Cela fait trois semaines consécutives que le ministre de la Santé donne les mêmes instructions : mobiliser un maximum de lits d'hospitalisation et surtout ne pas invoquer le prétexte de l'indisponibilité de places pour renvoyer des patients, notamment ceux atteints de Covid-19. Visiblement, le professeur Benbouzid se heurte aux mêmes résistances que lors de la troisième vague avec des chefs de service qui n'appliquent pas les instructions dans un contexte fait d'une montée progressive du variant Omicron. Avec une contagiosité plus grande, tous les spécialistes s'accordent à dire que la tension sur les hôpitaux ira en augmentant et la disponibilité des lits sera l'arme nécessaire pour éviter le scénario de la troisième vague. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Mêmes lieux, mêmes interlocuteurs et même discours depuis trois semaines déjà. Le ministre de la Santé est revenu lundi à la charge en demandant, une fois de plus, aux gestionnaires des établissements de santé de mobiliser toutes les capacités d'accueil pour faire face à la montée des contaminations au Covid-19. Il leur a tenu le même discours que lors de la toute première réunion consacrée à la préparation du plan d'attaque en prévision de la quatrième vague. Une fois de plus, le professeur Benbouzid a eu à s'indigner du «refus de certains établissements hospitaliers d'accueillir des patients sous prétexte d'indisponibilité de places». Haussant le ton, il fera savoir que «des mesures nécessaires seront prises à l'encontre de ceux dont la responsabilité est établie». Il ne dira pas lesquelles, mais il semble évident que des résistances se font sentir sur le terrain. Que demande concrètement le ministre de la Santé ? Tout simplement que certains services soient dédiés à la prise en charge des malades Covid-19 sans que certaines spécialités soient impactées à l'instar de la gynécologie et l'obstétrique, la réanimation, la chirurgie générale, les urgences et la pédiatrie. Il est demandé de «libérer les lits non vacants au niveau des établissements hospitaliers de manière progressive et en fonction de la situation épidémiologique de chaque wilaya» mais également «l'accélération de la mise en place d'une cellule d'écoute et la désignation d'une équipe de garde, en fixant un numéro de téléphone au niveau des Directions de la santé pour répondre aux questions et préoccupations des citoyens 24h/24h». Pas question pour Benbouzid de renvoyer un patient sous prétexte de manque de places puisque les responsables des structures de santé sont tenus, en cas de surcharge avérée, de prendre attache avec d'autres hôpitaux, «pour assurer un lit pour le patient concerné, tout en prenant en charge son transport en ambulance». Le problème de la disponibilité des lits se pose-t-il ? Théoriquement, il ne devrait pas se poser, mais c'est au niveau de la gestion que les couacs sont enregistrés. Cela avait été le cas lors de la troisième vague où, en plein pic de l'épidémie, lorsque les patients étaient ballottés d'un hôpital à un autre, alors que le ministre de la Santé annonçait à l'époque déjà avoir constaté que le nombre des lits consacrés au Covid-19 n'était pas suffisant, s'étonnant qu'un hôpital de 600 lits n'en consacre qu'une dizaine pour le Covid. En juin 2020, le Pr Benbouzid assurait que pas moins de 13 395 lits étaient mobilisés. Qu'en est-il actuellement ? Le directeur des structures hospitalières au sein du ministère de la Santé affirme qu'actuellement 3 600 personnes sont hospitalisées au niveau des services Covid-19. C'est au niveau d'Alger que la tension est la plus forte, avec 600 hospitalisations, alors que dans les différents services de réanimation, 38 personnes sont entre la vie et la mort. En l'espace d'une semaine, dit-il, le chiffre a doublé puisque la semaine précédente, 1 500 personnes étaient hospitalisées. Selon le Pr Lyès Rahal, le nombre de patients hospitalisés pourrait très vite atteindre les 30 000, soit le double de ce qui avait été enregistré lors du pic de la troisième vague. C'est dire que dans les prochaines semaines, et en raison de la grande contagiosité du variant Omicron, les structures de santé vont devoir faire face à un flux important de patients à qui il faudra assurer un minimum, à savoir un lit pour les cas nécessitant une hospitalisation. N. I.