Un village quelque part en Alg�rie. C�est un village, ordinaire qui ressemble � tous les autres villages du nord du pays. Dans ce village, il y a, bien s�r, des habitants et des animaux domestiques. Il n�y a pas de pays sans paysans. Les villageois ont des arbres fruitiers, des champs cultiv�s et des animaux domestiques. Dans la for�t vivent des animaux sauvages. �C�est ici, entre monts et vaux, poules, lapins et poussins, chats, chiens, biquets, agnelets et moutons, sans oublier l��ne, cette b�te de somme si utile, que j�ai vu le jour. Dans ce p�t� de maisons tourn� vers la montagne et encaiss� dans un vallon�, raconte Amar Zentar dans son nouveau roman La tombe sous le grenadier, chronique du temps qui revient, paru aux �ditions Mille- Feuilles. Dans les villes, on entend des bruits de moteurs, des klaxons d�automobilistes plus ou moins press�s et des tas d�autres bruits �m�caniques�. A la campagne, le coq chante, la chouette hulule et les chiens aboient (m�me si les caravanes ne passent plus par ici). �La nature fait bien les choses. Malgr� toute l�ingratitude de l�homme � son �gard. C�est ainsi qu�elle nous a gratifi�s d�une vingtaine de figuiers, toutes vari�t�s confondues par ailleurs, de trois grenadiers, de deux fr�nes et de trois sortes de raisin �, raconte, encore, le narrateur. La vie dans ce village est rythm�e par les saisons, comme dans tous les villages du monde. A la saison des po�tes, �c�est un brusque sursaut. Le printemps se r�veille. Symphonie des sons et des tons. Les coquelicots fleurissent et tapissent les pr�s. Une nu�e de papillons de toutes les couleurs et de diverses dimensions, voletaient dans le ciel d�un bleu pervenche. Toute la nature bourgeonne et d�roule sa nouvelle parure �. En �t�, �dans l�air dansant des chaudes journ�es, le chant rauque des cigales monte des bas-fonds vers le ciel�. Ici, il y a un idiot du village, comme dans tous les petits patelins � travers le monde. Mais, �l�idiot du village n��tait pas si� idiot que �a (�) il �tait mi-anormal, mi-lucide. Tout comme sa s�ur qui ne parlait pas pour ne rien dire� Avec ce simplet ou consid�r� tel par tous ceux qui ne se donnaient pas la peine de l��couter � d�faut d�essayer de le comprendre, je m�entendais plut�t bien. A tel point que certains villageois, me voyant en sa compagnie, se demandaient qui de nous deux �tait vraiment le plus fou�, �crit Zentar � la page 113, de ce roman largement autobiographique. On ne peut pas dire qu�il ne se passe rien dans ce village. Ainsi, �le roi des coqs� qui battait tous ses rivaux � l�issue de combats souvent hom�riques a failli �tre sacrifi� �pour une brumeuse histoire de gri-gri�. Les jeunes se lancent, parfois, des d�fis insens�s comme celui de sauter dans la rivi�re du haut d�un rocher. Un chien peut aussi attaquer une poule, histoire de varier son menu quotidien. Mais tout cela fait partie de la vie d�un village. ��Et puis un jour tout a bascul� : les ch�vres ne donnaient plus de lait, les biquets trop longtemps sevr�s sont morts, les vieux rendaient l��me un � un, les jeunes ont abandonn� le village pour traverser la mer, les arbres calcin�s ne repoussaient plus, les papillons ont mir� vers d�autres biotopes, les grenouilles ne coassaient plus, le coq refusait de chanter, les poules de pondre des tufs�� Quelque part dans ce village, un grenadier d�ploie toutes ses branches �pour ne prot�ger qu�une seule tombe�. Rien ne peut remplacer la perte d�une m�re� Amar Zentar, journaliste et �crivain, est n� en 1950 aux Ouadhias (Tizi-Ouzou). Il est licenci� en droit � l�universit� d�Alger. Il a travaill� dans diverses publications publiques et ind�pendantes, notamment, R�volution africaine, Alg�rie Actualit�, El Moudjahid, le Citoyen et le Courrier d�Alg�rie. La tombe sous le grenadier est son troisi�me roman, apr�s Le but (Laphomic) et Journal d�un plumitif (Dar El-Gharb). Amar Zentar compte publier prochainement un recueil de po�sie auquel il a, d�j�, donn� le titre de �(D�) bris de vers�. K. B. Roman La tombe sous le grenadier, de Amar Zentar (Ed. Mille-Feuilles). 142 pages. Ann�e 2010.