Par Maâmar Farah [email protected] Le 8 décembre, dans ce même espace, je commentais le changement de la stratégie israélienne dans la lutte contre le Covid-19. Ce pays était jusque-là cité en exemple par la presse occidentale pour sa forte politique de vaccination. Et voilà que, subitement, le nombre de cas s'envole : 15 000 par jour, avec des pics de 20 000 sur une population de 9,5 millions d'habitants ! Soyons clairs : ce ne sont pas les opérations massives de vaccination qui ont fait flamber les cas. C'est l'apparition de nouveaux variants, évidemment non couverts par les vaccins à la date D, qui est la principale cause de ces pics. Ici, en l'occurrence, l'Omicron. Les scientifiques israéliens, les premiers à lancer la troisième dose, se préparaient à organiser une quatrième dose et même une cinquième, quand ils changent subitement de cap. Stop ! Abandon de la quatrième dose, pas de tests systématiques, les PCR sont réservés aux plus de 60 ans, plus de restrictions sur les voyages à l'étranger ! La politique du tout-vaccin est remise en cause. C'est toute une stratégie, considérée comme exemplaire et reprise dans de nombreux pays, qui est abandonnée. Les bons choix de l'Algérie À l'origine de ce revirement, l'Omicron, comme nous venons de le signaler. Ce variant, très contagieux mais moins périlleux que les autres, peut être mis à profit pour étendre la pandémie au sein de la population et atteindre cette immunité collective que ne donneront jamais les campagnes de vaccination face aux évolutions inattendues du virus. Ainsi, Israël, champion de la vaccination et des systèmes de surveillance très stricts, lâche du leste et laisse faire. Mais le Premier ministre d'Israël Naftali Bennett se trompe quand il dit que le monde le suivra comme il l'a suivi pour la troisième dose. L'Algérie a été l'un des rares pays qui n'ont pas opté pour un dépistage systématique de la pandémie, et c'est exactement ce que va faire aujourd'hui Israël. Par ailleurs, il faut saluer le choix massif de l'Algérie pour les vaccins «classiques», même si de petites doses de Janssen et de Pfizer circulent chez nous. C'est un choix intelligent de nos autorités sanitaires dans la mesure où ces vaccins de dernière génération (à base d'ARN messager) ne sont pas dénués de défauts. Aux Etats-Unis, des «manquements auraient été constatés dans les essais cliniques de Pfizer pour son vaccin chez les adultes». (British Médical Journal). On s'attend, par ailleurs, à des révélations sur le manque de transparence dans la publication des résultats sur les essais de Pfizer. Enfin, des études récentes montrent une perte d'efficacité des vaccins Janssen, Pfizer et Moderna. Le vaccin chinois est considéré comme l'un des meilleurs au monde. Comme une grippe saisonnière Le 8 décembre, je notais dans mon billet quotidien : «La solution coule pourtant de source : ce Covid-19 est parmi nous pour longtemps, il gagne en contagion mais baisse en dangerosité. Il s'apparente de plus en plus à la grippe saisonnière. Est-ce que nous passons notre temps à nous alarmer et à suivre de près l'évolution ou le recul de la grippe ?» Je ne pensais pas si bien dire ! Le gouvernement espagnol, par le biais de son Premier ministre Pedro Sanchez, vient de déclarer qu'il voulait considérer le coronavirus comme une grippe. Les Espagnols se basent sur l'évolution de la pandémie qui a changé avec l'apparition de l'Omicron. Désormais, ils parlent de situation endémique et abandonnent le terme «pandémique». À rappeler que la grande pandémie de 1918 qui a décimé près de 100 millions de malades (chiffres réévalués en 2020) a décliné au bout de deux ou trois années et le virus est devenu saisonnier avec moins de pertes humaines. Tout indique que nous vivons une situation semblable et il est certain que les gouvernements vont agir progressivement comme le gouvernement espagnol. Nous sommes vraiment à la fin de cette pandémie malgré les chiffres qui peuvent encore monter. Nous devons nous convaincre de la nécessité de continuer à nous vacciner mais à condition que les doses qui nous seront inoculées couvrent le nouveau variant Omicron. Il est certain que la pandémie déclinera à la fin du printemps. Elle se transformera en grippe ordinaire. Qu'elle continue à tuer ne voudra pas dire que la pandémie continue. La grippe aussi tue, on a tendance à l'oublier. Il y a quelques années, la grippe saisonnière a tué 600 000 personnes. Certains pouvoirs continueront cependant à imposer des restrictions sur les libertés en cachant ces réalités. Ces mesures seront toujours présentées comme un rempart contre le Covid-19 mais, en réalité, elles visent à empêcher les retours des mouvements revendicatifs, notamment sur le plan social. Les systèmes dominants veulent continuer de profiter de cette chape de plomb pour imposer de nouvelles lois favorisant la mainmise du capital et réduisant les quelques rares espaces d'aides sociales encore disponibles. M. F.