Par Hassane Zerrouky Difficile de pr�voir comment va �voluer la situation dans les jours � venir dans les pays arabes et l�Iran apr�s la chute des autocrates tunisien et �gyptien. Une chose est s�re, aucun pays de cette r�gion n�est � l�abri des r�pliques des s�ismes tunisien et �gyptien. Le r�gime libyen, qui a pris parti pour Ben Ali, aujourd�hui coinc� entre l��gypte et la Tunisie, est dans une situation bien inconfortable. Le r�gime syrien, qui a fait de la menace isra�lienne � elle est bien r�elle, il ne faut pas se leurrer � un argument pour diriger d�une poigne de fer les Syriens, va devoir faire face aux aspirations d�mocratiques qui s��l�vent dans ce pays. M�me le petit Bahrein fait face � la contestation populaire. Quant au Maroc, qui a annonc� mardi un quasi-doublement des fonds de la Caisse de compensation qui finance la politique publique de subvention afin de pallier la hausse des prix des produits de premi�re n�cessit�, il n�est pas non plus � l�abri. �L�exception marocaine�, qu�agitent ces intellectuels marocains bien en cour, est un paravent bien commode dans un pays o� la fortune de la famille royale, sup�rieure au budget de l�Etat marocain, n�a rien � envier � celle des Moubarak ! Quant � l�Alg�rie, assise sur des r�serves de change estim�es � 170 milliards de dollars, elle aura du mal � contenir un m�contentement populaire qui s�exprime quasi-quotidiennement, et ce, en d�pit de la mont�e au cr�neau de Louisa Hanoune, qui a vite mis � la cave les �crits d�un certain L�on Trotsky dont elle se revendiquait. Pauvre L�on, s�il savait ! M�me l�Arabie saoudite, dont le r�gime a soutenu Moubarak jusqu�au bout, sera t�t ou tard rattrap�e par la marche de l�Histoire. Car ce qui s�est pass� en Tunisie et en �gypte, voire en Alg�rie et dans le reste des pays arabes, signe l��chec pour l�id�ologie wahhabite qui a entretenu, � coups de millions de dollars, via les fondations saoudiennes, les mouvements islamistes salafistes. Et puis, il y a l�Iran chiite. La pendaison ! Voil� ce qu�a promis le r�gime de T�h�ran � ceux qui veulent que �a change. Oubliant que le chah d�Iran, qui a us� des m�mes proc�d�s dictatoriaux, a vu sa monarchie de fer s��crouler comme un ch�teau de cartes. Une chose est s�re, les capitales occidentales, qui font mine de d�couvrir la r�volte populaire et les aspirations � la libert� et la d�mocratie dans le monde arabe et musulman, ont vu tout faux. Les r�gimes qu�elles soutenaient, qualifi�s de remparts contre la menace islamiste, sont tomb�s. Et l�islamisme, pr�sent� comme la seule alternative � ces r�gimes, n�a pas pris le pouvoir. On n�a pas vu des gens brandissant des portraits de Ben Laden, ou scandant des slogans islamistes, ni des rassemblements hostiles devant les ambassades occidentales. En fait, c�est la th�se du choc des civilisations qui vient d��tre balay�e. Ben Laden, d�habitude si prolixe ! On ne l�a pas entendu. Pas plus que son bras droit Ayman Zawahiri ou l�Aqmi. Et ceux qui, en Occident, les montaient en �pingle pour justifier une �ventuelle intervention militaire, voient leur th�orie s�effondrer. Certes, l�islamisme n�a pas dit son dernier mot. Mais force est de convenir qu�il n�est pas si imperm�able aux id�es qui agitent les soci�t�s tunisienne et �gyptienne et, partant, le m o n d e arabe et musulman. En Tunisie, o� il a �t� quasiment absent, Ennahda cite pour mod�le l�AKP au pouvoir en Turquie, assurant qu�il fait sien le code de statut personnel promulgu� par Habib Bourguiba. Pour mieux rebondir ? �Il faut �tre vigilant�, assure le syndicaliste Messaoud Romdani, l�un des animateurs de la contestation tunisienne. En �gypte, le fait de se pr�cipiter pour r�pondre � l�offre de dialogue du r�gime, alors que le peuple r�clamait le d�part de Moubarak, n�a pas servi les Fr�res musulmans qui se consid�raient comme les opposants les plus r�solus de Moubarak. Eux aussi ne peuvent �chapper au d�bat qui agite la soci�t� �gyptienne. En tout cas, la r�volution islamique qu�esp�rait Benyamin Netanyahu et ses soutiens occidentaux n�a pas eu lieu !