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PR ZIRI ABB�S, DIRECTEUR DU CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE DE TIZI-OUZOU �Il faut cr�er des ponts entre le CHU et les structures p�riph�riques pour am�liorer la qualit� des prestations�
Cr�� en 1984, le CHU Nedir- Mohamed de Tizi-Ouzou, dont la construction remonte � l��poque coloniale, occupe une place � part enti�re dans le dispositif de sant� publique du pays. C�est un �tablissement hospitalier vou� aux prestations de sant� et � la formation universitaire d�envergure r�gionale. Il se trouve � la convergence de plusieurs structures hospitali�res p�riph�riques r�parties � travers les trois wilayas du Centre, � savoir Tizi-Ouzou, B�ja�a, Boumerd�s et Bouira. Un positionnement qui ne le met pas � l�abri d�une forte pression en mati�re de demande de soins des populations (estim�es � 4 millions) de toute la Kabylie, voire m�me d�autres wilayas du pays. Dans cet entretien, le Pr Abbas Ziri, son directeur g�n�ral, brosse, pour nos lecteurs, l��tat des lieux de l��tablissement et la strat�gie pour en am�liorer le fonctionnement et la qualit� des prestations. Le Soir d�Alg�rie : Vous �tes � la t�te du CHU de Tizi-Ouzou depuis peu de temps, quel constat faites-vous de la situation au niveau de l��tablissement ? Pr Ziri : Positif. Et ce n�est pas nous qui le disons. C��tait aussi l�avis des repr�sentants de l�APW qui avaient effectu� une visite au niveau du CHU. Les membres de la commission sociale et sant� de cette institution sont all�s dans le m�me sens lors de la derni�re session consacr�e, entre autres, au secteur de la sant� dans notre wilaya. Ils ont constat� des avanc�es notables de la prestation au niveau du CHU de Tizi-Ouzou. L�une des missions principales que je me suis assign�es, depuis mon arriv�e � la t�te de l��tablissement, est d�apporter des am�liorations dans tous les domaines et, essentiellement, dans le niveau d�humanisation de la prise en charge que je qualifierais d�appr�ciable. La prise en charge de l�environnement dans tous ses aspects n�a pas �t� n�glig�e : l�embellissement, l�accueil au niveau des portes d�entr�e, les salles d�attente, le tri au niveau des pavillons des urgences� Justement, l�accueil au niveau des urgences est souvent d�cri� par les usagers. Des mesures pour effacer ce point noir ? Je vous invite � faire un tour au niveau de ces services et vous constaterez les changements, de vous-m�me. Il y a eu, � mes yeux, une nette am�lioration. Le tri au niveau du pavillon des urgences de m�decine fonctionne maintenant H24. J�ai constat� qu�on re�oit r�guli�rement pr�s de trois cents malades au niveau des urgences, tous services confondus (chirurgie, m�decine et p�diatrie). C�est vous dire qu�il y a une demande de soins de plus en plus accrue au niveau des urgences du CHU. Je dirais m�me qu�on est �inond� de malades. Nous avons donc essay� de r�guler ces flux en am�liorant le syst�me de tri o� l�on peut recevoir jusqu�� 6 malades. L�autre innovation est la mise en place d�un pool de m�decins sp�cialistes en cardiologie, pneumo-phtisiologie et r�animation, pour accompagner l�accueil au niveau des urgences, permettre un avis sp�cialis� sur place et �viter les longues attentes des patients. Et j�accorde un int�r�t particulier � cet aspect en faisant des inspections r�guli�res, m�me le soir, � travers ces services pour lutter contre certaines pratiques, notamment l�absent�isme et l�abandon des gardes. Je profite de cet espace pour d�plorer le comportement de certains confr�res qui d�sertent les gardes. J�en appelle � la conscience et au sens des responsabilit�s de chacun. C�est le message que j�adresse � l�ensemble du personnel dont les praticiens qui ont globalement adh�r� � notre d�marche. Je rends hommage � tous les confr�res qui nous ont accompagn�s dans notre d�marche, par leur pr�sence et leur engagement � nos c�t�s, tout en condamnant l�absent�isme de certains m�decins. Nous croyons savoir que cette d�marche a, quand m�me, rencontr� certaines r�sistances� Effectivement, il y a eu quelques r�sistances qui sont dues � une certaine incompr�hension de la m�thode de travail laquelle a fini par �tre accept�e au fur et � mesure de sa mise en �uvre gr�ce � l�effort d�explication et de dialogue que nous avons engag� avec l�ensemble des praticiens. Tout le monde aura compris, en d�finitive, qu�on ne peut pas aller � l�encontre d�une d�marche que je qualifierai de scientifique, comme on ne doit pas perdre de vue la vocation principale du CHU qui consiste � dispenser des soins hautement sp�cialis�s. Je pense qu�il est incoh�rent qu�un malade transf�r� de Tigzirt ou de A�n El- Hammam ou d�une autre structure hospitali�re vers le CHU pour une consultation sp�cialis�e soit pris en charge par un m�decin g�n�raliste. L�organisation de la garde a �t� discut�e au niveau du conseil scientifique du CHU. La r�f�rence en la mati�re dont s�inspire notre d�marche est ce qui se fait dans les pays d�velopp�s et non l�organisation en vigueur dans certains pools des urgences de certains CHU du pays qui est loin d��tre la norme ; ce n�est pas ce qui se fait de mieux dans le domaine. D�autant plus que nous disposons de moyens appr�ciables en termes techniques et en ressources humaines qui permettent d��tre � la hauteur de ce qui se fait sur le plan international. Cette m�thode de travail qui est � ses d�buts commence � donner ses fruits. C�est ainsi par exemple que nous sommes arriv�s � r�duire la dur�e d�hospitalisation au niveau des services des urgences du CHU de Tizi-Ouzou. Les flux reste quand m�me importants� Tout � fait. Ma conception est que les urgences ne sont pas un service d�exploration ; la r�ception d�un malade doit donner lieu avant tout � la pose d�un diagnostic pour d�cider ensuite du maintien ou non du patient au niveau du CHU. J�ai constat�, � mon arriv�e, que des malades s�journaient jusqu�� 20 jours au niveau des urgences. Ce qui est inconcevable, � mes yeux. C�est pour cela que nous avons �uvr� � la r�duction de la dur�e d�hospitalisation en la ramenant � des d�lais raisonnables. L�accueil au niveau de certains plateaux techniques est jug� faible par les usagers du CHU qui sont oblig�s de s�orienter vers les op�rateurs priv�s pour des prestations on�reuses� L�un des points noirs, au niveau de l��tablissement, est la radiologie qui est submerg�e par une tr�s forte demande de soins et qu�il nous est pas loisible de prendre en charge. Ce service ne fonctionne pas convenablement en raison du d�ficit en radiologues. Mais il reste que nous disposons d�un plateau technique performant et des moyens importants : deux scanners, une table de mammographie qui n�a pas fonctionn� pendant cinq ans et qui vient d��tre mise en service. Dans tr�s peu de temps nous allons acqu�rir une IRM. Mais le citoyen porte �galement sa part de responsabilit�, car il arrive que des bilans, des scanners ne sont pas r�cup�r�s, cela engendre une perte de temps et d�argent pour notre �tablissement� Le CHU est le point de convergence pour des malades qui viennent de nombreuses structures hospitali�res qui se trouvent � la p�riph�rie, y a-t-il des difficult�s de gestion inh�rentes � cette situation ? Effectivement. Il y a un travail de coop�ration, de partenariat et de collaboration qui reste � faire avec les structures p�riph�riques qui se trouvent � Bouira, Boumerd�s, B�ja�a, Dellys, Bordj-Mena�el... Il est inconcevable de nous envoyer des malades pour des pathologies l�g�res qui ne n�cessitent pas de transfert vers le CHU. Il est insens� d�envoyer un malade qu�on peut soigner au niveau d�une structure p�riph�rique. Cette fa�on de faire complique la t�che des soignants qui peuvent, ainsi, passer � c�t� de v�ritables urgences et/ou de la prise en charge de malades lourds. On n��vacue pas pour une simple fracture ou une angine... Il y a des situations qui provoquent le m�contentement des confr�res du CHU qui se plaignent l�gitimement de faire le travail des autres. Il doit y avoir des filtres au niveau de la p�riph�rie pour �viter les tensions et les longues attentes au niveau des urgences o� il arrive souvent que la tension monte entre les parents des malades et le personnel. Notre v�ritable mission, c�est la prise en charge des pathologies lourdes. Malgr� cela, nous restons � l��coute des citoyens. Nous essayons, tant bien que mal, de r�pondre � l�attente des malades, en renfor�ant les moyens et les �quipes m�dicales. Mais il est vrai aussi que le CHU est victime de son succ�s, c'est-�-dire de la qualit� de ses prestations. A ce titre, il nous arrive de recevoir, dans certains services comme celui de la p�diatrie, des malades de tr�s loin, de Biskra et de Annaba, par exemple. D�un autre c�t� il est temps que les gestionnaires au niveau des structures p�riph�riques prennent leurs responsabilit�s ; ils doivent lutter contre l�absent�isme des praticiens qui est un ph�nom�ne r�el au niveau de certaines structures o� des confr�res d�sertent leur poste au niveau de ces �tablissement pour aller travailler dans le priv�. Pour r�sumer, il faut valoriser le travail de r�seau et la sectorisation ; il faut cr�er des ponts et des passerelles entre la p�riph�rie et le CHU pour am�liorer la prise en charge des malades et �viter les d�sagr�ments � ces derniers et � leurs parents. C�est seulement de cette fa�on qu�on peut aller de l�avant et r�gler beaucoup de probl�mes. Mon dernier mot s�adresse � l�ensemble des personnels et � toutes les corporations dont je salue, au passage, le d�vouement, la pr�sence et l�engagement malgr� toutes les difficult�s : cet h�pital est le v�tre. Avec la contribution de chacun pour am�liorer la qualit� des prestations, le CHU peut assurer sa mission de service public.