On a beau dire, séparer le sport de la politique n'est pas évident, tant il est vrai qu'il est facile de succomber à la tentation de l'instrumentalisation. Tant il est vrai aussi qu'il est plus facile de séparer le bon grain de l'ivraie. La soirée, de ce samedi 11 décembre, aura mis à rude épreuve les nerfs des Algériens, tous âges confondus, bien qu'il ne s'agît que d'une joute sportive. Mais quelle empoignade ! Traîner dans la boue l'ennemi du jour, l'Algérie, qui s'entête à s'élever contre les injustices, était dans l'ordre de mission des sujets de sa majesté au Qatar. Ce plan nauséabond a été magistralement déjoué par les fraternisations sur le terrain dont les images crevaient l'écran télé. Il faut dire que le contexte de tension entre deux pays maghrébins voisins jouait beaucoup, il suffisait de l'aiguillonner vers un affrontement aussi inutile que lâche. Le silence coupable du Makhzen qui tire les ficelles en tout est révélateur de cette collusion mesquine. Au plus haut niveau de l'Etat algérien, la satisfaction est à la mesure de la liesse populaire quant à une confrontation sportive pourtant de moyenne envergure. C'est d'ailleurs dans ce contexte que les pyromanes s'emploient à jeter de l'huile sur le feu. Je veux parler des Emirats arabes unis qui se manifestent, une fois de plus, de la plus vile des manières. En effet, fidèle à son soutien à la monarchie marocaine, le maître d'Abou Dabi, en la personne de Zayed Al Nahyane, vient de lui faire cadeau (tenez-vous bien) de 60 avions militaires de combat (1 milliard 620 millions d'euros), l'équivalent de 5 escadrons. Plus qu'un préjudice à l'équilibre géopolitique dans la région, c'est une insulte à ceux qui militent pour le droit à la dignité et la liberté. Car, il faut savoir que ces bombardiers ont largement servi dans la guerre contre le Yémen dans le cadre d'une coalition menée par l'Arabie Saoudite. En vain d'ailleurs, puisque les rebelles yéménites ne désarment pas en dépit de graves destructions matérielles et les centaines de milliers de morts dont beaucoup d'enfants (crimes contre l'humanité !). C'est d'ailleurs pourquoi, en France même, des voix se sont élevées contre la vente par Paris de 80 avions Rafale et 14 hélicoptères aux Emirats (contrat, 17 milliards d'euros) qu'ils n'hésiteront pas à utiliser dans cette sale et « absurde » guerre, selon l'expression de l'animateur télé vedette, le Libanais Georges Kordahi, qui lui a valu, pour cela, d'être débarqué de son nouveau poste de ministre de l'Information, dans le nouveau gouvernement libanais, sous les pressions saoudienne et qatarie. Les prédispositions des pétromonarchies de vouloir imposer leur hégémonie dans toute la région du Moyen-Orient ont mené cette partie du monde, très sensible quant aux enjeux induits, dans une impasse dont personne ne peut imaginer l'issue. Sauf, bien sûr, le nouvel allié impie aux yeux des tenants du dogme musulman : l'Etat sioniste d'Israël, vu comme nouveau protecteur après les Etats-Unis d'Amérique. À l'impossible nul n'est tenu ! Dans l'indignité surtout. Brahim Taouchichet