Samedi 5 mars, des groupes de jeunes, recrut�s pour casser du marcheur, montrent les biceps et jouent du couteau � El-Madania (ex- Salembier). Lundi 14 mars, dans la m�me commune, des barricades sont �rig�es et des pneus br�l�s par des centaines de r�sidants r�clamant un toit. Dure est la r�alit� quand, pass� l�excitation d�un samedi de marche, elle vous rappelle � votre condition de citoyen laiss�-pour-compte. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir)- A les voir si excit�s ce fameux samedi 5 mars, usant de l�invective raciste et de la lame pour chasser des manifestants ayant r�pondu � l�appel de la CNCD, on penserait que les jeunes de Salembier �taient si bien lotis et si bien log�s qu�ils se sont sentis le devoir de veiller � ce que personne ne viennent perturber leur qui�tude. On ne les penserait pas si mal dans leur existence qu�ils �ructeront de col�res sourdes dix jours plus tard, dressant, � la nuit tomb�e, des barricades et br�lant des pneus � couvrir de noir fum�e la cit�. Raison de cette col�re, cette fois dirig�e contre le pouvoir auquel ils ont pr�t� main-forte lors de la marche r�prim�e de la Coordination nationale pour le changement et la d�mocratie ? Une histoire de relogement. �Cela fait 20 jours que nous avons sollicit� une entrevue avec le wali d�l�gu� de Sidi M�hamed pour lui faire part de nos pr�occupations mais en vain�, ont affirm� les locataires de l�immeuble �El Bahia�, les principaux instigateurs et meneurs de la protestation. Pour eux, il est inconcevable que les autorit�s proc�dent au relogement des occupants des bidonvilles tout en les ignorant, eux qui, au demeurant, se disent l�gitimement �ligibles au relogement. Ils ont accus� le pr�sident de l�Assembl�e communale de Salembier de tergiverser � solutionner leur probl�me� � faire peu de cas de leurs revendications. La police, envoy�e en renfort sur place, n�est pas intervenue. Elle s�est content�e d�observer. Certainement pour ne pas envenimer la situation. Mais toujours est-il que les forces de s�curit� ne sont pas intervenues pour d�gager des espaces publics obstru�s par les barricades. Cela �tant, la protestation des citoyens de Salembier contre la pr�carit� de leur existence apporte incidemment le d�menti de ce que les jeunes qu�on rameute et dresse en rangs de bataille les samedis de marche pour aider � r�primer les manifestations pacifiques de la CNCD sont agit�s par des mains qui se tapent dans l�ombre. Car il est �tabli � travers ce qui vient de survenir � Salembier que ce n�est pas de la qui�tude de leur quartier que les jeunes sont jaloux. Ils ne sont pas les privil�gi�s du syst�me que les marcheurs de la CNCD d�noncent et combattent mais que, eux, ont cru bon faire de soutenir.