Parmi la nouvelle g�n�ration d�artistes peintres alg�riens, Farid Amrar est incontestablement l�un des talents les plus prometteurs. Son exposition � la Galerie d�art de Didouche-Mourad � Alger, qui s�est tenue du 24 novembre au 4 d�cembre, a �t� l�occasion de d�couvrir un art moderne inspir� du riche patrimoine culturel et historique national. Le jeune artiste a expos� 24 toiles sous le th�me �Le cr�puscule des pierres�, qui sont autant d��uvres qui �voquent la m�moire et l�histoire, en particulier les sites arch�ologiques et l�architecture ancienne des villes. En m�me temps que cette toute premi�re exposition � Alger, Farid Amrar a particip� (avec trois toiles) � la premi�re biennale m�diterran�enne de l�art moderne qui s�est tenue � Oran. Les tableaux expos�s, de diff�rents formats, d�notent une certaine rupture avec ce que produisait (et continue de produire) l�ancienne g�n�ration d'artistes peintres. Car Farid Amrar privil�gie la recherche du graphisme, de la forme et de la couleur. Un style chromatique avec, le plus souvent, une palette de couleurs diff�rentes. Il utilise une technique mixte, alliant jusqu�� cinq styles, dont l�aquarelle, le collage, le dessin � l�encre de Chine et la peinture � l�huile. Cela donne des �uvres architecturales, avec une structure minutieusement �tudi�e. Le th�me? �Ce n�est qu�un pr�texte, nous explique l�artiste. Il s�agit ici beaucoup plus d�expressions m�taphoriques qui font que chaque toile devient un espace de r�flexion et de cr�ation, de contexte et de concepts. C�est mon id�e, ma vision, ce regard spatial que j�ai sur notre identit�, notre patrimoine culturel mat�riel et qui me rapprochent de cette universalit� de l�art contemporain. Un art libre.� Quant � la l�intitul� de l�exposition, Farid Amrar pr�cise qu�il travaille depuis quatre ans sur ce th�me. �L�Alg�rie, dit-il, au moins depuis l�antiquit�, est le carrefour de nombreuses cultures et civilisations. H�las, des sites entiers, t�moins de notre riche patrimoine culturel, sont � l�abandon total ou en ruine. Mon inspiration artistique est provoqu�e, ces derni�res ann�es, par tous ces r�sidus de l�histoire, que ce soit les vestiges arch�ologiques ou le patrimoine architectural des villes. Dans mes toiles, je veux donc donner du mouvement, de la vie � la m�moire des pierres afin de sensibiliser la soci�t�. Ici, le r�le de l�artiste est de transmettre un message pour aider � prendre conscience de la n�cessit� de pr�server et valoriser notre patrimoine culturel mat�riel et historique.� Dans cet art contemporain, libre, faisant appel � plusieurs styles sur un m�me tableau, Farid Amrar peut mettre en perspective des objets et des �poques qui chevauchent plusieurs si�cles d�histoire. Par exemple, gr�ce au collage, au lavis, ou encore au noir et blanc qui met plus en valeur des couleurs �clatantes, il r�ussit � faire cohabiter harmonieusement un fragment du mausol�e de Cherchell avec un autre fragment de la porte de B�ja�a (d�un fort almoravide du XIe si�cle). Chacune de ses toiles est une invitation au voyage, � la d�couverte de tous ces pans de notre m�moire, de ces t�moins des si�cles pass�s. La ville d�Oran, en particulier, figure en bonne place dans cette qu�te du peintre, avec ce souci de faire ressortir dans ses toiles la beaut� des pierres et des vieilles cit�s. Les vestiges espagnols, le vieux quartier Sidi El-Houari, les portes d�Oran de la p�riode ottomane, etc. sont alors minutieusement agenc�es dans cette structure �clat�e propre � l�artiste. Mais ce n�est pas l� un hasard, car Farid Amrar conna�t tr�s bien cette ville. Lui qui est n� � Bouira en 1979 avait fait les Beaux-Arts juste � c�t�, � l��cole de Mostaganem (option peinture). C��tait en 2004- 2008. Apr�s cela, il avait suivi des �tudes de conservation et restauration des biens culturels, de 2008 � 2010 au mus�e Zabana d�Oran, une formation encadr�e par l�association espagnole Restaurateurs sans fronti�res. Il a par ailleurs collabor� avec l�artiste fran�aise Catherine Poncin, bien connue dans l�art du collage sur toile. Tout cela a �t� d�terminant dans le choix de l�art contemporain comme mode d�expression et du th�me de la sauvegarde du patrimoine culturel sur lequel il travaille depuis quatre ans. Ce qui ne l�emp�che pas de se projeter sur d�autres th�mes et de se renouveler, car toujours en qu�te de nouvelles techniques dans ses travaux. Farid Amrar fait de la peinture depuis son jeune �ge. Il compte � son actif plusieurs expositions collectives et individuelles, principalement � Oran. Son souhait ? �Tout simplement, c�est de continuer � exposer. A cette occasion, je tiens � remercier vivement l��tablissement Arts et culture qui a permis cette exposition � Alger�, r�pond-il. Et de pr�ciser : �Vous savez, les jeunes artistes peintres ne peuvent compter que sur eux-m�mes, parfois sur certaines bonnes volont�s. Il n�existe malheureusement ni sponsoring ni subventions. On nous dit : �Vous �tes encore jeunes, attendez d��tre plus vieux pour vous faire reconna�tre.� C�est le r�gne des dinosaures ! Il est tr�s difficile de vivre de son art, alors qu�il est imp�rieux de travailler dans la continuit�. Personnellement, je ne b�n�ficie d�aucune aide ni encouragements, sauf de la part de mes amis�� Est-ce � dire qu�on reparlera de Farid Amrar quand il sera (enfin) un peu plus vieux ? Ce que l�on peut dire, d�j�, c�est qu�il est une valeur s�re de la nouvelle g�n�ration d�artistes peintres alg�riens.