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Un tabou qui se brise au fil des ans
Crimes d'honneur dans le monde arabo-musulman
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 01 - 2010

Le crime dit d'honneur commis contre la gent féminine n'est plus un sujet tabou dans le monde arabo-musulman, et de plus en plus de personnalités et d'associations le dénoncent aujourd'hui et plaident pour des sanctions exemplaires contre ses auteurs.
Même dans les pays arabes et musulmans où les droits des femmes sont inexistants, comme en Arabie Saoudite et au Pakistan, des voix commencent à s'élever pour désigner du doigt l'impunité dont jouissent «les laveurs d'honneur». D'abord, une définition du crime d'honneur.
C'est pour Amnesty International, «une pratique ancienne consacrée par la culture plutôt que par la religion, enracinée dans un code complexe qui permet à un homme de tuer ou d'abuser d'une femme de sa famille ou de sa partenaire pour cause de comportement immoral réel ou supposé.
Parfois, cela peut partir d'un fait tout à fait anodin, comme bavarder avec un voisin de l'autre sexe, recevoir des appels téléphoniques d'hommes, n'avoir pas servi un repas en temps voulu». Les crimes d'honneur sont courants dans certains pays arabes et musulmans.
5000 cas de par le monde
Ils ne sont pas cependant exclusifs à ces pays puisqu'ils existent aussi dans des pays d'Europe, des Amériques et d'Asie et d'Afrique, où la religion musulmane n'est pas dominante et où les lois protègent la femme au même titre que l'homme.
Les Nations unies, qui ont rendu public un volumineux rapport sur ce phénomène, recensent quelque 5000 femmes victimes de crime d'honneur chaque année de par le monde, un chiffre fourni par Amnesty International et d'autres ONG internationales de défense des droits de l'homme.
Dans ce rapport, l'ONU dénonce «les violences faites aux femmes dans certains pays arabes et appelle les Etats concernés à réagir», par la mise en place d'un cadre juridique sévère à l'encontre les personnes qui infligent ces violences aux femmes. Les 5000 victimes annuellement sont recensées dans 51 pays (19 pays arabes, 10 musulmans).
Le reste, soit 22 pays, répartis en Europe, aux Amériques, en Asie et en Afrique) sont autres que musulmans, mais les cas sont majoritairement relevés dans les communautés musulmanes.
Les rédacteurs du rapport se trompent donc, s'ils limitent ce type de crimes qualifié d'«insécurité humaine» à certains pays arabes.
Amnesty International relève que «le code de l'honneur est implacable», expliquant que «les femmes qui sont soupçonnées n'ont aucune possibilité de se défendre et, pour les membres de leur famille, la seule solution socialement acceptable consiste à rétablir leur honneur en les attaquant».
Le cas Doa Khalil Aswad, une page noire
Cette ONG n'a pas cependant l'exclusivité dans ce domaine. Ainsi, en Arabie Saoudite, pays où la charia est rigoureusement appliquée, la Société de défense des droits de la femme s'empare de la question contribuant à briser un tabou qui existait avant l'islam.
Cette association réagissait à un crime d'honneur commis contre deux sœurs par leur frère. Cette ONG, qui a condamné ce double assassinat, racontait que «les deux sœurs, âgées de 19 et 21 ans, ont été arrêtées par la police avant d'être remises à leur frère».
Le frère qui les accusait d'avoir eu «des relations avec un inconnu», les «aurait alors tuées en présence de leur père». Pour l'ONG, cela «est très choquant, car cela arrive en pleine rue et les journaux locaux en ont parlé».
La collaboration de la police dans la recherche des femmes qui auraient «déshonoré leur famille» est également courante. Ainsi, en 2007, le cas d'une jeune fille qui avait fui avec son petit ami avait fait l'actualité internationale. Elle s'appelait Doa Khalil Aswad.
Cette victime était «horriblement lapidée à mort par des centaines d'hommes, dont son oncle et ses proches parents». Elle était étudiante en art et était accusée d'être «amoureuse d'un jeune commerçant». La police locale avait participé à l'arrestation du couple.
La suite : un «meurtre scandalisa le monde entier, puisque les assassins ont filmé la scène de violence avec leurs téléphones portables puis ont publié des vidéos du meurtre sur internet. Le monde entier a ainsi pu voir à la fois l'horreur du meurtre et la collaboration des forces de sécurité», déplore une ONG, dénommée Campagne internationale contre les crimes d'honneur, créée après ce drame.
La Jordanie, cas d'espèce
Depuis l'ONG commémore la journée du 7 avril de chaque année, en signe de «souvenir de Doa et de toutes les victimes de meurtres commis au nom de l'honneur familial».
La Jordanie, que l'Occident classe parmi les pays arabes les plus modérés, n'est pas en réalité un havre de paix pour la gent féminine.
Ce royaume est rangé parmi le peloton de tête des pays où le crime d'honneur est largement pratiqué. Le dernier crime commis dans ce pays remonte au 10 juillet 2009, lorsqu'un Jordanien de 20 ans a poignardé sa sœur et lui a fracassé le crâne à l'aide d'une pierre après l'avoir surprise avec un homme, ont rapporté les médias.
Un précédent cas survenu dans ce pays avait ému les défenseurs des droits des femmes. Il s'agit d'un Jordanien ayant tué sa sœur qui avait été violée par un autre frère.
«La famille avait d'abord essayé de recouvrer son honneur en mariant la victime à un vieil homme mais ce nouveau mari en fit une prostituée et elle s'échappa. L'assassin confessa que si c'était à refaire il ne la tuerait pas mais plutôt tuerait son père, sa mère, ses oncles et tous les parents qui l'avaient poussé à tuer et conduit en prison.
Au lieu de tuer sa sœur et d'aller en prison, il dit qu'il aurait dû l'attacher avec une corde comme une chèvre et la laisser vivre sa vie comme ça jusqu'à ce qu'elle meure», racontait une ONG. Ce cas relève de la psychiatrie.
Pourtant, en Jordanie, la justice n'est pas clémente avec les meurtres prémédités qui sont passibles de la peine capitale.
Or, relèvent les juristes, le code pénal «exempte de cette peine les hommes ayant assassiné une femme ayant commis un adultère. Ces hommes sont plutôt condamnés à de faibles peines d'emprisonnement».
Les coutumes tribales ont la vie dure
Cette réalité amère mobilise les associations de défense des droits de l'homme qui militent en faveur de sanctions plus sévères à l'encontre des auteurs de crimes d'honneur. Ainsi, la reine Rania, épouse du roi Abdallah, se bat pour la modification de la législation sur le crime d'honneur.
Elle n'est pas la seule personnalité à le faire. La princesse Rym, épouse du frère du roi jordanien, a donné une interview à un grand quotidien arabe, dans laquelle elle plaide pour le durcissement des lois dans les pays arabes contre ce genre de crime.
La princesse Rym (Brahimi) est d'origine algérienne, et était journaliste à la chaîne de télévision américaine CNN. A la suite de cette mobilisation, «la commission royale pour la défense des droits humains, mise sur pied par le roi Abdallah, a déjà proposé un projet de loi visant à sanctionner plus sévèrement les auteurs de ces crimes.
Toutefois, le Parlement jordanien a rejeté ce projet de loi, estimant que cela pourrait encourager l'adultère et créer de nouveaux problèmes sociaux».
Il faut dire que les us et coutumes tribales ont la peau dure. Les ONG constatent alors que «la législation jordanienne continue d'être indulgente à l'égard des criminels qui tuent des femmes membres de leur cercle familial au nom du principe de protection de l'honneur de la famille».
Elles ont constaté aussi qu'en 2008, «15 à 20 femmes sont mortes après avoir été poignardées, battues ou étranglées par des membres de leur famille, parfois elles-mêmes des femmes». Pour une activiste, «il n'y a pas de volonté politique pour combattre ces prétendus crimes d'honneur. Ce phénomène est incontrôlable en raison de sa persistance dans la mentalité tribale de la société jordanienne».
L'Europe n'est pas exempte
Ce constat est dominant dans tous les pays où se pratique cette coutume barbare. Une spécificité cependant, ces crimes sont encore en vigueur, surtout dans les campagnes et les zones reculées et malgré des lois sévères comme dans les pays du Maghreb, ils ne sont pas éteints.
En revanche, en Turquie où le crime d'honneur est couramment usité contre le sexe faible, c'est dans la ville moderne d'Istanbul que le plus grand nombre de cas est recensé.
Une équipe de télévision qui s'est rendue dans ce pays pour enquêter sur ce phénomène a cité un rapport du gouvernement qui fait état d'un crime du genre par semaine dans cette ville. Malgré l'adoption d'une législation sévère, le phénomène persiste en Turquie, qui aspire à rejoindre l'Union européenne.
Or, l'Europe n'est pas exempte du crime d'honneur. Selon un rapport sur cette question préparé par le Britannique John Austin, approuvé par la Commission Égalité du Conseil européen, à Strasbourg, «au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique, en France et en Norvège, il y a des preuves de l'existence de crimes
d'honneur».
La Suisse n'est pas en reste. Les autorités suisses viennent de prendre à bras-le-corps ce phénomène en lançant une campagne contre le fléau, relayée par les médias. Les crimes d'honneur ont aussi lieu dans certains pays latino-américains, comme le Brésil et l'Equateur, et dans des pays comme l'Inde, notamment chez les Sikhs, au Pendjab, mais aussi dans des familles hindoues, et en Israël, selon les ONG.
Le religion innocente
Cela pour dire que la religion n'a rien à voir avec ces pratiques d'un autre âge. Interrogé si le crime d'honneur est un crime passionnel, un psychiatre explique que «les motivations du crime sont parfois similaires, mais dans bien des pays, aux yeux de la loi, un crime, pour être qualifié de passionnel, doit avoir été commis spontanément, sans préméditation. Un crime d'honneur a été planifié et fait l'objet d'un complot avec d'autres membres de la famille.
Il est rarement commis par un seul individu. Les crimes dits passionnels ont encore dans certains pays un statut spécial». Et de citer le cas du code pénal français lequel «jusqu'en 1975, jugeait excusables les maris qui avaient
tué leur femme» après l'avoir surprise en flagrant délit d'adultère, ou encore le code pénal haïtien qui «pardonne aux hommes qui ont tué leur femme dans de semblables circonstances» et en Colombie, où «un pardon automatique a été en vigueur jusqu'en 1991».
Le jour où partout dans le monde l'on parvient à inculquer dans les esprits que le crime d'honneur n'a rien d'honorable, peut-être que ce fléau aussi vieux que le monde mourra de sa propre mort pour laisser vivre en liberté un être humain appelé la femme.


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