. La course aux matières premières, les convoitises sur le gaz algérien battent leur plein. Les gisements off-shore font saliver. Dans ce scénario, la France de Macron nous rappelle, tout comme ses prédécesseurs, qu'elle n'entend pas lâcher prise. Dans ce bruyant remue-ménage, les Sahraouis se retrouvent pris entre le marteau et l'enclume, font les frais des luttes souterraines. D'aucuns vont jusqu'à prédire le pire et parlent de «Palestiniens du Maghreb», une comparaison qui n'est pas le fruit du hasard. Sa majesté se voit déjà dans le rôle de l'Etat sioniste d'Israël qui fait fi de toutes condamnations de ses actes d'agression, en toute impunité, sans crainte de la réaction de la communauté internationale soucieuse, par lâcheté, de ménager leur victime expiatoire de la dernière Grande Guerre, l'Etat sioniste nouveau parrain du Makhzen. Brahim Taouchichet