Tous au rendez-vous estival de Côte d'Ivoire-2023 pour la 24e édition de la CAN de football. Enfin, tous si tout d'ici là, tout ira pour le mieux pour les grands d'Afrique, ceux qui ont pris l'habitude de figurer parmi les invités permanents de la fête panafricaine. Dans seize mois, peu d'évènements surviendront sur la scène continentale, sinon ces joutes interclubs ou encore le Chan-2023 en Algérie programmé au début de l'année. Mais également, cette phase finale de la Coupe du monde prévue l'automne prochain au Qatar et à laquelle seules cinq sélections africaines sont conviées. Fin mars prochain, on sera mieux renseignés sur les lauréats du continent africain qui vont animer l'évènement du Qatar aux côtés des 27 autres nations. Mais avant tout ça, il faut tirer les leçons de cette épreuve continentale qui vient de se terminer au Cameroun par le sacre, le premier de l'histoire du football de ce pays, du Sénégal. Globalement méritée, la consécration des Lions de la Teranga a été facilitée, reconnaissons-le, par de nombreux facteurs qui ont jalonné ce tournoi panafricain. Depuis le 9 janvier, et durant les cinq phases (1er tour, huitièmes de finale, quarts de finale, demi-finale et finale), ce championnat auquel 24 équipes ont pris part a entretenu son suspens jusqu'au bout. Enfin, jusqu'à ce que les Lions Indomptables rendent les armes face aux Pharaons. Car, avant l'élimination de l'équipe du pays organisateur, tout le monde s'accordait à dire que cette 33e édition était dédiée à Vincent Aboubakar et Cie. Surtout après l'élimination précoce du champion en titre, l'Algérie, «enrayée» par le petit poucet de la Guinée Equatoriale, du Ghana, quadruple champion d'Afrique «exclu» du tournoi par les Comores, ensuite la sortie de route de l'équipe qui a plus été redoutable durant la première étape de cette phase finale, le Nigeria en l'occurrence, par une malicieuse sélection des Aigles de Carthage. Et, enfin, cette succession d'exploits de la pitoyable formation égyptienne, respectivement, contre la Côte d'Ivoire, le Maroc et le Cameroun. Que de favoris en puissance, en définitive. C'est cette image qui a dominé cette Coupe d'Afrique des Nations marquée par une organisation qui a desservi la cause du football africain. Comment ? Le Cameroun et Eto'o s'entêtent ! À cette question, les réponses fusent de partout. Comme ces critiques liées à une logistique ultramoderne qui fonctionne de manière primitive. Un stade flambant neuf dont la pelouse est dans un état lamentable ! Nous avons nommé le Japoma Stadium de Douala, joyau architectural construit par les Turcs réceptionné en novembre 2020. Si bien que les organisateurs arboraient une mine désolée quand les vedettes africaines du football européen perdaient pied dans ce champ de patates qui grevait une épreuve déjà rendue difficile par le climat subtropical où la chaleur et l'humidité font partie du décor. Un autre problème infrastructurel s'imposait aux invités du Cameroun, celui de la qualité des hôtels réquisitionnés pour cette CAN. À quelques exceptions près, le parc hôtelier du Cameroun s'est avéré hors normes pour une compétition où les standards sont pourtant limites. Des sélections comme la Gambie, les Comores ou la Guinée équatoriale trouvaient à chaque fois à redire sur la qualité de leur hébergement. Une logistique dérisoire qui mettait en péril aussi bien la sécurité physique que médicale des participants et leurs fans. L'agression des journalistes algériens n'étaient que l'élément apparent d'une situation d'insécurité aggravée par les menaces de Boko-Haram dans l'extrême Nord et des séparatistes dans les régions anglophones au Nord-Ouest. Le déploiement des forces de l'armée camerounaise aux alentours des lieux de la compétition donnait l'allure d'une CAN jouée en pleine guerre. Quid des risques liés à la pandémie de la Covid-19. La gestion de cet aspect a été si louche que des soupçons de triche ont été émis par beaucoup d'équipes qui estimaient qu'il y avait manipulation dans les résultats des tests effectués par la commission médicale de la CAF. Le cas du gardien comorien Ali Ahamada pas autorisé à disputer le huitième de finale contre le Cameroun aura été ce point culminant d'une polémique qui s'interrogeait sur le fait que le camp camerounais multipliait les «PCR sheet» contrairement aux 23 autres pays participants et les adversaires des Lions Indomptables en particulier. Ceci dans les couloirs de la CAN. En plein air, le scandale était plus débordant. Des supporters non-camerounais ont été refoulés devant les portes d'accès des stades alors qu'ils présentaient les documents nécessaires pour assister aux rencontres tandis que ceux du pays hôte sont dispensés. La tragique bousculade mortelle du stade Olembé a apporté la preuve que les organisateurs ont triché sans que la CAF bronche. Et puis, pour boucler la boucle, cette cérémonie finale de remise du trophée au capitaine du Sénégal Kalidou Koulibaly par-devant le Président du Cameroun, Paul Biya. Imposée par le patron de la Fifa, grand-maître penseur de cette «fausse note protocolaire», la remise d'un trophée est du seul ressort du président de la confédération, cette cérémonie a confirmé la main-basse de Gianni Infantino sur les affaires du football en Afrique. Un Infantino qui ne voulait pas, sous la pression des clubs européens, que cette CAN se déroule à ce moment de l'année et qui, finalement, a mis un point de déshonneur à un tournoi panafricain qui a pris l'allure d'un véritable fiasco programmé. M. B.