Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Dans le champ clos o� prosp�re l��lite du pouvoir, les passes d�armes entre barons concernent rarement des d�bats de fond. L�opinion qui les d�crypte avec amusements sait bien qu�elles ne sont que des crises d�ego qu�ils soignent par la critique du vis-�-vis. En somme, elles sont simplement symptomatiques de quelques rivalit�s d�o� la ranc�ur n�est pas absente. L�on imagine donc que la r�cente charge verbale du pr�sident de l�APN mettant en question l�existence du S�nat est de cet ordre des conflits. Ceux qui rel�vent des sautes d�humeur d�un pilier du r�gime mal r�compens�. Une animosit� de circonstance dont l�origine est presque facile � deviner. Celle qui traduit une insatisfaction apr�s la d�signation de son alter ego Bensalah. Ziari, d�fenseur patent� de Bouteflika, s�est senti, en son for int�rieur, flou� de ce choix. Et pour l�exprimer, il prend le parti d�examiner, seulement de nos jours, les d�fauts de ce bicam�risme. Selon lui, parce que l�APN est une chambre int�gralement �lue, qu�elle aurait d� b�n�ficier de la pr��minence sur une institution partiellement coopt�e. L�argument ne manque pas de pertinence s�agissant de ce Parlement dual, tout en �tant inachev�e dans sa forme. Sauf que cette rh�torique sur le sujet devient suspecte, � la fois par le contexte et son auteur. Entre le soup�on de surench�re dans �l�offre de service� et la solide mise en �quation de la refondation de l�Etat, ce locataire d�un perchoir ne se pr�occupe que de sa promotion personnelle bien qu�il sache qu�� El- Mouradia le formalisme qu�il met en avant est tout � fait secondaire. En effet, lorsqu�il insiste, avec une pr�somption d�plac�e, sur la l�gitimit� th�orique d�un ar�opage sur un autre, il occulte avec une dr�le de mauvaise foi l�origine m�me de son propre mandat. Car, en r�alit�, il sait parfaitement bien que le Parlement dans sa globalit� n�est d�positaire d�aucune repr�sentativit� v�rifi�e � l�aune des bulletins. Autant �crire que les saillies de Monsieur Ziari sont en l�occurrence oblit�r�es par des arri�re-pens�es de carri�re qu�il voulait comme une contribution � la r�flexion g�n�rale. A une ann�e de son renouvellement, le pr�sident de l�APN n�aurait-il pas �t� mieux inspir� s�il s��tait pr�occup� d�abord de l�insignifiance qui caract�rise l�institution d�o� il s�exprime ? Son d�clin au fil des consultations et la consentante servitude dans laquelle elle a sombr� ne sont-ils pas les questions lancinantes du pr�sent. Celles qui font probl�mes et conditionnent toute l�architecture future que l�on promet. En clair, quelle nouvelle p�dagogie civique va-t-on �laborer pour convaincre l��lecteur de la transparence de son vote et quid de l�instance �thique qui traquera la fraude de l�appareil de l�Etat ? C�est sur ce registre qu�il �tait en devoir d�intervenir m�me s�il ne devait le faire que dans l�esprit des promesses officielles. Personnalit� coopt�e, comme la plupart d�ailleurs de ses pairs du S�nat, a-t-il une seule fois abord� ces aspects d�gradants de notre parlementarisme ? Jamais il n�y fit allusion afin d�amender cette posture de r�formateur de la 25e heure. Or, il aurait d� commencer par ce th�me. Celui qui consiste � faire sans complaisance un �tat des lieux d�une chambre d�vitalis�e de ses pr�rogatives jusqu�� devenir un obstacle pernicieux � l�exercice des libert�s publiques. Car, enfin, c�est � lui de nous rappeler � quand remonte la seule fois o� un gouvernement a �t� censur� par un vote de d�fiance et combien d�occasions il a rat� de r�torquer des lois qui pourtant sentaient le soufre. Jusqu�� ce jour, l�opinion n�a pas souvenir du moindre fait d�armes dans ce sens. Et c�est bien cela qui constitue le trait distinctif de cet h�micycle aux ordres. Celui de ne jamais s�opposer � l�ex�cutif et faire mieux (ou pire) encore en assumant sans d�bats les atteintes � la Constitution. Pass� de statut de caisse de r�sonance � celui de forum pour nervis issus de quelques appareils, le Parlement actuel a fait bien plus de mal � la d�mocratie que n�en commirent ceux qui si�geaient seuls au nom du parti unique. Son discr�dit est d�finitif depuis les abstentions massives de 2007. �A quoi sert encore le Parlement ?� n�est par cons�quent pas une interrogation connot�e par les d�risoires propos de quelques cordons-bleus du pouvoir. Leurs cuisines actuelles n�ont d�autres buts que de substituer de nouveaux menus aux m�mes illusions. Or, sans pouvoir l�gislatif repr�sentatif et ind�pendant, il ne saurait y avoir une refondation de l�Etat. Ce n�est donc pas du c�t� de Ziari et Bensalah qu�il faut attendre le bon oracle mais du c�t� des courants associatifs lorsqu�ils seront en synergie avec les grands rendez-vous politiques.