De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Bruxelles a, d�j�, act� avant le carnage annonc� de la bataille de Tripoli deux d�parts, deux rahil de la r�gion. Celui des Gueddafi et celui des Europ�ens, notamment des Fran�ais. Une autre Afrique du Nord est n�e. L�Union europ�enne le sait et fait d�j� avec. D�o� les sommets ordinaires qui deviennent extraordinaires, le branle-bas de combat, les r�unions � huis clos, les rencontres de derni�re minute, les d�clarations en rupture avec les classiques d�antan et le sauve-qui-peut politique. Le Vieux Continent renoue avec ses d�mons. Apr�s avoir cherch�, d�sesp�r�ment, de l�islamisme ou de l�apparent� comme tel dans les insurrections du Caire et de Tunis, l�Union europ�enne admet, enfin, que m�me les Arabes peuvent �tre porteurs de valeurs... europ�ennes. Tout l��chafaudage institutionnel et doctrinal des 27 s�effondre, s��vapore. Bruxelles se d�chire et commence � avouer � publiquement � ses torts. Les sommets, les r�unions, les conciliabules et les concertations ne manqueront donc pas, ici. Pour le moment, en attendant que �a �volue sur les bords du Nil et � Carthage, l�UE ne sait pas quoi faire et surtout comment faire avec Gueddafi. Le cingl� de Tripoli est d�termin�, argent� et filou. Les Etats-Unis, pr�voyants et poss�dant tout le temps des longueurs d�avance sur l�Europe, ont entam� le dialogue avec l'opposition � Benghazi. Hier, les d�cideurs de l�UE n�avaient pas d�autre choix que de suivre le m�me chemin. Depuis les jasmins de Tunis et le square Tahrir du Caire, les Europ�ens de l�UE ont perdu la main en Afrique du Nord. En fait, ils l�avaient perdue avant. Seulement, il a fallu attendre que �a �clate au grand jour pour que le Vieux Continent se rende � l��vidence. Les USA pour ce qui les concerne accompagnent, plut�t avec r�ussite, les processus d�clench�s en Tunisie et en Egypte. Les Am�ricains ont des interlocuteurs solides au pays des pharaons et celui de Bourguiba. M�me en Libye o� les Gueddafi ont fait le vide autour d�eux, les �States� poss�dent un modus op�rande que les autres n�ont pas. Pour autant, les Russes, les Chinois et les Turcs semblent avoir mieux appr�ci� la nouvelle situation que les vieux Europ�ens. Moscou et P�kin ont vot� la r�solution au Conseil de s�curit� de l�ONU, condamnant lourdement le r�gime en Libye alors que concernant l�Egypte et la Tunisie, ils ne s�oppos�rent � aucune d�marche am�ricaine. Ankara, par contre, a �t� d�s le d�but sur les pas des Etats-Unis. Ce qui annonce, sans doute, les nouvelles alliances du proche futur. D�ores et d�j�, une certitude : en Afrique du Nord, les int�r�ts de la France seront largement revus � la baisse. Il est donc inutile et contreproductif pour notre pays d�accorder, gratuitement, des cadeaux � la France. Sans contrepartie. Les confidences t�l�phon�es de Bouteflika � Jean-Pierre Raffarin sont � classer dans ce rayon. Le carnage annonc� de Tripoli signifiera la fin de la dynastie Gueddafi et le rahil de la France. Le carnage annonc� pour la prise de Tripoli aura deux cons�quences majeures, la fin de la dynastie Gueddafi et le d�clin, jusqu�� l�insignifiance, des int�r�ts de la France en Afrique du Nord. La chute du cingl� de la Tripolitaine actera, en fait, deux d�parts, deux rahil. Celui des Gueddafi et celui des Fran�ais.