L'Algérie célèbre aujourd'hui le 61e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960, un événement important qui a marqué la Révolution algérienne entre 1954 et 1962. Ces évènements qui ont montré l'adhésion populaire au mot d'ordre d'indépendance nationale ont été déterminants dans le soutien de la communauté internationale à la cause algérienne. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La guerre de Libération nationale qui allait mettre fin à un long joug colonial qui a duré plus de 130 ans a été marquée par plusieurs évènements phares qui, à chaque fois, redonnent un nouveau souffle à la Révolution. Parmi ces évènements, les manifestations du 11 Décembre 1960 qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, en signe de rejet d'une visite du Président français De Gaulle en Algérie, ont constitué un moment fort de cette guerre qui a duré plus de sept ans, en exprimant un rejet populaire massif du projet colonial de maintenir le pays sous sa domination. L'adhésion populaire au mot d'ordre de l'indépendance, adopté dès l'entame de la guerre le 1er Novembre 1954, affiché à l'occasion de ces manifestations d'envergure, a été une étape charnière dans le cours de la révolution armée qui aboutira, moins de deux ans plus tard, à l'indépendance du pays. L'Algérie célèbre aujourd'hui le 61e anniversaire de ces évènements dans un contexte tendu dans ses relations avec l'ancien colonisateur. Ce n'est que plus de deux mois après l'éclatement d'une crise à la gravité sans précédent entre les deux pays que les choses commencent à se rétablir, avec la visite du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Alger. À la veille de cet anniversaire, la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé, hier, la prochaine ouverture, avec 15 ans d'avance, des archives sur « les enquêtes judiciaires » de gendarmerie et de police en rapport avec la guerre d'Algérie (1954-1962). Que s'est-il passé le 11 Décembre 1960 ? Le chef de l'Etat français, le général Charles de Gaulle, prévoyait une visite en Algérie qui devait s'étaler du 9 au 12 décembre et des organisations extrémistes françaises, appuyées par des unités de l'armée, projetaient d'organiser des manifestations en faveur d'une « Algérie française ». Le 9 décembre, à Aïn-Temouchent, première escale du Général, des extrémistes européens organisent une manifestation pour exprimer leur rejet de toute initiative visant à améliorer les conditions de vie des Algériens. Mais ils sont surpris en voyant des manifestants algériens occuper la rue criant leur ras-le-bol et exigeant l'indépendance du pays, avec comme principal slogan « Algérie algérienne ». Le lendemain, des milliers de personnes, drapeaux algériens en main, ont manifesté à la rue Mohamed-Belouizdad (ex- Belcourt). Le 11 décembre, les manifestations se propagent à Alger et dans d'autres villes du pays, réclamant l'indépendance du pays. Malgré la répression qui a provoqué plusieurs dizaines de morts par balles, elles durent une semaine. Ces manifestations étaient un véritable tournant dans la Révolution algérienne, d'autant plus qu'elles intervenaient à quelques jours seulement de la date à laquelle l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies (ONU) devait étudier la question algérienne, une séance programmée pour le 19 du même mois. Le 19 décembre 1960, comme prévu, l'Assemblée générale de l'ONU vote la résolution 1573 reconnaissant au peuple algérien son droit « à la libre détermination et à l'indépendance ». Le soutien international à la cause algérienne va précipiter les choses du côté français qui a compris que l'indépendance du pays n'était qu'une question de temps et de négociations. Les historiens estiment que ces manifestations constituent l'un des jalons les plus importants de la révolution armée, particulièrement après le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958. Dans une déclaration à l'APS, le Dr Bendjabbour a souligné que le chef de l'Etat français était accompagné, lors de sa visite en Algérie, d'un grand nombre de journalistes étrangers qui ont constaté de visu la réalité algérienne et la détermination du peuple à poursuivre la lutte armée jusqu'au recouvrement de l'indépendance nationale. « Les comptes-rendus de la presse internationale ont permis à l'opinion publique étrangère de s'informer sur le combat du peuple algérien pour recouvrer son indépendance », a-t-il expliqué, ajoutant que de nombreux pays soutenant les thèses françaises ont changé de position en faveur de la Révolution algérienne. K. A.