[email protected] Au moment o� l�ensemble des acteurs du r�gime optent pour le profil bas, seul le FLN choisit de passer � l�offensive en se pla�ant aux avant-postes du travail de �traduction � du message pr�sidentiel du 15 avril. L��tonnant activisme dont fait preuve actuellement son secr�taire g�n�ral est significatif de ce point de vue. Apr�s avoir plaid� � demi-mot puis franchement exig� le changement imm�diat du gouvernement, Belkhadem est all� au-del� de la simple ex�g�se de tribune. Au plan des initiatives, il n�h�site plus � mettre sur pied des commissions de consultation sur tous les th�mes des r�formes futures. Ainsi, dans une �trange sym�trie des missions, il est en train de s�imposer comme l�interface de la feuille de route officielle de Bensalah. Or, si le d�ploiement de ce parti n�a suscit� que quelques commentaires, cela est certainement d� � l�effet r�ducteur aliment� par la vieille rivalit� entre les deux piliers d�El-Mouradia, � savoir : Belkhadem et Ouyahia. Il est vrai que la course � l�offre politique entre les deux hommes a constitu� par le pass� les temps forts de l�affrontement interne � l�Alliance. Et de fait a permis au chef de l�Etat d�instaurer une sorte d�alternance afin de maintenir le juste �quilibre en termes d�influence. Mais est ce encore le cas pr�sent ? Autrement dit, peut-on croire qu�un Belkhadem ne veuille rien d�autre qu�� succ�der � nouveau � ce m�me Premier ministre alors qu�� l�horizon se dessine la recomposition du champ politique ? Il est peu probable que ce poste soit encore enviable, notamment pour un cacique du r�gime. Car il est clair qu�au FLN, l�apr�s-2014 a d�j� commenc� et qu�il est plus question de se projeter dans cette �ch�ance que de s�embourber dans les responsabilit�s imm�diates de l�intendance. Redoutable machinerie, le FLN a toujours un coup d�avance sur les autres courants. En effet, rien ne l�indispose plus que le risque du d�classement. Vieille fabrique des r�gimes, le FLN ne sait pas se concevoir autrement qu�au centre de la d�cision et, pour cela, il a rarement h�sit� chaque fois qu�il s�est agi de changer de camp. A l�image d�un ex-secr�taire g�n�ral qui d�livra le s�same lourd de sens quand la contestation �tait � son comble en janvier 1999. Cet appareil est avant tout une �maison de l�ob�issance�, tranchera-t-il(1). Colonne vert�brale du syst�me, n�est-il pas son fourrier en hommes de paille et en propagande ? In�galable dans l�art d�accompagner les renversements de r�gimes et de promouvoir les nouveaux imp�trants, son histoire et son pass� r�cent le singularisent quoique la l�gende raconte. Hormis la parenth�se Mehri, l�ex-parti unique n�a jamais su se doter d�une autonomie doctrinale s�inscrivant en rupture avec le pouvoir en place. Malgr� la comp�tence de ses cadres, il n�a jamais pu cultiver d�autres options sinon celles qui lui sont dict�es, avec de surcro�t la touche de son historicit� usurp�e. Impr�gn� par la praxis du syst�me, il a pr�f�r� le confort que lui conf�re celui d�appareil de man�uvre aux hasardeux al�as de courant de pens�e positivement adoss� � des convictions � travers lesquelles il militerait alors pour gagner sa place dans l��chiquier. En d�pit du renouvellement de ses directions, son personnel est en permanence format� par le carri�risme. M�me au lendemain du multipartisme, il ne r�ussira pas � se bonifier par la saine comp�tition des urnes, pr�f�rant � ces derni�res le marchandage de la fraude institutionnalis�e. D�ailleurs, il �tait risible de prendre au pied de la lettre ceux qui parmi les barons se fendaient de certaines sentences quant au r�le mod�rateur du FLN. �Il est l�alpha de l�om�ga de la refondation d�mocratique�, �crivait d�j� le s�nateur Bouhara en 2004. Et c�est tristement ce m�me parlementaire qui, 4 ann�es plus tard (le 12 novembre 2008), violera par son bulletin de vote ce qu�il y avait de plus d�mocratique dans la Constitution ! Or, le point de basculement vers la crise structurelle du pays date de ce jour-l� : quand, � l�impopularit� de la gestion de l�Etat, est venu s�ajouter ce terrible hold-up de la l�gitimit� politique. Belkhadem, �pigone de Yahiaoui et Messa�dia de l��poque du parti-�tat, est aujourd�hui aux manettes pour la m�me cause sans se soucier du contexte. Un seul objectif le pr�occupe : comment parvenir � d�connecter le parti des bilans globaux de l��re Bouteflika sans toutefois hypoth�quer le pr�sent dont, �videmment, il ignore la date du coup d�arr�t ? Sa d�marche, d�ailleurs, ne d�roge gu�re d�un iota de ce que fut la vulgate du parti � sa naissance. Au sujet de celle-ci, faut-il encore rappeler une �vidence historique longtemps falsifi�e qui voulut faire accroire que le FLN �tait le d�positaire exclusif de la D�claration de Novembre 1954 alors qu�en 1963, il en fut sa n�gation. Fond� � partir de l�embastillement et de l�exclusion de tous les p�res fondateurs, il ne pouvait devenir que le creuset de l�inquisition et l�appareil de l��puration. M�me sa mutation au lendemain d�octobre 1988 ne s�est pas r�alis�e dans les formes requises par la nouvelle loi sur les partis. De fait, il a gard� aupr�s des cabinets noirs une pr��minence sur les autres courants. Par sa pr�sence pesante dans le champ partisan, n�a-t- il pas contribu� � retarder, voire � d�voyer le pluralisme ? Poser ainsi la question, c�est d�j� y r�pondre. En clair, le FLN n�est pas �l�alpha de l�om�ga de refondation d�mocratique� mais bien le pollueur du projet. Songer � dissoudre le sigle dans le futur n�est ni une utopie et moins encore une h�r�sie. Son existence n�est pas grav�e dans le marbre de l�histoire mais une imposture vieille de, bient�t, un demi-si�cle. B. M. (1) C�est � Boualem Benhamouda, alors SG du FLN, que l�on doit la formule de �Dar Etta�, en guise de consigne de soutien au candidat Bouteflika.