�Halte � la terreur, o� est l�Etat ? Non � la d�vitalisation �conomique de la Kabylie��, font partie du floril�ge de mots d�ordre qui en disent long sur le marasme, la lassitude et l�incompr�hension des citoyens de Kabylie face � la banalisation des kidnappings. Des slogans d�ploy�s comme un cri de col�re sur leurs banderoles par un peu plus de 4 000 citoyens de plusieurs communes de Tizi-Ouzou et m�me de Bouira, d�Alger et B�ja�a qui ont r�pondu � l�appel de la cellule de crise et de la coordination des villages du Arch Nath Djennad pour une marche citoyenne contre les kidnappings et l�ins�curit�. A travers une mobilisation qui s�est voulue transpartisane et solidaire, ce sont des messages et des signaux qui sont lanc�s : un d�fi destin� d�abord aux auteurs des kidnappings et, ensuite, une interpellation des pouvoirs publics et des institutions de l�Etat charg�s d�assurer la s�curit� des biens et des personnes et dont l�absence de r�action n�a pas �t� pass�e sous silence par les milliers de participants � la marche silencieuse qui est partie du stade communal pour aboutir devant l�esplanade de la mairie de Fr�ha. Un parcours d�un peu plus d�un kilom�tre � travers une ville qui a respect� le mot d�ordre de gr�ve lanc� par les organisateurs. Le refus de la fatalit� des kidnappings, l�unit� et la solidarit� des citoyens de la Kabylie pour faire front contre le diktat de ceux qui veulent instaurer la peur et l�ins�curit�, la stigmatisation du silence et de l�absence de r�action de l�Etat face � la persistance et � la banalisation de ce ph�nom�ne qui ne cesse de prendre de l�ampleur depuis 2006 constituent le r�sum� des revendications qu�on peut lire sur les nombreuses banderoles d�ploy�es par les marcheurs qui affluaient de nombreuses communes mitoyennes de Fr�ha, comme A�n-El-Hammam, Larba�-Nath-Irathen Ouadhias, Azazga, Ouaguenoun, Tizi-Ouzou et m�me des wilayas limitrophes comme Bouira, B�ja�a et Alger comme annonc� au m�gaphone par un membre de l�organisation � bord du v�hicule qui ouvre la marche, � la t�te de laquelle on pouvait apercevoir les parlementaires Ikherbane et Boudar�ne, le P/APW M. Bellabas et son adjoint Hadibi, tous �lus du RCD. Dans la marche, il y avait �galement les P/APC d�Aghribs, Fr�ha, Azazga, Larba� Nath-Irathen, A�t- Oumalou, Timizar� ainsi que de nombreux autres �lus locaux et m�me une poign�e de militants du mouvement de Ferhat M�henni. Les orateurs, qui ont pris la parole � l�issue de la marche qui a donn� lieu � un rassemblement devant l�esplanade de l�APC, ont mis l�accent sur la mobilisation et la solidarit� citoyennes qu�il convient de maintenir et d�amplifier, qu�il faut �lever comme un d�fi face aux tenants de la terreur et de l�ins�curit� qu�ils veulent instaurer en Kabylie. Ils n�ont pas oubli� de stigmatiser le silence troublant et l�absence de r�action de l�Etat, synonyme � leurs yeux d�un laisser-faire qui ne veut pas dire son nom. S�exclamant : �O� est l�Etat ?�, le P/APC de Fr�ha saluera l��lan de solidarit� et la mobilisation des manifestants pour d�noncer la violence et les tenants de l�ins�curit� et des rapts. Le m�me cri de col�re contre l�absence de l�Etat a �t� lanc� par le maire de Timizar. �Veut-on casser, mettre � genoux �conomiquement la Kabylie, en s�attaquant � ceux qui investissent et cr�ent de la richesse ?� s�indignera-t-il. Le P/APC d�Aghribs, R. Yerm�che, qui s�est f�licit� de la mobilisation des nombreux citoyens de Kabylie aux c�t�s de ceux des Ath-Djennad afflig�s �par le perte d�un op�rateur �conomique aux qualit�s humaines reconnues et qui apportait beaucoup en termes de fiscalit� � sa commune�, estime qu�il faut rester unis et solidaires, en sugg�rant de porter la protestation au niveau du chef-lieu de wilaya pour stopper le ph�nom�ne de l�ins�curit� et des kidnappings qui ciblent la Kabylie. �Non � la violence, non � l�oubli, non au laisserfaire �, �l�Etat doit faire quelque chose pour arr�ter les kidnappings�, dira le maire d�Aghribs, qui soup�onne l�existence d�un plan visant � d�vitaliser la Kabylie sur le plan �conomique. �Nous nous posons des questions quant au silence de l�Etat face � la persistance des kidnappings et au maintien d�un climat de terreur en Kabylie�, lancera le s�nateur Ikherbane pour qui la mobilisation citoyenne de Fr�ha est un message d�union et de dignit� de l�ensemble de la Kabylie adress� aux auteurs et aux commanditaires des rapts qui ciblent les op�rateurs �conomiques et les investisseurs. C�est aussi, selon lui, un signal fort adress� aux pouvoirs publics. �Pourquoi ce laisser- faire, pourquoi le silence de l�Etat et l�absence d�enqu�tes sur les kidnappings ?�, s�interrogera le parlementaire. S. A. M. DR BOUDAR�NE, D�PUT� RCD : �Ni Zerhouni ni Ould-Kablia ne veulent r�pondre � mes interpellations� Crois� � Fr�ha o� il est venu prendre part � la marche contre les kidnappings, le Dr Boudar�ne, d�put� RCD de la circonscription de Tizi-Ouzou, n�a pas manqu�, lui aussi, de montrer son �tonnement quant au silence de l�Etat sur la r�currence des kidnappings � Tizi-Ouzou, d�autant plus qu�il a �t� l�auteur de deux questions �crites sur le sujet adress�es tour � tour � Zerhouni puis � Daho Ould Kablia. �Ni l�ex-ministre de l�Int�rieur ni l�actuel n�ont jug� utile de me r�pondre. M�me si la loi les y oblige�, affirmera le d�put�. S. A. M. La marche, pr�lude � d�autres actions citoyennes La marche de Fr�ha, au-del� de sa grande r�ussite, n�est pas une fin en soi. C�est plut�t une action inaugurale d�une assise � construire pour venir � bout d�un climat de terreur qui p�se lourdement sur l�ensemble des citoyens de la r�gion. C�est ce qu�ont laiss� entendre les intervenants lors de la prise de parole programm�e � la fin de la marche. Elle se veut comme premi�re riposte � �largir � toute la wilaya dans un avenir proche. C�est vrai que la commission de crise cr��e au lendemain du kidnapping du jeune S. O. et la blessure de son cousin S. H., d�c�d� depuis, avait comme objectif la lib�ration de la victime auquel on avait adjoint le ras-le-bol de la population, mais on entrevoyait d�j� une volont� de se prendre en charge et de porter haut les dol�ances de toute la r�gion des Ath Djennad et m�me lors du kidnapping du jeune d�Azrou, dans la commune de Fr�ha. Le maintien de la marche malgr� la lib�ration de la victime est une preuve formelle de cet �tat esprit pr�sent non seulement chez les membres de la commission mais aussi chez toute la population. D�ailleurs, ils �taient unanimes � vouloir maintenir la marche, d�abord apr�s le d�c�s de Hand, ensuite apr�s la lib�ration de son cousin. Les r�unions qui s�en sont suivies �taient initi�es beaucoup plus pour s'occuper de l�organisation que pour une quelconque d�marche pour convaincre les r�ticents. La Coordination des comit�s des Ath Djennad prend le relais Une fois la d�cision d�ent�riner la marche prise, la coordination a pris le relais en s�investissant davantage dans l�organisation. C�est vrai que quelques membres de cette structure �taient d�j� pr�sents dans la commission de crise, mais leur r�le �tait similaire � tous les autres �l�ments. Une implication qui s�est traduite par l�adh�sion des citoyens de quatre communes, soit Timizart, Aghribs, Fr�ha et Azazga. Une organisation exemplaire Il faut dire que la douzaine de membres que comprend la commission de crise, en plus de ceux de la coordination, �taient conscients de la t�che qui les attendait. C�est dans cette optique qu�ils ont fait appel � plus d�une centaine d�encadreurs qui ont constitu� un cordon de s�curit� pour emp�cher les intrus de s�infiltrer dans les carr�s pour pervertir l�esprit de la marche qui se voulait plus que jamais pacifique. D�ailleurs, c�est ce que ne cesse de r�p�ter, m�gaphone en main, un membre de la coordination des comit�s des Ath Djennad. Il faut dire que m�me les services de s�curit� ont �norm�ment contribu� � la r�ussite de la marche, en d�gageant les grandes art�res de la ville et veillant scrupuleusement tout le long de l�itin�raire, qui a d�but� du stade jusqu�au si�ge de l�APC. �Halte � la d�vitalisation de la Kabylie�, des slogans biens choisis Plusieurs banderoles brandies par les manifestants s�accordent justement par les paroles �nonc�es lors des discours. On pouvait lire �o� est l�Etat ?�, �halte � la d�vitalisation de la Kabylie�, �restons unis et solidaires�, �non � la violence et aux kidnappings� ou encore �non � l�oubli et au silence� et enfin �Hand est toujours vivant�, allusion faite � l�entrepreneur assassin�. Des cris qui r�sument ce que pense le citoyen lambda.