Eto'o, il a arrêté sa carrière de footballeur, mais il continue de ... ... dribbler ! Je ne connais pas Ali Ghediri. Je n'ai jamais rencontré Ali Ghediri. Pas une seule fois je n'ai parlé à Ali Ghediri. Ali Ghediri et moi n'avons à aucun moment échangé de SMS ou de mails. Mais de ce qu'on m'en dit et me raconte, Ali Ghediri n'est pas de la Içaba. Ali Ghediri n'est pas un malfrat. Ali Ghediri n'est pas un oligarque mafieux. Ali Ghediri n'a jamais obtenu de manière indue un terrain industriel ou agricole pour en faire usage « douteux ». Ali Ghediri ne s'est pas lancé dans les affaires après sa carrière militaire. Ali Ghediri est sorti de sa caserne avec un livret et des états de service sans tache. Alors, à moins qu'on vienne me dire et me convaincre que Ali Ghediri a fomenté un gigantesque complot pour abattre la République, en complicité avec des chancelleries étrangères ou une mission de Martiens ayant atterri sur notre sol un jour de « Salat El Istiska », donc à un moment où nous étions tous très occupés à implorer la pluie et ses bienfaits, je pose la question : que fait en prison Ali Ghediri, candidat à une élection présidentielle ? Par quel cheminement la peine de pénitencier de quatre années, infligée à Ali Ghediri a été confirmée en appel ? À lui tout seul, mais pas que, puisque qu'il n'est pas l'unique détenu d'opinion en Dézédie, Ali Ghediri met justement à mal cette thèse fragile comme un os décalcifié qui veut faire croire qu'il n'y a pas de détenus d'opinion chez nous. J'aurais pensé, peut-être naïvement - mais je préfère ma naïveté à certaines autres intelligences - que le passif teigneux, vindicatif revanchard et d'omnipotence de la force brutale de responsables ayant eu à gérer directement les manifestations nées le 22 février, ce passif aurait été liquidé, assaini et apaisé après le 12 décembre. Dit autrement, comment prétendre rassembler lorsque l'on isole en cellule l'opinion différente, en lui délivrant une résidence longue ? Dit encore plus autrement, comment tenir la place, l'avant-poste vers des lendemains de reconstruction éclairée lorsqu'on s'encombre aujourd'hui encore, en 2022, de boulets pareils ? De dossiers calamiteux qu'il est tellement aisé ensuite pour des parties qui ne nous veulent pas que du bien de nous mettre sous le nez ? Je pose ces questions tout en regardant tous les jours, en les comptant presque, en cochant leurs noms sur mon petit calepin des incongruités les noms et pedigrees des fripouilles qui polluent, dehors, en liberté, en liberté de nuisance, nos vies et notre adhésion franche et enthousiaste au projet de Deuxième République. Et tout en cochant consciencieusement ces noms de pire engeance, je fume du thé et je reste éveillé à notre cauchemar qui continue. H. L.