Ils �taient entre 600 et 700 ouvriers � se rassembler, hier dimanche, au niveau de la petite c�te qui m�ne � l�entr�e de l�usine, avec des banderoles accroch�es aux arbres qui bordent la route, portant en gros caract�res �en gr�ve !� �Nous revendiquons qu�il soit mis fin � l�injustice et � la hogra, dont nous sommes victimes depuis des ann�es�, clament-ils. Un jeune ouvrier exhibe sa fiche de paye qui indique un net mensuel de 12 269,51 DA. �C�est avec cette paie minable que je vais pouvoir me marier ? Acheter une maison ?�, s�interroge-t-il. Un autre nous dira : �On nous t�moigne aucune consid�ration. Si l�un de nous se blesse, malgr� la disponibilit� de 4 ambulances, il est �vacu� dans un camion.� Un autre ouvrier, qui semble �tre un ancien, rench�rit : �Nous faisons un m�tier des plus dangereux, des plus p�nibles, des plus stressants et, chaque matin, quand nous quittons nos foyers nous faisons nos adieux � nos proches parce que nous ne savons pas si le soir nous rentrerons sains et saufs.� En compensation, nous recevons une prime de risque de 15% du salaire minable qu�on nous donne.� Plusieurs d�entre eux r�p�tent : �Nous sommes expos�s � des produits dangereux pour notre sant�, si bien que nous appr�hendons de passer des examens m�dicaux de peur que l�on nous d�couvre une maladie incurable.� Ces ouvriers se plaignent aussi du manque d�hygi�ne : �Nous n�avons pas de douches et nous sortons avec des v�tements couverts de mati�re nocive et la nourriture de la cantine est infecte. Un des gr�vistes nous met sa fiche de paie sous les yeux. �Regardez ! Elle comporte plus de retenues que de primes et je ne suis pas le seul dans ce cas, loin s�en faut.� On nous fait savoir que ce n�est pas la premi�re fois qu�ils essaient d�interpeller la direction et d�attirer son attention sur leurs conditions de travail, puisqu�en f�vrier dernier, on nous informe qu�ils avaient observ� une gr�ve de la faim qui leur a valu, disent-ils, des man�uvres d�intimidation et des menaces de licenciement de la part des gestionnaires : �Nous sommes humili�s, insult�s, brim�s par l�encadrement.� A chaque fois que nous revendiquons quelque chose, on nous le rappelle :�N�oubliez pas que nous vous avons ramass�s dans les caf�s.� Ils affirment ne pas savoir de quelle tutelle ils rel�vent. �Chaque fois que l�Etat d�cide d�une augmentation de salaires, on nous r�pond : �vous n��tes pas concern�s�. Tant�t on nous fait croire que nous relevons du minist�re de la D�fense nationale tant�t de la Fonction publique. Et � ce jour, nous ne savons pas de quel secteur nous relevons.� Sur le document qu�ils ont fait circuler intitul� �Appel au secours�, le collectif se d�clare en gr�ve illimit�e jusqu'� la satisfaction des revendications. Parmi ces revendications, on peut noter une hausse des salaires de 100 %, avec une prime de nuisance relev�e de 50%, un statut qui leur permet de pr�tendre au d�part � la retraite apr�s 25 ann�es de service, eu �gard � la p�nibilit� des postes de travail ainsi que le r�tablissement des primes de rendement et d�int�ressement et, surtout, exigent-ils, le respect de leur dignit�. Vers midi, des �missaires ont �t� d�p�ch�s par la direction de l�usine leur demandant de reprendre le travail contre une augmentation de 17%, ce qu�ils ont refus� net, faisant valoir, disent-ils : �Ce sont de fausses promesses juste pour briser la gr�ve�. Apr�s le d�part des �missaires le piquet de gr�ve a �t� maintenu.