Les Algériens subiront certainement la pénurie du lait en sachet pendant le mois de Ramadhan. La faillite, qui menaçait depuis de longs mois les transformateurs laitiers privés, se précise. Certaines laiteries ont été contraintes de franchir le pas, en mettant la clé sous le paillasson. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les transformateurs laitiers privés à travers tout le territoire national continuent à dénoncer une marge bénéficiaire minime du lait en sachet subventionné par l'Etat. Selon eux, celle-ci a été affaiblie par l'augmentation de tous les intrants et des différentes charges. «Nous ne pouvons pas continuer à travailler avec 4,76 dinars de perte par litre», soulignent-ils. Contraints de respecter le prix de sortie d'usine de 23,20 dinars, ils assurent que leur activité frôle la faillite. D'ailleurs, poursuivent-ils, trois laiteries privées ont déjà baissé rideau, alors que la fermeture d'autres unités à travers le territoire national reste imminente. «Trois unités ont déjà déposé leurs dossiers pour la fermeture. Il s'agit d'une laiterie à Alger d'une production de plus de 60 000 litres par jour, et deux autres au sud du pays», précise-t-on. Outre la fermeture de ces trois unités de transformation du lait, une quatrième laiterie à Sidi-Bel-Abbès, à l'ouest du pays, s'apprête à franchir le pas. «Son propriétaire a formulé sa demande auprès de l'Office interprofessionnel du lait (Onil), pour arrêter de lui attribuer son quota de poudre de lait, en prévision de fermer l'unité dont la production est de près de 120 000 litres par jour», détaille-t-on. Une situation qui affectera certainement la disponibilité du lait en sachet sur le marché national, notamment durant le mois de Ramadhan. D'autant, notent les transformateurs laitiers, que les unités publiques sont loin de pouvoir couvrir tous les besoins du marché national. «Les quinze unités de l'Etat n'ont pas les capacités suffisantes pour assurer la production du lait pour tout le territoire national. Elles ne fournissent que 25 à 30% des besoins du marché, et le reste est couvert par les 125 laiteries privées», précise-t-on. Pour eux, seule la baisse du prix actuel de la poudre de lait fournie par l'Onil permettrait aux professionnels de la filière d'éviter la faillite et de reprendre leur activité. Mais malgré leurs maintes démarches afin de sensibiliser les départements concernés sur leur situation, notamment ceux de l'agriculture et du commerce, et la rencontre technique prévue au cours de cette semaine entre le ministre de l'Agriculture, la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) et les différents acteurs de la production de lait et dérivés, ils restent sceptiques. Qualifiant la situation d'«urgente», surtout à l'approche du mois de Ramadhan, ils interpellent ainsi le président de la République pour intervenir et sauver la filière. Ry. N.