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Contribution
Janvier 2011 : la somme de toutes les �meutes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 01 - 2011


Pr Abdelmadjid Merdaci *
Les �meutes de ce d�but d�ann�e 2011 appellent tant par leur violence � il y a eu mort d�hommes � leur extension territoriale que par leur relative dur�e, le d�cryptage d�autant plus qu�elles rajoutent objectivement au climat d�incertitudes et d�interrogations qui domine d�sormais la sc�ne politique et m�diatique nationale.
Pour s�inscrire dans un �modus operandi� largement �tabli ces derni�res ann�es � travers le pays, elles paraissent n�anmoins engager des enjeux autrement plus complexes que les injustes distributions de logements sociaux ou les bavures polici�res faisant souvent fonction d�embrayeurs � l�occupation violente de l�espace public et � la confrontation directe avec les forces de s�curit�. L�inscription locale de ces confrontations, pour en circonscrire les enjeux, n�en a pas moins une efficacit� p�dagogique et politique nationale qui marque qu�il est � la fois possible de s�opposer aux pouvoirs publics et que la violence sociale est le seul code pour y parvenir. Pour appara�tre, � tout le moins, comme la somme in�dite de toutes les �meutes, les �v�nements de janvier ont-ils alors une vertu d�annonce, dans le sens d�une r�p�tition g�n�rale d�une mani�re d�insurrection civile � civique ? �, � court ou long terme, contre le r�gime en place et pourraient-elles aussi avoir des cons�quences politiques et institutionnelles significatives et durables, notamment en termes d�acc�l�ration du calendrier politique national ? Sans surprise, l�obs�dant rappel d�Octobre 1988 � bien plus d�ailleurs que du �Printemps noir� � peut oblit�rer la lecture des faits qui vise � l�gitimer le mythe de l�intervention des forces sociales � la jeunesse, les masses populaires � dans un cours de d�mocratisation mis en place, en son temps, par les tenants du pouvoir. Il convient au moins de rappeler au sujet de la fin des ann�es 80, outre la crise �conomique restreignant de mani�re drastique les ressources de l�Etat, la crise politique ouverte autour des voies de sortie de l�autoritarisme, alors qu�aujourd�hui, dans une situation ostensiblement affich�e d�opulence financi�re, l�absence d�alternative �thique et politique � un autoritarisme agonisant et archa�que semble bien constituer l�un des obstacles de la probl�matique de d�mocratisation de la soci�t� et de ses institutions. La quasi-simultan�it� des manifestations en Tunisie, qui peut par ailleurs appeler de l�gitimes et sans doute instructives d�marches comparatives, peut aussi faire en l�esp�ce fonction de brouillard ou d�illusoire aiguillon � ce qu�il est convenu de nommer �la contagion tunisienne�. L�issue politique de la crise tunisienne, dont les termes ne semblent pas encore acquis pour se fonder sur l�effondrement brutal du r�gime autoritaire, ne s�y �puise pas pour autant. L�hiver des lacrymog�nes est-il plus pr�gnant, en Alg�rie assur�ment, que le printemps de jasmin. Les analyses � � chaud faut-il le relever � s�accordent g�n�ralement � mettre la hausse des prix des produits de large consommation � huile, sucre, lait � au principe de ces mouvements sociaux invoquant un �ras-le-bol� et une �paup�risation accrue des cat�gories les plus d�favoris�es�, associant � ces motifs d�autres registres pr�gnants du malaise social dans le pays, comme la question du logement ou celle du ch�mage. L�autre dimension soulign�e par les observateurs porte sur l�identit� des acteurs �meutiers dont la caract�ristique premi�re semble l�appartenance aux cat�gories juv�niles qui, rappelle- t-on, � l�occasion, constituent la majorit� significative de la population. La presse rapporte ainsi les faits de violence � saccage d��tablissements publics ou priv�s, incendies, routes coup�es, jets de pierres � avec leur cort�ge de bless�s, et pour l�heure au moins deux morts qui, tout en ouvrant droit � diverses conjectures � �voque-t-on sans surprise l�hypoth�se de manipulation � souscrivent � son institution comme code ultime de sanction des conflits et ouvrent droit � une forme de l�gitimation de la r�pression. La discordance � relev�e par le ministre de l�Int�rieur � entre les classes d��ge des acteurs �meutiers et la nature �conomique et sociale qui serait � l�origine des mouvements sociaux en cause, peut de fait aller plus loin que la projection d�une r�volte �contre l�humiliation des p�res� et mettre en jeu, au-del� des chapardages signal�s, de nouvelles formes de mobilisation et de l�gitimation de la violence de la soci�t� m�me contre les violences institu�es de l�Etat dont le maintien, par le r�gime alg�rien, d�un �tat d�urgence est aujourd�hui exemplaire. Les images diffus�es par les cha�nes satellitaires qui accusent, une fois de plus, l�absurde contr�le politique de la t�l�vision publique alg�rienne, accr�ditent la th�se, discutable, d�un embrasement auquel le silence, par ailleurs pr�visible, du chef de l�Etat, conf�re, dans un contexte d�incertitude politique, une sourde pr�gnance de fin de r�gne. Chacun mesurera alors � quel point le communiqu� de la chefferie de gouvernement d�clinant des mesures administratives int�ressant au mieux des op�rateurs �conomiques signe l�incoh�rence d�une gouvernance, expose de mani�re spectaculaire l�autisme du r�gime, frappant de quasi-irr�alit� le rite d�suet de �d�claration de politique g�n�rale� du Premier ministre � lui aussi �trangement absent � il y a pourtant si peu de temps devant le Conseil de la nation. Il s�agit aussi, d�une mani�re oblique, de valider la th�se d�une ��meute de la faim� qui a sans doute l�avantage pr�caire et momentan� de donner du temps au temps, surtout celui de remettre en �uvre l�arsenal r�pressif de la justice comme annonc�. L�une et l�autre des r�ponses apport�es par les pouvoirs publics risquent d�oblit�rer le regard � sinon d�anesth�sier la conscience sociale � sur des actions dont le trait principal aura �t� d�engager un processus de type pr�insurrectionnel au moins dans ses formes, ses modalit�s de mise en mouvement et son �tendue territoriale. Il est certes encore trop t�t pour prendre l�exacte mesure des �v�nements de ce d�but d�ann�e, d�en faire le n�cessaire inventaire et de revenir notamment sur le substrat de violence sociale en qu�te de support et d�opportunit�s qui les a caract�ris�s mais d�ores et d�j� et avec les pr�cautions requises, il convient d�y revenir ne serait-ce qu�avec la sourde intuition que s�y jouait autre chose qu�un violent happening juv�nile.
1- La somme de toutes les �meutes
La question de la nature m�me des �meutes n�est pas n�gligeable et il s�agit d�abord de r�pondre � la question de savoir si, effectivement, leur caract�re national en est �tabli comme pourrait le donner � penser une cartographie de la contestation. Les divers t�moignages publi�s comme les commentaires ayant accompagn� la pr�sentation des �v�nements s�accordent sur un processus de diffusion des �meutes partant d�Oran, passant par Alger et touchant progressivement les principales villes de l�int�rieur et il serait par ailleurs plus judicieux de parler d�effet multiplicateur que de diffusion stricto sensu. Les similitudes avaient �t� aussi relev�es quant aux acteurs du mouvement et aussi quant aux modalit�s d�action et cibles. La d�multiplication des �meutes � travers le territoire, f�t-ce � l�identique, suffit-elle pour autant pour lui assurer une dimension nationale dont la nature ne saurait �tre alors que strictement politique et qui postulerait une forme au moins minimale de mise en coh�rence ? Tous les observateurs s�accordent sur le constat de l�absence d�une inspiration ou projection politique explicitement pos�es qu�illustre par ailleurs la faible verbalisation du mouvement. Ceux qui s�en d�solent ne manquent pas d�ailleurs de lancer un appel � �l�encadrement� du mouvement. Faudra-t-il mesurer avec attention la concomitance de ces mouvements sociaux avec les fluctuations des prix sur le march� qui a donn� vie � la th�se � r�currente en v�rit� � �d��meutes de la faim� aveugle au poids et au r�le de l��conomie informelle dans la redistribution des revenus en Alg�rie. Les poches de pr�carit� sinon de r�elle mis�re �conomique et sociale existent mais rien n�indique qu�elles aient pu peser directement dans le recours � l��meute ou du moins autant ou plus que d�autres facteurs embrayeurs. Il n�est qu�� rappeler ici l�incapacit� politique des pouvoirs publics � r�guler le march� et � juguler la sp�culation et les hausses � celles du Ramadan entre autres � g�n�ralement support�es par les consommateurs et il est difficile d�imaginer un effet aussi foudroyant des nouvelles dispositions de la loi de finances. L�ombre port�e des �bazaris�, de leur articulation aux centres du pouvoir, pour ne pas �tre �cart�e, suffit-elle pour autant � faire de ces journ�es de janvier une nouvelle forme de n�gociation sociale et des jeunes manifestants des nervis � leur solde ? Que tout se soit aussi pass� comme si les pouvoirs publics, sous la pression de la rue, aient �t� contraints � agir et qu�il en soit r�sult� un decrescendo de la violence qui confirmerait, en quelque sorte, la dimension essentiellement sociale du mouvement ne peut interdire de s�interroger sur les conditions de son d�litement. La question reste pos�e de savoir quels enseignements les acteurs �meutiers au premier chef auront tir�s d�une confrontation dont m�me la bri�vet� peut inciter � la circonspection.
2- Les �meutes du buzz
Sous r�serve d�approches mieux inform�es, on peut tenir, contre les illusions de l��vidence, que les �meutes de janvier 2011 s�inscrivent moins dans la r�p�tition que dans l�annonce et valident elles, � leur fa�on, quelques-unes des caract�ristiques majeures de la nouvelle soci�t� alg�rienne. Sur un registre certes diff�rent et si elles devaient r�p�ter quoi que ce soit, ces journ�es de janvier pourraient renvoyer � l�immense happening de novembre 2009 ayant accompagn� la qualification alg�rienne au Mondial 2010 et consacrant, au-del� de la dimension festive, la ville comme figure centrale de la formation du lien social. Aujourd�hui encore, les conditions de cette urbanisation acc�l�r�e � de l�ordre de 40% de population urbaine au recensement de 1966 aux 90% pour cent projet�s � l�horizon 2020 par les experts � continuent de nourrir les recherches sp�cialis�es ou encore la litt�rature comme en t�moigne l�in�dite continuit� th�matique entre Ezilzel de Tahar Ouetar, datant des ann�es 70, et Le rempart et la br�che de Badredine Mili, publi� tout r�cemment. Sans entrer dans une analyse fine � encore n�cessaire � de la diversit� des processus d�acculturation urbaine, on peut faire le constat qu�il en est r�sult� moins la rurbanisation commun�ment stigmatis�e qu�une anomie alg�rienne puisant autant dans les violences des d�racinements que dans celles des nouvelles modalit�s d�habiter, de circuler, de travailler, d��changer au croisement de l�anonymat collectif et de l�impossible individuation. Cette anomie alg�rienne est aussi celle des codes sociaux de la transmission m�morielle � familiales notamment � � laquelle la censure politique et /ou religieuse des espaces publics rajoute des charges de violence. En relevant que les acteurs �meutiers de 2011 peuvent, par leur inscription territoriale � le quartier, la cit� � leur statut de pr�carit� morale et leur appartenance g�n�rationnelle rappeler leurs a�n�s de 1988 ou encore d�autres s�quences de ces derni�res d�cennies, comment ne pas souligner l�absence de processus d�accumulation � de mise en m�moire en quelque sorte � des r�voltes pass�es et d�une certaine mani�re d�une transmutation � la fois nationale et g�n�rationnelle de l��meute et son institution en capital politique et symbolique de nature � peser sur le destin collectif ? Ce travail, � la fois politique, culturel, a �t� peu ou alors mal fait, qui aura peu contraint les effets d�une �d�socialisation� des acteurs sociaux. Est-ce cela sans doute qui a donn� au parcours des �meutiers de janvier dernier cette dimension fragmentaire tant � travers les diff�rents quartiers d�une ville que d�une ville du pays � une autre et il est aussi remarquable qu�il se soient, volontairement ou pas, assez g�n�ralement interdits les territoires de la centralit� � politique forc�ment �, qui en auraient aussi modifi� la port�e, comme si les �meutes ne pouvaient faire sens que dans une mani�re d�interland stigmatis�. Sur un autre registre, ces �meutes urbaines sont aussi celles des mises en sc�ne et particuli�rement des mises en image et tant leurs acteurs que leur objet peuvent renvoyer au ph�nom�ne du �buzz m�diatique�, dont la photo de presse ou la superficielle couverture t�l�visuelle n�auront, en l�occurrence, restitu� qu�une infime part alors que l�internet en aura �t� l�un des liens significatifs. Expressions violentes de la fragmentation urbaine inscrite aussi d�une modernit� contrari�e, les parcours �meutiers de janvier 2011 proc�dent, pour le moment, d�une logique de recommencement et toute infiltration �gale, par ailleurs, ils valident, aux yeux des acteurs directs, la l�gitimit� d�une contre-violence qui cible largement les symboles de l�Etat. S�ils n�avaient pas, comme cela avait �t� relev�, d�objectifs explicitement politiques, ils paraissent objectivement r�pondre aux violences d�une quotidiennet� d�autant plus mal v�cue qu�elles est scand�e par les signes ostensibles de l�in�galit� des droits, des chances . L�impunit� affich�e des nouvelles f�odalit�s issues ou associ�es au r�gime politique, la r�currence des scandales sans proc�s, le r�tr�cissement continu des opportunit�s d�emploi, l��chec du volontarisme de l�action publique � g�n�rer des nouveaux espaces d�expression participent, chacun sur un registre particulier, � la culture du d�senchantement et au sentiment pr�gnant du poids d�une sourde violence dont l�Etat, ses institutions, ses agents seraient les vecteurs principaux. Cette violence, quasiment consubstantielle de l��volution de la soci�t� alg�rienne depuis l�ind�pendance, peut supporter des r�pits et sa r�surgence d�pendre de n�importe quel embrayeur. L�observation, pertinente, de la mise en cause de la nature du r�gime, de son autoritarisme ne rend pas n�cessairement compte de la responsabilit� de l�ensemble des institutions de la m�diation sociale.
3- Une crise de la m�diation
Le face-�-face r�current et violent entre les institutions de l�Etat et les acteurs sociaux renvoie � la crise structurelle de la m�diation sociale en Alg�rie. La convocation politiquement int�ress�e d�une introuvable �soci�t� civile� alg�rienne marque, si besoin �tait, la quadrature du cercle du r�gime autoritaire entre l�obligation de se conformer aux normes institu�es de l�Etat de droit � du moins au plan formel � et celles bien plus effectives de surveiller, contr�ler, mailler en somme l�ensemble de la soci�t�. L�expression la plus notoire de cet �tat de fait tient dans les statistiques impressionnantes des associations de tous ordres agr��es, subventionn�es � contr�l�es � et leur incapacit� � susciter, d�velopper du lien social et/ou � repr�senter des postures alternatives � la puissance publique. Les �checs spectaculaires des ligues de droits de l�homme � formellement il en existe trois, en sus de l�instance officielle rattach�e � la pr�sidence de la R�publique � � ancrer, dans une soci�t� qui en a tant besoin, la culture du respect de la personne humaine, de son int�grit� et de ses droits civiques et politiques, pour tenir aux conjonctures partisanes ou aux ambitions, illustrent la difficult� d�imaginer, d�animer des contre-pouvoirs l�gitimes � la chape politique et s�curitaire impos�e � la soci�t�. En est-il aussi et de mani�re encore plus expressive pour les oppositions dont le discours politico-m�diatique alg�rien convient, sans autre forme d�examen, qu�elles ont �t� lamin�es par le r�gime en place. Le tableau, � y regarder de plus pr�s, pour �tre contrast�, peut aussi surprendre qui fait de la substitution de la culture d�appareil � l�acculturation partisane le fonds commun des partis autoris�s au-del� des lignes t�nues de diff�renciation formelle. En Alg�rie, et si le maintien artificiel de l��tat d�urgence y est pour beaucoup, il n�explique pas tout, l�activit� politique se signifie, toutes tendances �gales par ailleurs, hors de la soci�t� �ligible seulement aux communiqu�s de circonstance et ici et l� � quelques pol�miques trompeuses. De ce point de vue, il sera plus facile aux partis formellement d�opposition de charger � � raison sans doute � le r�gime autoritaire mais il leur sera plus difficile de reconna�tre qu�ils (sur)vivent dans sa d�pendance. Faire le constat que, somme toute, l�ind�pendance a plus meurtri que nourri les libert�s civiques et politiques signe le constat d�une double r�gression d�une part par rapport aux concessions que la puissance coloniale avait �t� contrainte de faire et d�autre part � et surtout � par rapport aux principes fix�s dans la proclamation du 1er Novembre et qui faisaient de la lib�ration nationale et des libert�s le socle m�me du combat. La �bunk�risation du r�gime, cette derni�re d�cennie, sa strat�gie de r�activation des solidarit�s segmentaires un temps r�volues � zaou�as, notabilisme tribal, r�gionalisme, tentation dynastique � portent en elles le risque s�rieux que la crise du r�gime autoritaire alg�rien ne se d�cline en crise des fondements m�mes de la nation.
4- Une crise �thique
La censure du mouvement des id�es , l�accouchement chaotique et marginal d�intellectuels l�gitimes aux yeux de la soci�t� rajoutent aux conformismes des all�geances et des client�lismes. Penser et s�exprimer en Alg�rie reste un exercice paradoxalement n�cessaire et souvent d�risoire qui d�frise encore si peu les nouvelles conventions de l�inflation des signes ext�rieurs de religiosit� et il sera difficile de faire l�impasse sur le silence des clercs dans l��tat g�n�ral de la soci�t�. Le moindre des faits � relever est pr�cis�ment que l�institution du r�f�rent religieux � y compris par le discours institutionnel tent� par sa substitution � la doxa nationaliste � n�en marque que plus spectaculairement le d�ficit �thique d�une soci�t� alg�rienne o� la violence multiforme le dispute � la corruption, au n�potisme, � l�in�galit� des droits et des chances. Le pouvoir corrosif des scandales touchant les �lites dirigeantes doit �tre mesur� � l�aune de l�impunit� d�une part, et d�autre part, d�une justice au mieux lourde et dure aux moins dot�s. Cet ensemble d�observations doit �tre crois� avec la charge end�mique des violences de diff�rents registres ou s�dimentations qui rappellent � quel point, entre autres n�cessit�s, l�exercice salutaire d�exorcisme des violences subies en situation coloniale � qui passe par la lev�e de la censure d�Etat sur les crimes de la colonisation � rel�ve de l�urgence �thique et politique.
5- Le suicide par l��meute
L�Alg�rie, et c�est un truisme, n�est pas en paix et celle-ci ne saurait se confondre avec la qu�te obsessionnelle de la stabilit� des institutions de l�Etat. L��tat pr�-insurrectionnel de janvier 2011 prolonge sans doute d�autres �meutes locales mais il s�en distingue parce qu�il porte en lui le plus assourdissant des appels au secours de cat�gories de la population, � qui toute forme de projection raisonnable dans l�avenir est, pour l�heure, objectivement interdite. La r�ponse n�est pas dans une complaisante connivence avec l�informel � qui s�affiche dans les art�res des villes alg�riennes � mais dans la remise � plat sans tabous de la gestion des affaires publiques. La harga, le suicide, l��meute accusent l�indigence politique et morale de la classe dirigeante et l�institution militaire, qui en constitue le socle et le bouclier symbolique, devrait, elle aussi, en tirer les enseignements faute de quoi elle risque bien de devoir tirer sur les foules.
A. M.


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