Collecter le plus grand nombre possible de t�moignages vivants et de r�citals entonn�s par les femmes durant la guerre de Lib�ration, approfondir les sujets traitant de la situation de la femme alg�rienne, classifier et �diter les travaux de recherche se rapportant � la guerre de Lib�ration, faciliter aux chercheurs et historiens l�acc�s aux archives nationales, rehausser le niveau p�dagogique et scientifique des classes d�histoire dans les universit�s alg�riennes. Telles sont les principales recommandations du 5e Colloque international sur la R�volution alg�rienne, qui s�est tenu les 25 et 26 octobre � la salle des conf�rences de la Biblioth�que centrale de l�universit� 20-Ao�t-1955, et ayant pour th�me �le r�le de la femme durant la guerre de Lib�ration�. Le 5e Colloque international aura eu le m�rite, entre autres, d��diter les actes de bravoure de la femme durant la lutte contre le colonialisme fran�ais, un fait in�dit dans la bibliographie des publications historiques. Un d�tail qui a son importance, puisque, comme l�a relev� l�historien Mahmoud El Korso, �il faut mettre en valeur le r�le de la femme durant la guerre de Lib�ration. Il y a beaucoup � dire dans ce domaine. Skikda peut se pr�valoir d��tre la premi�re � avoir relev� cela, m�me dans la capitale, ce th�me n�a pas �t� abord�. Abondant dans le m�me sens, le chercheur Sid-Ahmed Messaoud, universit� de M�sila, a abord� �la soci�t� et la femme alg�rienne au regard du 1er et 2e programme de Tripoli et du Conseil de la r�volution�. �Il y a eu une vision tr�s machiste de l�Histoire. M�me les grands historiens, tel Mohammed Harbi, ont tous et de tout temps occult� le fait que la guerre de Lib�ration a �t� men�e conjointement par les deux sexes. On ne voulait en aucun cas qu�une combattante soit cit�e dans les op�rations guerri�res, les discussions ayant cristallis� le Congr�s de la Soummam, les d�cisions issues des r�unions du Conseil de la r�volution. Dans le cadre de mes recherches, je n�ai trouv� point de r�v�lation sur la contribution de la femme durant la guerre de Lib�ration. M�me les postes de responsabilit� n�ont jamais �t�, conservatisme oblige, confi�s aux femmes.� Ce qui n�est pas de l�avis de la moudjahida La�ribi, �il y a comme une exception dans la Wilaya IV, quelques femmes ont pu acc�der � des postes hi�rarchiques de responsabilit�. Plus d�taill�e est la communication de Le�la Fay�al, ma�tre-assistante classe 1, Facult� des sciences sociales et islamiques, universit� Hadj-Lakhdar de Batna, sur �les formes du militantisme f�minin durant la guerre de Lib�ration�. Selon l�intervenante, les archives historiques nationales ne font que rarement r�f�rence � la mention de la femme ou � un lexique s�y rapportant, et ce, depuis le d�but du mouvement national. Une premi�re fois dans la batterie de dol�ances de l�Etoile nord-africaine, du 20 juin 1936, adress�e au gouvernement du front populaire. On y trouve la demande de cr�ation de �centre de maternit� dans la ville et les grandes agglom�rations�. En revanche, aucune charte et aucun programme de l�ENA et du PPA (Parti populaire alg�rien) n�abordent la condition de la femme. La promotion de la femme s�en trouve, par contre, honor�e dans le rapport du comit� central du MTLD, en 1953, qui a insist� sur l�importance de la probl�matique de la femme, qu�il faut ��tudier consid�r�ment car la n�cessaire participation de la femme dans la lutte est devenue plus qu�imminente�. Une demande r�it�r�e lors de l�appel du 10 octobre 1953, adress�e aux forces nationales afin de constituer un congr�s national alg�rien, formul�e, cette fois-ci, de la mani�re suivante : �Promotion de la femme alg�rienne en vue de la faire participer dans la lutte nationale.� Bien avant cette date, soit en 1947, la cr�ation de l�association des femmes musulmanes alg�riennes s�inscrivait dans le souci de prendre en charge le cas des familles des emprisonn�s et de r�pandre les id�es ind�pendantistes. Messali Hadj a �galement instruit les congressistes de Hornu, Belgique, en 1954, d�impliquer la femme dans la lutte arm�e, tout en les exhortant � agir avec ce �dossier avec pr�caution et s�r�nit� du fait de sa complexit� et de son acuit�. En revanche, ni l�appel du 1er Novembre, ni la charte de Tripoli, un peu moins le congr�s d�entre ces deux l�, � savoir le Congr�s de la Soummam, n�auraient jug� impartial de voir figurer la femme aux c�t�s de l�homme. Dans le Congr�s de la Soummam, chapitre �mouvement f�minin�, relevant de la partie �moyens de lutte et de propagande , la femme a �t� class�e en termes d�importance de ses missions en sixi�me position, soit derri�re les fellahs, les employ�s, les artisans, les commer�ants et les d�tenteurs de fonctions lib�rales ! Il n�y a pas meilleure mani�re de valoriser le combat autre que masculin que d��tayer les interventions par le rapport des faits de combat. Ou des histoires de tortures. C�est l�option du recteur de l�universit� de Skikda, le Dr Ali Kouadria. Dans son allocution d�ouverture, il retrace les itin�raires h�ro�ques des deux Djamila, Bouhired et Boubacha. Si la premi�re n�est plus � pr�senter (compar�e � J�sus-Christ par Nezzar Kebbani et d�crite comme une personne qui fait peur � la mort par le po�te irakien Badr Chakker Sayeb), la deuxi�me, en revanche, est une inconnue pour le commun des mortels. Pourtant, elle a m�rit� le plaidoyer historique de l�avocate Gis�le Halimi et l��crit d�nonciateur de Simone de Beauvoir, l��g�rie de Jean-Paul Sartre. De grands noms, le peintre Pablo Picasso, le philosophe Jean-Paul Sartre, le po�te Louis Aragon et l�ethnologue et r�sistante Germaine Tillon lui ont �galement manifest� leur soutien et leur d�vouement. Et comment ! Sa torture, alors qu�elle n��tait �g�e que de 22 ans, en 1960, par des Paras survolt�s, est un exemple de sauvagerie. Et de r�sistance toute f�minine au revers de la virilit�. Elle a �t� viol�e � l�aide d�une bouteille de vin rouge ! Sa r�sistance restera comme un embl�me � brandir dans la honteuse histoire hexagonale : durant 33 jours, elle a subi toutes les formes du masochisme : torture � l�aide de fils �lectriques et de bassines d�eau, empi�t�e et frapp�e sauvagement jusqu'� avoir beaucoup de ses membres cass�s et des seins br�l�s. Le summum de la sauvagerie ! Il y a aussi les autres. Les femmes anonymes que la post�rit� n�a pas encore daign� leur rendre hommage. Et dont la m�moire ne s�est pas encore prostern�e devant leur gloire. Celles qui ont peupl� les villages et les mechtats, apportant munitions et approvisionnements aux hommes (la Kabyle Sa�dia Ben Abdallah rapporte qu�elle donnait des figues et des galettes aux moudjahidine, qui mangeaient avec les membres de sa famille dans la m�me assiette, souvent du m�me plat, le couscous. Elle racontait �galement qu�elle avait interdit � un homme de manger une orange durant le Ramadan, du fait qu�il leur donnait, � elles, les femmes, le mauvais exemple. Pour El Akri Lounis, de la r�gion de Dellys, une veuve et m�re de 7 enfants, les moudjahidine ont �t� approvisionn�s par ses soins en melon, pommes de terre, poulets, semoules, huile�) ; soignant parmi eux les bless�s, lavant leur linge, transmettant les courriers d�une r�gion � une autre, couvrant le positionnement des guerriers par leur occultation de la v�rit�, m�me lors des tortures. �Le combat de la femme a �t� d�daign� au profit de celui de la femme citadine, la poseuse de bombe�, rapporte Riad Boudela� dans son intervention, �le r�le de la femme rurale durant la guerre de Lib�ration�. Parmi les actions rapport�es par le m�me intervenant, celle de la famille Deneche, habitant dans un endroit fortement bois� entre les r�gions de Skikda et El Milia, � 4 km de cette derni�re. Un code ing�nieux a �t� con�u par cette famille pour �viter aux combattants alg�riens de tomber dans les pi�ges des convois ennemis. Il s�agissait de planter un drapeau blanc sur la maison, lorsque le site �tait s�curis�, et de l�enlever lorsque le danger du passage des militaires fran�ais devenait �vident. Cela a permis, durant une longue p�riode, � la n�crophilie nationale d��tre �pargn�e des listes de rallongement. Pour sa part, Abdelmalek Boua�rioua, de l�universit� d�Adrar, a abord� le sujet de la femme infirmi�re. Le chercheur, citant les propos de Mohammed Toumi, soulignera que le r�le de l�infirmi�re, dans le cadre de l�instauration de l�organisation sanitaire durant la guerre de Lib�ration, a pr�c�d� celui du m�decin. �Lors du d�clenchement de la lutte arm�e, on ne disposait d�aucun m�decin. Ce manque a �t� plus au moins combl�, du moins jusqu'� la gr�ve des �tudiants, le 19 mai 1956, qui a vu un nombre important d��tudiants de la Facult� de m�decine, d�une part, quelques m�decins humanitaires fran�ais, et d�autre part, par les infirmi�res et les infirmiers, ainsi que les secouristes form�s par les Scouts alg�riens�, rappelle le m�decin de la Wilaya historique II. Selon la moudjahida Meriem Belmihoub, l�int�gration de jeunes filles dans un milieu maquisard constitu� essentiellement d�hommes pouvait, de l�avis des responsables alg�riens de l��poque, donner des pens�es malveillantes � l�ogre colonialiste, qui ne cherchait qu�� souiller l�honneur de la femme alg�rienne. D�o� le m�canisme tout trouv� par la Wilaya historique II, qui �tait de cr�er le poste organique de l�infirmi�re, dont la mission �tait de dispenser les soins dans les h�pitaux militaires et hors de ces derniers pour les civils. N�en parlons pas de sa contribution multiservice � caract�re social et politique, tels la sensibilisation, l�orientation, la restauration, le m�nage� Abdelmalek Boua�rioua rel�ve, par ailleurs, que l�implication de la femme dans la guerre de Lib�ration �tait effectu�e bien avant l�av�nement du profil infirmi�re. Il s�en tient � deux �l�ments. Le premier, 49 sur les 1010 premi�res personnes ayant brandi les armes le 1er Novembre �taient de sexe f�minin, soit 0,5 % du taux global. Le deuxi�me, 2 sur les 7 membres du bureau de la ville d�Alger de l�Ugema (Union g�n�rale des �tudiants musulmans alg�riens) �taient des femmes (Hafsa Beskar et Zoulikha Bakdour), ayant assist� � la r�union du 25 mai 1956, soit le 7e jour de la gr�ve des �tudiants. Terminons par ce passage : �En raison de son r�le pionnier qu�elle joua pleinement � travers sa participation active � la R�volution du 1er Novembre 1954, dans les villes comme dans les campagnes, la femme alg�rienne aura donn� une forte impulsion au mouvement de lib�ration du pays. De fait, elle fit face � de lourdes responsabilit�s, depuis les montagnes, les villages ou les patelins (mad�shir). Sans compter les inestimables services rendus � la R�volution alg�rienne, � un moment crucial. De m�me, elle soutint puissamment les fiday�n (commandos) et les moussabilin. Ce qui lui valut un h�ro�sme hors du commun : d�termination � frapper la cible des groupes de colons ; leurs lieux de commerce ; ou leurs structures commerciales, etc. De la sorte, la femme alg�rienne fit figure de combattante (mudj�hida), de (fid�iyya) et de mussabila. Qu�elles aient �t� militantes au sein d�organisations civiles, ou qu�elles fussent mobilis�es au sein de l�Arm�e de lib�ration nationale, toutes ces femmes assum�rent consciencieusement leurs responsabilit�s envers la R�volution, afin de sauvegarder sa coh�sion sociale. De telles missions les ont expos�es � maints risques dont les poursuites polici�res, l�emprisonnement, la r�pression, voire la torture. Malheureusement, ces pratiques sauvages ne pouvaient qu�induire des effets n�fastes autant au niveau personnel que collectif. �