Il y a des �crivains comme Thierry Jonquet qui se nourrissent de faits divers. Tous les matins, racontait ce dernier, il ouvrait le journal pour rep�rer la nouvelle qui pourrait faire un roman. C�est une fa�on de prolonger la soci�t� dans la litt�rature. Fad�la Hebbadj n�est pas de ceux-l�. Le fait divers dont elle s�est inspir� pour �crire Les Ensorcel�s, elle l�a v�cu dans sa chair. C�est l�assassinat de sa m�re et de sa s�ur par un voisin alg�rien dans le Val-de- Marne. L�auteure �tait enfant et on imagine comment ce drame a pu la structurer dans le registre de la douleur et du tragique. On peut se demander si son orientation vers l�enseignement de la philosophie ne vient pas lui-m�me de l�aiguisement de ce sens du drame qui ac�re le besoin de comprendre les m�canismes du monde. Un roman comme celui-ci est d�j� poignant en soi. Il d�gorge de douleur, et d�amour ; pour les disparus, les anc�tres, pour la vie� Il le sera sans doute davantage pour le lecteur qui sait que cette histoire est de l�autofiction. Elle a exist�.