Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Hormis quelques vagues aveux, concernant des erreurs d�aiguillage dans la gestion publique, le discours du Premier ministre, ce jeudi, n�avait pas pour but essentiel d��clairer le Parlement encore moins d�ouvrir un d�bat avec celui-ci. Ouyahia, qui n�est d�ailleurs pas le parangon de la transparence, ne se souciait certainement pas des �chos ult�rieurs qui allaient susciter son suppos� exercice de communication. L�APN, � laquelle il s�adressait, pose, il est vrai, moins de probl�mes en termes de cr�dibilit� au gouvernement que ne le fait l�opinion. Or, cette �ni�me explication de texte ne peut que contribuer � conforter le scepticisme ambiant qui r�gne dans le pays. Comme � son habitude, ce Premier ministre a toujours �t� indispos� quand il s�est agi de l�autocritique pr�f�rant � celle-ci la glorification qui, depuis longtemps, irrite le sens commun. � rebrousse-poil de ce que ressent la soci�t�, il persiste � parler de bien-�tre face � la d�tresse et de confiance quand la d�fiance, le doute et le courroux s�expriment un peu partout. L�ent�tement qu�il met (au nom du chef de l�Etat �videmment) � toujours vouloir occulter l�insoutenable d�gradation de la situation globale peut �tre interpr�t� comme un indicateur de la fuite en avant du r�gime face � la crise qui va en se compliquant � travers l�immoralit� de certains commis v�reux. Les constats sont, de nos jours, tellement accablants pour le r�gime qu�ils ont cess� d��tre du ressort exclusif des sp�cialistes et autres opposants politiques. Ils sont d�sormais �tablis avec la m�me pertinence que les analystes patent�s mais cette fois dans tous les caf�s du pays. Parce qu�ils sont quotidiennement aliment�s par un nouveau scandale r�v�l� par la presse et, dans le m�me temps, impun�ment ignor�s par la puissance publique, les Alg�riens ne croient plus un mot de ce que la parole officielle affirme occasionnellement. Dire par cons�quent que le r�gime a d�finitivement perdu la bataille de l�opinion se v�rifie bien mieux dans les sarcasmes des caf�s que dans les colonnes des journaux. Le d�magogue que n�a jamais cess� d��tre Ouyahia aurait-il d� s�en souvenir et en tenir compte avant de r�diger le fameux discours de jeudi ? Certainement ! Or, l�ultime ruse qui pouvait l�aider � recourir � de faux aveux pour la circonstance lui a fait d�faut, g�chant ainsi une opportunit� de rabibocher l�image de l�Etat quitte � faire semblant d��tre vertueusement responsable de ce qui ne va pas. Car, comme l�exige la grandeur de la servitude de l�Etat, un fusible sert � cela ! Compar�e au vent du boulet qui siffle aux oreilles de Belkhadem, la situation d�Ouyahia para�t presque enviable ! En effet, le gangst�risme est de retour dans les officines du FLN, o� de kasma en mouhafadha, l�on se bat comme des chiffonniers. Voil� un ex-parti unique qui, apr�s avoir �t� le gardien des tables de la discipline militante, vire sa cuti et lib�re ses ouailles qui, � leur tour, se vautrent dans la pr�dation politicienne. Cette gu�guerre des baronnies, qui met � mal l�autorit� du secr�taire g�n�ral, n�est en v�rit� qu�un dommage collat�ral de ce que celui-ci a invent� et mis en pratique en juillet 2003. Oublie-t-on qu�on lui doit, avec la complicit� d�El- Mouradia, le recours � la violence des nervis pour r�gler le probl�me d�un congr�s qui n�avait pas leur assentiment ? Cath�drale du syst�me, elle n�est d�sormais qu�une p�taudi�re o� s�affrontent les app�tits des uns et des autres et se r�glent les comptes comme on le ferait dans les terrains vagues. Avant-hier, elle �tait le si�ge de la seule messe id�ologique quand ces derniers jours, on l�a red�couverte sous les traits d�un repaire de la malfaisance qui, d�ailleurs, a fait ses armes sous la f�rule de ce m�me Belkhadem. C�est dire que les recours aux exp�ditions punitives ne sont pas une innovation dans ce parti. Depuis l�in�l�gant limogeage de Mehri, sur injonction du pouvoir de Zeroual, jusqu�� l�exclusion de Benflis par la bastonnade de voyous, le sc�nario est le m�me sauf que, dans certaines s�quences, nous avons litt�ralement affaire aux codes maffieux. Ce serait justement le cas de Belkhadem qui n�aurait pas tenu ses engagements et ses promesses vis-�-vis de ceux qu�il a instrument�s contre Benflis et qui l�ont port� sur les fonts baptismaux de la �loge�. Une histoire de r�compenses non tenues qui lui vaut la posture ridicule de l�arroseur arros�, tant il est vrai que cette jacquerie des caciques n�est pas orchestr�e cette fois par le sommet de l�Etat. - �En voyant comment le parti fonctionne, en analysant sa composante humaine et en connaissant les objectifs premiers de ses militants, il ne me semble pas que le FLN ait un r�le fondamental � jouer dans la prochaine �lection pr�sidentielle �, expliquait � El Watan le politologue Rachid Grim ( El Watan du 19 octobre). Accr�ditant plut�t la th�se qui veut que le FLN ne sache jamais sortir de l�orbite du pouvoir et qu�il soutiendra �le candidat adoub�, ce m�me sp�cialiste nous rappelle que cet appareil ne peut postuler � la visibilit� qu�� l�ombre du pouvoir d�Etat. Par une aptitude, acquise au fil des d�cennies, � se mettre au service des puissants du moment, il est paradoxalement parvenu � l�incapacit� d�acc�der � une quelconque autonomie de pens�e. Le FLN demeure par tradition une chapelle politique qui n�envisage l�avenir qu�� travers le �d�visagement � des pouvoirs. En somme, il scrute seulement les olympes du r�gime et jamais les horizons d�un pays. Ceci expliquant cela, on comprend pourquoi les barons ruent dans ce landernau politique. Car � court terme (2012), le pouvoir mettra aux ench�res quelques mandats �lectifs en guise de r�compense. Or, il incombait � Belkhadem de renvoyer l�ascenseur � ceux qui lui ont fait la courte �chelle en 2003. Ce qu�il a oubli� de faire, semble-t-il ! Coupable donc de ne pas respecter un �contrat�, certains barons lui pr�disent la �peine capitale� pour sa carri�re. En somme, la sentence maffieuse adapt�e � la politique !