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R�flexion
La triste fin des despotes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 04 - 2011


Par Nour-Eddine Boukrouh
Ce qui est en train d�arriver � l�ex-pr�sident Hosni Moubarak changera l�id�e qu�ont les peuples arabes de leurs despotes. Il changera l�id�e que se font les despotes arabes de leurs peuples. Il changera l�id�e que les despotes encore en place se faisaient de la mani�re de quitter le pouvoir ou m�me la vie.
Dans un pr�c�dent �crit, �Ambiance de r�volution�, j�ai essay� de d�crire ce qui peut se passer dans l��me du commun des mortels pendant une r�volution. Dans celui-ci, je me propose de d�crire ce qui peut se passer dans l��me d�un despote au moment o� il passe du statut divin au statut humain. Ce doit �tre une exp�rience extraordinaire. Qu��prouve-t-on lorsqu�on d�gringole du statut pharaonique au statut de simple �gyptien? Que ressent-on lorsqu�on est ramen� de la position de Juge supr�me � celle de simple justiciable ? Qu�elles peuvent �tre en ce moment les pens�es du pr�sident d�chu ? On ne na�t pas potentat, on le devient. On met du temps pour passer de la condition humaine � la condition divine, du rang de simple quidam au rang de d�miurge : on a tout le temps de se pr�parer, de s�adapter, de forger son personnage, de croire en sa transmutation. La chute par contre est fulgurante, elle ne laisse pas le temps de se pr�parer ni m�me de comprendre ; elle intervient si rapidement qu�il y a de quoi �tre terrass� sur le coup. Que de rois, d�empereurs, de tyrans, de dictateurs, de pr�sidents � vie, ont connu cette inattendue fa�on de quitter le pouvoir : Louis XVI la t�te sur le billot, Napol�on sur l��le de Saint-H�l�ne, le Shah d�Iran errant malade � la recherche d�un lieu d�accueil, Noriega dans une cellule de prison am�ricaine, Ceausescu devant un peloton d�ex�cution form� au pied lev�, Ben Ali se rongeant les sangs � l�id�e d��tre ramen� et jug� en Tunisie� Et combien d�autres ont � peine eu le temps de r�aliser ce qu�il leur arrivait qu�ils n��taient plus. Plus haut on s��l�ve, plus dure sera la chute, dirait Newton. Le pr�sident renvers� par la rue a eu une crise cardiaque lorsqu�on est venu l�interroger dans sa retraite de Charm-Cheikh au sujet de la r�pression pendant la R�volution et de sa pr�sum�e fortune illicite. A sa place, n�importe qui aurait eu une crise cardiaque, une attaque d�apoplexie, m�me si on est jeune et bien portant. Il devait avoir tout imagin�, tout pr�vu, sauf qu�il serait chass� du pouvoir par son peuple si d�bonnaire. Il a bien men� ses affaires, le pays �tait stable et se pr�lassait dans la paix depuis trois d�cennies. Il a mis de l�ordre dans les diff�rentes structures du pouvoir, tri� sur le volet son environnement, plac� ses affid�s � la t�te des institutions n�vralgiques. Il a pris toutes les pr�cautions pour se pr�munir contre un coup d�Etat, format� la Constitution pour que personne ne puisse lui ravir sa place, obtur� toutes les voies menant � l�alternance. Il a interdit d�activit� politique les �Fr�res musulmans� qu�il redoutait en particulier, r�duit � la portion congrue les wafdistes, les nass�riens et les lib�raux, il a surv�cu � plusieurs guerres, �chapp� � deux attentats au moins (1981 et 1995), d�jou� des complots des islamistes radicaux, s�est assur� des amiti�s � l��tranger, triomph� de la maladie� D�o� pouvait venir la menace ? Elle est pourtant venue. De l� o� il ne l�attendait pas, de Sidi Bouzid, de Facebook, de la jeunesse non embrigad�e dans les partis politiques, de ce peuple m�lomane qui a tant chant� �Ya lil� (� nuit !) que le jour refusait de se lever sur lui. Jusqu�� ce qu�il se soit mis � chanter : �Achch�ab yourid... annahar !� Moubarak avait sous son commandement l�arm�e la plus puissante du monde arabe, la police politique la plus ancienne et la plus pl�thorique. Il avait deux millions de militants administratifs qu�il croyait vou�s � son culte, tant et si bien qu�il n�avait cure d�entendre dire apr�s chaque scrutin l�gislatif ou pr�sidentiel que le taux de participation �tait ridicule. Lui qui a �t� vice-pr�sident de Sadate, n�a pas voulu nommer un vice-pr�sident alors que la Constitution et l�usage lui en faisaient obligation. Il a vu dans son propre pays et � travers le monde qu�� tout moment il pouvait arriver quelque chose au chef de l�Etat en exercice, et que les int�r�ts du pays exigeaient qu�on y pare, mais il s�en foutait. Apr�s lui le d�luge. C�est ainsi que sont en leur for int�rieur les despotes : ils ne pensent qu�� leur petite personne ; l�int�r�t du pays ne vient que loin derri�re leur ego, leur narcissisme, leur fantaisie. C�est qu�un vice-pr�sident pourrait devenir un rival du narcisse, ou faire barrage � un plan connu de lui seul : laisser le pouvoir � sa prog�niture, id�e qui a d� germer dans son esprit d�s les premiers mois qui ont suivi sa succession � Sadate. Ce n�est qu�� quelques jours de sa d�mission qu�il a enfin consenti � d�signer un vicepr�sident en la personne du fid�le Omar Soule�man. Il n�avait en cela aucun m�rite : le peuple avait rendu caduque une nouvelle candidature de sa part, et enterr� le projet de transmission du pouvoir � son fils. En se r�signant la mort dans l��me � d�missionner, apr�s moult menaces et une coriace r�sistance, il pensait contenter le peuple, apaiser l�hostilit� envers sa personne, refroidir l�ire populaire dress�e contre lui. Il croyait qu�on allait s�estimer quitte des deux c�t�s et se s�parer en amis. Que pouvait-il conc�der de plus ? N��taitil pas la victime, le spoli�, l�expropri� ? A quatre-vingt-deux ans, il paraissait quinquag�naire. Il a ralenti le processus de vieillissement de son organisme, marqu� des points contre la nature, tromp� plusieurs fois la mort. C��tait � s�en croire immortel. Il attendait patiemment le jour o� il serait fatigu� de tenir la barre pour la passer � son fils, pour ensuite se pr�parer sereinement � une mort en douceur, � des fun�railles nationales comme celles faites � Nasser ou � Oum Kaltoum, � un enterrement dans un mausol�e. Son fils donnerait son nom � quelque lieu fameux de l��gypte, ou � l�une des pyramides. Quand ils sentent la mort approcher, les despotes ont toujours un dernier d�sir : gratifier la post�rit� de leur moi, graver leur nom dans la m�moire des vivants � travers les si�cles, s�imposer � l�Histoire. Puis, brusquement, en quelques jours, tout s��croule, tout se ligue contre eux : leur peuple, leurs compagnons d�armes, leurs amis �trangers, leurs m�dias et m�me la vieillesse� O combien tout cela peut �tre cruel ! Depuis, Moubarak a perdu le sommeil et la voix, ses cheveux ont blanchi et son dos s�est vo�t�. L�ancien autocrate n�a jamais d� �tre travers� par l�id�e qu�il serait un jour confront� au cauchemar qu�il vit pr�sentement et auquel il ne survivra probablement pas. Au temps de sa splendeur, il doit avoir pens� quelquefois � l�Au-del�, avoir fait de temps en temps une introspection, pr�par� ce qu�il dirait � Dieu quand il l�interrogerait sur ses actes de chef d�Etat pendant les trois d�cennies o� il a r�gn� sans partage, sans compter les ann�es o� il �tait vice-pr�sident. Il devait �tre s�r, pour afficher l�air qu�on lui conna�t, qu�il serait positivement jug� d�avoir gouvern� un pays aussi populeux et sans beaucoup de ressources en dehors du Nil. Mais depuis son d�part du pouvoir, chaque seconde doit avoir �t� v�cue par lui comme un instant de supr�me honte, chaque minute comme un traitement humiliant, chaque heure comme une insupportable d�ch�ance, chaque jour comme un supplice inhumain, chaque semaine comme un calvaire christique� Les chefs d�Etat occidentaux, ses anciens amis, l�ont imm�diatement l�ch� et donn� des instructions pour bloquer ses avoirs chez eux. Ses hommes de confiance et les courtisans qu�il a plac�s aux postes sensibles de l�Etat et du parti sont pour la plupart en prison, et bient�t ils deviendront des t�moins � charge contre lui car ils voudront r�duire leurs responsabilit�s dans les faits incrimin�s et sauver leurs t�tes. Son arm�e, � qui il a transmis le pouvoir, ne peut plus rien pour lui. Elle re�oit d�sormais ses ordres de �Maydan Tahrir�, et a toutes les peines du monde � maintenir un semblant d�ordre dans le pays. Il m�ditait sur tout cela dans sa retraite � Charm-Cheikh quand tout � coup la retraite pr�sidentielle s�est transform�e en r�sidence surveill�e, puis en lieu de garde � vue. Il avait des gardes du corps, il est maintenant gard� par des ge�liers. On lui a interdit de quitter le territoire national et bloqu� ses comptes bancaires. S�il n�a pas de liquide sur lui, et si l�Etat ou l�administration p�nitentiaire ne le prend pas en charge, il pourrait mourir de faim. Il r�alise que la prochaine �tape pourrait �tre son expulsion de ce lieu �d�nique, comme Adam a �t� expuls� du paradis au d�but de la Cr�ation. La population de la localit� est sortie dans la rue pour exiger son d�part de la r�gion. O� aller d�sormais ? Sur ces entrefaites, il re�oit en m�me temps que ses fils une citation � compara�tre devant le tribunal du Caire pour le 18 avril. L�ancien Ra�s a clairement conscience qu�au rythme o� vont les choses, il pourrait �tre inculp�, menott�, jet� dans un cachot et avoir � r�pondre de nombreuses accusations de meurtres et de d�tournement de fonds publics. Il a la vision de ce que serait son jugement devant des milliards de t�l�spectateurs : humili�, accabl�, confondu, puis condamn� � perp�te, � �tre fusill� ou pendu. �a fait deux mois que tout cela tourne dans sa t�te, que ces pens�es lui vrillent le cerveau, lui d�truisent les neurones. Deux mois de purgatoire, d�enfer, de tortures indicibles pendant lesquels il a perdu son sacre, son sceptre, son inviolabilit�, sa nombreuse cour, son honneur de militaire, sa richesse, sa fiert� d�homme et maintenant sa libert� tout court. Il se consid�rait comme un h�ros national, comme un b�tisseur digne de M�h�met Ali, comme le p�re de la nation, voil� qu�on parle de lui � la t�l�vision, dans les journaux, dans les pr�ches du vendredi, comme d�un vulgaire assassin, d�un ennemi de la nation et de Dieu, d�un �harami� (voleur). Il tremble pour sa femme qu�il sait concern�e par les enqu�tes au m�me titre que lui. Elle aussi peut �tre jug�e et condamn�e. Sa femme jet�e en prison sur ses vieux jours ? L�id�e fait chavirer sa raison. Quant � ses deux fils, il se doute qu�ils n��chapperont pas � de lourdes peines. Que deviendraient alors ses petits-enfants ?
Qui s�en occuperait ? L�assistance sociale ? Elle a si peu de moyens, et les orphelins sont si nombreux en �gypte. Le pr�sident, comme l�Ange d�chu, a tout perdu en tant que pr�sident, qu��poux, que p�re, que grand-p�re. Il a ruin� sa vie, celle de sa femme, celle de ses fils, celle de sa descendance. Son nom a �t� fl�tri, souill�, honni, et sera maudit dans les si�cles des si�cles. N�est-ce pas assez, n�est-ce pas trop pour un seul homme ? Les codes p�naux humains ignorent-ils que ce sont l� d�atroces punitions, suffisantes en elles-m�mes pour absoudre n�importe quel crime ? N�admettent-ils pour supr�mes ch�timents que l�enfermement, la r�clusion et la peine capitale ? Et ce qu�il endure lui, depuis deux mois, comment le nommer ? Le parquet, les juges qu�il a nomm�s, les fonctionnaires qu�il a d�sign�s au minist�re de la Justice, les m�dias, ne comprennent-ils pas que ce sont l� des sanctions intol�rables pour celui qui fut leur souverain ? D�autres avant lui, il le sait, sont pass�s par ces �preuves. Il en a personnellement connu quelques-uns comme le Shah d�Iran ou ce Saddam Husse�n qu�il n�aimait pas trop pour ses fanfaronnades et � qui il reprochait d�empoisonner la vie � tout le Moyen-Orient. R�cemment encore, le pr�sident de l�Etat d�Isra�l �tait condamn� � sept ans de prison. Mais jamais il n�a fait le moindre rapprochement entre eux et lui. Le voil� livr� aux affres des derniers instants d�un condamn� � mort. L�ancien despote doit penser � Dieu plus intens�ment que d�habitude et l�implorer d��tre cl�ment et mis�ricordieux envers lui et les siens. Il doit songer � la maison �ternelle et prier avec ferveur pour que le feu de la G�henne lui soit �pargn�. Comme Saddam �qu�on ne voyait que le Coran et un chapelet � la main depuis sa capture, lui qu�on a vu des d�cennies durant un cigare, un pistolet ou un fusil � la main � il n�a pour r�confort que le Livre Saint. Le despote irakien a tu� de ses propres mains d�anciens compagnons, il a fait �liminer des dizaines de hauts responsables soup�onn�s de d�viation id�ologique ou d�ambition, il a fait emprisonner, torturer et tuer des centaines de ses compatriotes sous un motif ou un autre, il a gaz� des milliers de Kurdes, il a envoy� � la mort des centaines de milliers d�Irakiens dans l�inutile guerre contre l�Iran� Mais lui, Moubarak, il n�a rien fait de tout cela ! Il existe dans l�histoire de la R�volution fran�aise un �pisode rapport� par l�historien Michelet dans Histoire de la R�volution fran�aise. Un certain Fouillon, contr�leur g�n�ral des finances du roi, �tait depuis longtemps connu pour sa duret� envers le pauvre peuple. A la veille de la R�volution, il disait : �S�ils ont faim, qu�ils broutent l�herbe !� Quand la R�volution �clata, Fouillon fit propager le bruit de sa mort et simula son enterrement. Mais le subterfuge ne r�ussit pas et on l�arr�ta. Le marquis de La Fayette, qui voulait r�concilier la monarchie avec la R�volution, prit sa d�fense � coups d�arguments sur la justice exp�ditive, mais un citoyen lui r�torqua : �Vous vous moquez du monde ? Faut-il du temps pour juger un homme qui est jug� depuis trente ans ?� Fouillon sera jug�, condamn� et pendu haut et court. Trente ans ! Le temps pass� par Moubarak � la t�te de son pays. Cet �pisode rappelle aussi celui de Ca�n tel que d�crit par Victor Hugo dans La conscience. C�est dire que la cause du despote est mal engag�e. Dans les pays d�mocratiques, le syst�me prot�ge les peuples contre le despotisme, et les d�tenteurs du pouvoir contre ce genre de renversement de situation en les emp�chant de rester plus longtemps qu�il ne faut au pouvoir. M�me dans les d�mocraties r�centes, comme en Russie, la pudeur a pr�valu puisque Poutine, malgr� tout son amour pour le pouvoir, a r�sist� � la tentation de toucher � la Constitution pour s�offrir un troisi�me mandat qu�elle lui interdisait. Sinon, quelle aurait �t� son image aupr�s de ses pairs, lui qui voulait redonner � son pays une place respectable dans le monde ? Il savait qu�il aurait �t� regard� comme un despote arabe ou africain, car il n�y a plus que dans ces pays qu�on joue avec les constitutions comme avec une ardoise d��colier. Les peuples arabes apprennent les uns des autres, mais pas les despotes. Ceux encore en place suivent ce qui se passe mais le d�codent � leur fa�on, se disant : non, ce n�est pas la m�me chose chez nous ; non, il suffit de faire usage de la force ; non, la vague de r�voltes va mourir d�elle-m�me... Ils comptent surtout sur les capacit�s de r�sistance de Saleh, de Bachar, de Kadhafi, du roi de Bahre�n� S�ils tombent, leur tour arrivera mais, pensent-ils, on n�en est pas encore l�. M�me dans les pays o� il ne s�est encore rien pass�, les peuples ont d�j� gagn�. Dans les r�publiques, il ne pourra plus �tre question de transmission h�r�ditaire du pouvoir, de pr�sidence � vie ou de candidature unique. En attendant mieux. Dans les monarchies, le pouvoir absolu, sans assembl�es parlementaires �lues, n�est plus concevable. Les peuples qui veulent la libert� et la d�mocratie savent qu�elle a un prix. Et la mercuriale est affich�e.


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