Les transformateurs laitiers privés tirent la sonnette d'alarme. Faute d'une révision de leur marge bénéficiaire qui ne fait que s'affaiblir, le risque de la faillite aura certainement raison de leur industrie. Une situation qui induira d'ailleurs, une pénurie du sachet de lait sur le marché national dans les semaines à venir. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La filière lait traverse des moments difficiles. La faillite guette les différents transformateurs laitiers privés à travers le territoire national. Pas moins de sept laiteries ont déjà franchi le pas et mis la clé sous le paillasson, alors que d'autres ne vont pas tarder à baisser rideau. La «très faible» marge bénéficiaire sur le lait subventionné par l'Etat a eu raison de leur activité. Toutes ces fermetures ne sont qu'une perte sèche pour l'économie nationale, se traduisant par la perte de milliers de postes de travail. Elles accentueront également la rareté du lait en sachet sur le marché national. D'autant que les quinze unités publiques de transformation de lait ne fournissent que 25% à 30% des besoins du marché national. «Le reste est couvert par les laiteries privées», précise-t-on. Selon les transformateurs laitiers privés, les prix de tous les intrants ont considérablement augmenté, et ceux des charges également. Des hausses qui ont affecté leur marge bénéficiaire. «Nous ne pouvons pas continuer à travailler à perte. Le prix du sachet de lait est resté figé à 23,20 dinars depuis 2007, alors que nous perdons actuellement 4 dinars par sachet de lait», font-ils remarquer. Ils évoquent également les crédits bancaires pour l'élevage qui sont «bloqués» auprès de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), et ce, depuis quelques mois, au moment où «toutes les laiteries sont noyées dans l'endettement». Les transformateurs laitiers privés dénoncent, en outre, l'étrange attitude des départements de l'agriculture et du commerce qui ne font aucun cas de leurs revendications et ne se soucient guère de trouver des solutions à tous les problèmes que rencontre cette filière. Leurs nombreuses démarches afin de sensibiliser ces départements sur leur situation sont restées sans réponse. «Nous avons rencontré il y a quelques mois, le ministre de l'Agriculture et celui du Commerce auxquels nous avons présenté un état des lieux détaillé, élaboré par des experts en économie, attestant que les transformateurs laitiers privés perdent 4 dinars par sachet de lait. Ils nous ont promis de s'atteler à régler ce problème mais, au final, rien n'a été entrepris. Les deux ministres ont été reconduits dans le nouveau gouvernement mais leurs promesses sont restées sans suite», déplorent-ils. Livrés à eux-mêmes, les transformateurs laitiers privés interpellent ainsi le président de la République pour intervenir et sauver la filière lait et des milliers de postes de travail, et sauvegarder le pouvoir d'achat des ménages les plus fragiles. Ry. N.