Les chercheurs et les historiens algériens sont confrontés à un véritable problème dans l'accès aux archives. L'emprise de l'Etat sur les documents portant sur la révolution algérienne se dresse comme un mur devant les chercheurs. C'est ce qu'ont noté avec amertume, Dahou Djerbal, Mohamed Harbi et Hassan Remaoun, jeudi dernier, à l'occasion de la première édition du Forum, les Débats d'El Watan, organisé à l'hôtel Mercure, à Alger. « Il y a un problème important d'accès aux archives », a souligné Dahou Djerbal. Citant le Centre national des archives, les problème rencontrés par Mohamed Harbi, lui-même, et ceux auxquels font face les chercheurs et les étudiants au niveau dudit centre, M. Djerbal a fait état d'une situation alarmante. « Les étudiants et les chercheurs revenaient du Centre national des archives les larmes aux yeux », a-t-il indiqué. Plus grave encore, selon lui, les historiens subissent des pressions. C'est le cas d'Ahmed Belaïd. Ayant présenté une conférence à Tlemcen sur Messali Hadj, l'historien a été poursuivi en justice par la section de Batna de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM). « La justice a instruit l'affaire. C'est scandaleux ! », a-t-il lancé. « Ces archives appartiennent à l'appareil de l'Etat et ses agents ou ce sont des archives qui nous appartiennent à nous tous ? », s'est-il interrogé. Le parcours du combattant, qui est actuellement celui de l'historien, doit être, selon l'orateur, transformé en un parcours de citoyen afin de permettre l'accès libre aux archives. Abondant dans le même cens, Mohamed Harbi a rappelé le cas du rapport d'habilitation de la DGSN que les responsables de cette dernière voulaient détruire. Ce rapport, selon M. Harbi, fait partie des archives et n'appartient plus à la DGSN. « Ce sont des archives de la nation », a-t-il affirmé. Pour sa part, Hassan Remaoun a insisté sur l'importance des archives dans la quête de liberté qui est la définition fondamentale de l'histoire. Il est à rappeler que la question des archives de la révolution nationale, en plus de la grande quantité détenue par la France, a fait couler beaucoup d'eau sous les ponts. Les documents concernant plusieurs étapes de l'histoire algérienne se sont éclipsés et c'est ce qui a compliqué davantage la mission des historiens algériens de transcrire fidèlement et objectivement les faits de la guerre de libération nationale.