Il ne fait pas bon d��tre commer�ant d�taillant en ces temps de hausse g�n�ralis�e des prix. Augmentation des prix de la plupart des produits, hausse de 20% au moins, diminution sensible des marges b�n�ficiaires, m�contentement des clients� Autant de motifs qui expliquent la morosit� des commer�ants. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Vir�e hier au quartier commer�ant de Jolie-Vue � Kouba. Bordant des deux c�t�s une voie � la chauss�e d�fonc�e, un peu boueuse, la plupart des magasins manquaient de l�affluence habituelle. N�e�t �t� la circulation stridente, le passant ou le chaland croirait � un jour f�ri�. Pourtant, c��tait une journ�e normale de la semaine, printani�re, ensoleill�e. Un beau temps, certes. Mais une sensation de bien-�tre loin d��tre partag�e par tous, et sp�cialement par les commer�ants venus s�approvisionner chez les fournisseurs en gros. Des d�taillants atteints par la morosit�. Et pour cause. �L�hala m�zergua. Ma t�a�djebche� � (C�est la catastrophe. La situation ne pla�t pas), s�exclame un p�tissier de Bachdjarah, sortant d�une boutique de vente de produits d�emballage et de p�tisserie. Pratiquant le m�tier depuis 15 ans, Mohamed constate, d�sabus�, que les produits sont disponibles mais le probl�me est dans les prix. �C�est vrai, les prix ont toujours augment� mais la situation a pris, en 2010, une tournure dramatique. Particuli�rement depuis le mois de Ramadan�, s�exclame- t-il. Citant l�exemple du sucre glac�, Mohamed dira que le prix a augment�, tant dans le gros que dans le d�tail. �Mais ma marge reste la m�me. De surcro�t, je ne peux pas r�percuter la hausse trop fort. Les clients ne comprendraient pas. Inacceptable pour eux�, ajoute ce p�tissier. Or, la hausse des prix reste inexplicable m�me pour les d�taillants. Perplexe, Mohamed affirme l��tre. �Peut-�tre que les grossistes �coulent les stocks, quand ils en ont, et poussent ainsi les prix � s�envoler�, une explication possible, mais non la seule selon notre interlocuteur. �En tout cas, mon revenu diminue. J�assure � peine 2 millions, alors qu�avant j�atteignais les 5 millions�, d�clare Mohamed. Perplexe, Hafid, commer�ant en produits alimentaires � Rouiba, l��tait aussi. �Tout augmente. Mais je ne sais pas pourquoi �, dira ce d�taillant, rencontr� 500 m�tres plus loin alors qu�il chargeait son camion. �Mais c�est au moins 20% de hausse. Intenable�, affirme notre interlocuteur. Outre la n�cessit� de ne pas l�ser le client, ce commer�ant, comme d�autres, doit diversifier ses sources d�approvisionnement, �chercher le fournisseur le moins cher�. �Avant, je remplissais mon camion avec 10 millions. Maintenant, je n�arrive m�me pas � me fournir pour 100 millions�, ajoute Hafid, d�confit et qui pr�cise que sa marge ne cesse, elle, de d�cro�tre. Perplexit�, morosit�, d�sabusement, des sentiments partag�s par un jeune commer�ant de Hydra, N., approch� � la sortie d�un autre magasin de gros. Responsable d�un magasin d�alimentation g�n�rale, N. d�plore une situation d�grad�e. �Nous sommes le dernier maillon de la cha�ne�, dira notre interlocuteur. Les prix augmentent. De 20%, au moins. Ce qui fait que parfois je ne cherche m�me pas � me fournir en certains produits, comme l�huile�, pr�cise- t-il. Mais �ma marge stagne ou elle diminue. Et elle ne fait que diminuer la plupart du temps, m�me si les prix augmentent�. Une situation qui dure depuis plusieurs mois. La faute � qui ? �La sp�culation, notamment � Semmar, oui. Mais �a n�explique pas la flamb�e actuelle. L�absence d�Etat aussi. La hausse des cours mondiaux de certaines mati�res premi�res. Peut-�tre. Mais en fait, c�est un tout�, r�pond-il. �Il est vrai. Les prix augmentent. Mais les grossistes se d�fendent de toute responsabilit�. Quant aux consommateurs, nous aussi nous en faisons partie, ils nous prennent � partie�, rel�ve N. Pourtant, les prix iront en augmentant, notre interlocuteur en est convaincu, si le syst�me de facturation obligatoire est g�n�ralis�, appliqu�. �Les commer�ants (dans le gros ou le d�tail) sont hostiles � la facturation, mais si on la leur impose, ils augmenteront leurs prix�. Mais en l�absence de contr�le efficace, de volont� de tout le monde � coop�rer, il sera difficile de mettre un terme � cette anarchie et d�assurer la tra�abilit� du produit, constate notre locuteur. L�inflation d�une part, la morosit� d�autre part, une fatalit� ? Non, clame ce commer�ant, si la manne p�troli�re est mieux et r�ellement redistribu�e aux citoyens. �Avec 15 000 dinars le Smig, comment voulez-vous que le citoyen moyen s�en sorte. Des millions ne suffiraient pas�, affirme N., en guise de conclusion. En ces temps d�inflation galopante, pourtant cens�e �tre ma�tris�e, les commer�ants de d�tail, comme Mohamed, Hafid, N. et tant d�autres, �prouvent de la morosit�, l�incapacit� � s�en sortir, pris en tenailles entre le consommateur et un syst�me d�sorganis�.