La filière lait qui traverse depuis quelques mois une période difficile sera consolidée par une nouvelle usine de production de lait d'une capacité journalière de pas moins d'un million de litres. La décision a été prise récemment par le président de la République qui a ordonné sa réalisation à Alger. Les modalités de sa mise en place restent toujours méconnues par le ministère de l'Agriculture. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Une nouvelle unité publique de transformation du lait sera prochainement construite à Alger. C'est le président de la République lui-même qui a ordonné, lors du Conseil des ministres tenu dimanche dernier, de lancer immédiatement la réalisation d'une usine de production de lait d'une capacité de pas moins d'un million de litres par jour. Au ministère de l'Agriculture, aucune information ne transparaît concernant ce projet. «Nous ignorons encore le mode opératoire. Qui va réaliser ce projet ? Est-ce qu'il sera confié à un maître d'ouvrage public ou est-ce un privé qui le prendra en charge ? Où sera-t-il implanté ?... Nous n'avons aucune information pour l'instant», précise-t-on au ministère. Qualifiant cette usine de transformation du lait à une aussi importante capacité de «gros investissement», on affirme que sa réalisation ne se fera pas du jour au lendemain. «Il faudrait d'abord identifier l'assiette foncière, importer les équipements nécessaires, procéder à leur installation ...», explique-t-on, avant de s'interroger sur la vocation de cette nouvelle unité. «Va-t-elle valoriser le lait cru afin de renforcer la production nationale ?», se demande-t-on. La décision de mettre en place une nouvelle usine de transformation du lait intervient certainement pour renforcer la production nationale afin de faire face aux récurrentes pénuries de lait en sachet subventionné par l'Etat. Celles-ci persistent depuis plusieurs mois. La crise du lait s'est d'ailleurs accentuée ces dernières semaines suite à la suspension de l'importation de la poudre de lait en novembre dernier. Une restriction qui a chamboulé toute la filière lait et engendré la rareté de ce produit de large consommation et la hausse de ses prix. Malgré la levée de cette interdiction, le lait continue à connaître des tensions sur le marché national. Un marché que se partagent actuellement 104 laiteries conventionnées dont quinze sont publiques. Alors que le ministère de l'Agriculture parle d'un marché réparti à parts égales entre le public et le privé, les transformateurs laitiers privés, eux, assurent que les unités publiques de transformation du lait ne fournissent que 25 à 30% des besoins du marché national. Dénonçant une marge bénéficiaire «très faible» sur le lait en sachet soutenu par l'Etat, les transformateurs laitiers privés alertent sur le risque de faillite qui menace sérieusement leur activité. Selon eux, les prix de tous les intrants ont considérablement augmenté ainsi que ceux des charges. Des hausses qui, notent-ils, ont considérablement affecté leur marge bénéficiaire et conduit à la fermeture de certaines laiteries. Une situation qui renforce davantage la crise du lait dans notre pays. Ry. N.