Par Malika Boussouf Comment expliquer l��puisement que l�on �prouve au sortir d�un ouvrage aussi fastidieux � parcourir ? Comment cautionner un �crit qui justifie la x�nophobie quand il ne l�encourage pas ? Faut-il rappeler, par exemple, que les crimes d�honneur ob�issent � des codes qui, � l�origine, n�avaient pas de r�f�rences religieuses ? Les crimes d�honneur s�inspirent de dogmes sociaux qui font les ind�crottables pr�jug�s � l�encontre du genre f�minin. Ils r�pondent � des normes pr��tablies par les hommes pour l�gitimer leur domination et pr�server un pouvoir institu� au profit du syst�me patriarcal. Un syst�me construit de fa�on machiav�lique pour asseoir l�emprise du sexe masculin sur celui que l�on s��vertue � vouloir d�crire comme �le sexe faible�. Affirmer que les musulmans entre autres ont mis � profit ces redoutables r�gles de conduite pour conforter leur volont� d�asservir les femmes serait plus juste. Le contraire n�est pas concevable si l�on consid�re que les codes en question sont aussi vieux que le monde et donc ant�rieurs � toute recommandation d�essence religieuse. Les relier � une quelconque croyance reviendrait � les r�duire � leur plus simple expression. Ils sont autrement plus pervers. Parall�lement aux femmes qui meurent parce qu�elles ne se conforment pas aux-dits pr�ceptes de l�Islam, combien d�autres sont quotidiennement violent�es dans un silence assourdissant ? Tout cela pour dire que les femmes musulmanes ne sont pas les seules victimes de la fureur masculine, de ce presque instinct meurtrier qui s��veille et s��panouit sous le regard approbateur de la m�re, de la s�ur ou de la tante. Volontaire ou non, la confusion que fait Djamila Benhabib entre Islam et violence � l�encontre du sexe f�minin reviendrait � vouloir laisser croire que tous les musulmans sont de potentiels violeurs de femmes et �gorgeurs de jeunes filles. Des islamistes int�gristes, des barbares qui torturent et assassinent au nom d�Allah ! C�est un raccourci tellement ais� qu�il en devient inadmissible. Bien s�r qu�il y a la charia dont le code de la famille s�est inspir� pour avaliser les abus commis � l�encontre des musulmanes, mais il y a aussi cette esp�ce de schizophr�nie masculine qui ne puise son origine d�aucune recommandation religieuse. Faudrait-il rappeler, par ailleurs, que la violence que l�auteure de Ma vie � contre-Coran d�nonce � juste titre ne s�exerce pas seulement � l��gard de �femmes occidentalis�es �. Le d�sastre amoindri parce que mis sur le dos de prescriptions coraniques transcende, h�las, le simple fait d��tre musulman sinon qu�aurions-nous � dire pour t�moigner du sort de ces millions de femmes victimes d�horreurs � travers le monde alors qu�elles n�appartiennent, ni leur conjoint d�ailleurs, � aucune confr�rie religieuse ? En Alg�rie, la barbarie int�griste n�a, et l�on s�en souvient douloureusement, �pargn� ni les femmes ni les jeunes filles qui portaient le hidjab comme elle n�a d�ailleurs d�roul� aucun tapis vert � ces paisibles p�res de famille dont le sabre a furieusement tranch� la t�te au sortir de la mosqu�e. Si le livre de Djemila Benhabib a le m�rite d�exister parce que tr�s document� m�me si l�auteure se laisse trop r�guli�rement aller � des digressions dont elle aurait ais�ment pu se passer, ce qu�il faut regretter, c�est qu�il ne s�adresse qu�� des lectrices et lecteurs d�j� au fait de ce qui y est relat�. Parler de l�Alg�rie aurait suffi � illustrer tout ce que l�ouvrage s�est �puis� � aller chercher ailleurs. Quand on n�a pas de probl�me existentiel pourquoi s�en inventer ? C�est tellement inutile ! � moins que ces derniers ne s�av�rent indispensables � la justification du d�part ou � l�adoption de soi par les autres ? Fuir le carcan alg�rien pour ne se revendiquer que comme citoyenne du monde, oui ! C�est m�me tr�s bien ! Pourquoi culpabiliser, alors, au point de dire : �Je regardais ailleurs pour ne pas trop m�apitoyer sur mon sort� ? S�il est vrai que Ma vie � contre- Coran n�est pas destin� � un lectorat alg�rien, il faut certainement le lire non seulement pour �prouver cet intense plaisir d�en avoir fini avec mais aussi et surtout pour comprendre pourquoi il a �t� �crit par cette citoyenne qu�b�coise d�origine alg�rienne qui pleurniche sur son itin�raire d�enfant g�t�e et sa condition de femme privil�gi�e. Il s�agit d�une femme �mod�le� qui s�est forg�e une personnalit� juste comme on les aime en Occident. Ces femmes qui viennent de pays musulmans et qui, parce qu�en qu�te de reconnaissance, crachent plus loin que tous dans la soupe qui les a nourries. Des femmes qui pour mieux �tre regard�es dans leur pays d�adoption empruntent dans un exc�s de z�le enrag� le langage d�sopilant d��ternels pourfendeurs de l�Islam. J�ai vainement attendu que Djamila Benhabib aborde le combat f�ministe en Alg�rie. Rien ! Elle a fui les islamistes ici pour les retrouver au Canada. Les d�noncer l�-bas en �coutant Rock Voisine et en s�adonnant au plaisir retrouv� de monter � cheval, c�est tellement plus confortable ! Que vive donc la libert� d�expression propre � l�Occident, mais que vive aussi celle qui fait l�objet de batailles quotidiennes en Alg�rie. C�est ce combat que beaucoup d�entre nous pr�f�rent mener. Il est plus excitant ! Et tant pis pour celles et ceux qui s�offusqueraient que l�on puisse d�fendre l�Islam et Allah sans �tre un fou de Dieu ni un adepte du foulard. Comme il est agr�able de ne pas appartenir au clan !