Ce sera ainsi jusqu'à l'entrée en application du nouveau système projeté par les pouvoirs publics. Le régime de subventions occupera l'intérêt des Algériens jusqu'à ce que tous seront fixés sur la population des ayants droit à la fameuse compensation financière appelée à remplacer les subventions directes, le montant de cette compensation et la liste des biens éligibles à la subvention. Il n'est certes pas intégral, mais le flou demeure assez dense sur le système de subventions qui entrera en application courant 2022. Surtout pour les citoyens à faible et (au mieux) moyen revenus, qui nourrissent des craintes pour leur porte-monnaie, déjà rudement sollicité depuis plus d'une année en raison d'un mouvement de hausse incontrôlée des prix qui happe une bonne partie des ménages. Un éclairage est venu de la bouche du directeur du budget au ministère des Finances, dont les propos ont été relayés par l'agence officielle, qui a expliqué que le futur programme de subvention ciblé s'appuiera sur ce qu'il appelle «un système déclaratif permettant aux ménages de déclarer leurs moyens éligibles à la compensation monétaire. Par la suite, des contrôles seront opérés au niveau local et national, et ce, en aval». Il est, bien entendu, évident que la révision du système de subvention entre dans le cadre général de la réforme des dépenses de l'Etat. Les pouvoirs publics qui, depuis près de sept ans maintenant, éprouvent toutes les peines à ficeler leur budget, avec des déficits abyssaux, menaçants pour les équilibres macro-économiques déjà chancelants pour plusieurs raisons, dont la dépendance de l'économie nationale de ses revenus pétro-gaziers. Ce n'est plus un luxe, pour les gouvernants, de continuer à fermer les yeux sur un système qui permet au plus aisé des Algériens d'acquérir des biens de large consommation en déboursant le même prix que ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le DG du budget au ministère des Finances s'est fait un point d'honneur de rappeler que le système de subventions jusque-là en pratique coûte 1 942 milliards DA dont 80% vont aux produits énergétiques, soit près de 1 530 milliards DA. On rappellera qu'entre 2012 et 2017, le coût de l'éculé système de subventions avoisinait en moyenne annuelle 3 250 milliards de dinars, soit 19,3% du PIB. Les subventions implicites, c'est-à-dire celles allouées pour les produits énergétiques et les subventions d'ordre fiscal, constituaient 80% du total des subventions au moment où les subventions explicites allouées pour la couverture des prix des produits alimentaires et des logements constituaient le cinquième du total des subventions. Le changement prôné s'appuiera, donc, sur un système déclaratif des ménages sur lequel se baseront les pouvoirs publics pour lister les Algériens éligibles aux subventions à travers la future compensation financière qui sera allouée. Les informations récoltées à partir des déclarations des ménages seront ensuite recoupées à travers les données en possession du ministère de l'Intérieur, au niveau local puis national, pour la vérification du statut réel du candidat à la compensation financière. Le travail entamé a jusque-là abouti à la détermination de trois grandes familles de produits englobant une douzaine de produits de large consommation ouverts aux subventions. «Cela va se faire de manière progressive, de sorte à avoir une adhésion de la population à cette procédure», a rassuré le DG du budget au ministère des Finances sans pour autant avancer de date pour l'entrée en vigueur du nouveau système de subventions. Azedine Maktour