L'exaspération des chauffeurs de taxi s'accentue à cause de leurs préoccupations qui demeurent insatisfaites. Ils pointent du doigt plusieurs facteurs, qui, selon eux, menacent sérieusement la corporation. Ils décident de tenter une nouvelle action sur le terrain, dans l'espoir d'interpeller les pouvoirs publics. Le Syndicat national des taxieurs et transporteurs SNTT (UGTA) organise aujourd'hui à 10h un rassemblement de protestation devant le siège du ministère des Transports. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Les représentants de cette organisation ne comprennent pas le silence des autorités à l'égard des revendications des chauffeurs de taxi. Après avoir adressé une lettre au ministre des Transports pour appeler à l'application de la loi visant à réorganiser cette activité, ils tiennent aujourd'hui un sit-in au niveau du département de tutelle à Alger. Les contestataires mettent en cause plusieurs facteurs. Ils se disent victimes de préjudices moral et matériel, depuis l'apparition de la pandémie de Covid-19. «Au moment où on n'avait pas l'autorisation de circuler, les fraudeurs et les chauffeurs VTC ont gagné du terrain», s'est plaint l'un des membres du SNTT, joint par téléphone. Celui-ci considère qu'il y a «concurrence déloyale», dans la mesure où leur activité connaît une certaine stagnation depuis l'année 2017 : «Quand les prestataires de services de transport urbain via des applications voiture de transport avec chauffeur (VTC) sont entrés en service». Il rappelle que le statut juridique des chauffeurs VTC reste toujours ambigu et qu'officiellement, seuls les chauffeurs de taxi classiques ayant une licence sont légitimes dans le domaine. Il demande par conséquent «la suppression de toutes les applications VTC agréées». Outre ce point essentiel de la plateforme de revendications des taxieurs, le syndicaliste rappelle qu'à côté, «nous avons plus de 100 000 chauffeurs qui activent clandestinement (fraudeurs)», une double peine pour les chauffeurs de taxi. «Si les fraudeurs ont creusé notre tombe, les VTC sont en train de nous enterrer», a-t-il ajouté. Les représentants des taxieurs exigent aujourd'hui l'intervention rapide de la tutelle pour mettre fin à l'anarchie qui règne dans le secteur à travers la régulation de l'activité de taxieur. Au-delà de ce qui a été cité plus haut, les protestataires déplorent également la marginalisation dont ils font l'objet. «Nous exerçons dans des conditions pénibles et personne n'en tient compte», souligne un taxieur en colère. Ils disent également souffrir d'une bureaucratie et d'autres problèmes d'ordre administratif qui transforment «de simples procédures en démarches fastidieuses». Il a cité, dans ce sens, l'obtention de la licence d'exploitation qui leur permet d'exercer légalement leur activité, notamment dans les grandes villes. «Obtenir cette licence est un parcours du combattant», a-t-il regretté, en ajoutant que d'autres contraintes comme les impôts et le dossier de la retraite handicapent fortement de nombreux taxieurs. Par ailleurs, nombreux sont les taxieurs qui se reconnaissent dans ces revendications, mais qui avouent ne plus avoir le courage de se battre. Ils accusent les autorités «d'ignorer en toute connaissance de cause les doléances de cette corporation qui continue de souffrir en silence». M. Z.