Non ! Non, deux fois�, ce n�est pas de la mansu�tude mais une capitulation de plus ! Un triste d�p�t de bilan pour une r�publique uniquement capable de se d�dire � la veille de chaque �ch�ance. Ainsi lorsqu�un chef de gouvernement, parlant sous le contr�le de son pr�sident, trouve mati�re � philosopher piteusement sur les �valeurs� p�rennes d�une r�conciliation, l�on ne peut que comprendre que certains d�lais impartis � la fameuse charte passeront incessamment � la trappe. Belkhadem, dont la fid�lit� aux calculs du pr�sident est d�sormais l�gendaire, n��voquait pas incidemment cette probabilit� sans en avoir pris auparavant la temp�rature en haut lieu. Il s�exprimait donc par d�l�gation de parole officielle et fut charg� de pr�parer l�opinion afin d�abroger, dans les jours qui viennent, le couperet du 31 ao�t. Les terroristes pourront donc camper en toute qui�tude dans les maquis ou bien emm�nager confortablement dans les caches citadines tout le temps qu�ils d�sirent puisque, bient�t, seuls eux d�cideront de la date de cette �paix des braves� dont pourtant le pouvoir avait fait son fonds de commerce politique depuis sept longues ann�es. Rappeler une fois de plus que c�est la morale de l�Etat qui sera bafou�e si par malheur le chef de l�Etat venait � prendre une si lourde initiative disqualifie dans le m�me contexte tous les mutismes, alors qu�une grave imposture se pr�pare. Dans une atmosph�re lourde d�inqui�tude, certaines mises au point sont donc n�cessaires pour emp�cher que l�irr�parable survienne et que l�Etat c�de sur ses engagements et renie ses propres textes. Mais qui pourra engager le fer avec le r�gime et l�interpeller sur ses incons�quences ? Imp�rativement, c�est imm�diatement qu�il faut mettre le hol�, mais de quelle mani�re et avec qui ? Quand l�irresponsabilit� au sommet de l�Etat devient insoutenable pour la communaut� nationale et qu�elle p�nalise au-del� du concevable sa dignit�, il est n�cessaire que les consciences morales s�expriment et surtout d�noncent. Il y va du d�litement du peu de coh�sion sociale qui reste � ce pays. Lorsque tous les signaux alertent sur les p�rils imminents et que l�irr�m�diable frappe aux portes de la demeure Alg�rie qui pourrait encore d�douaner les acteurs en charge de la chose publique ? Il y a un temps pour tout : pour la discipline du pouvoir et l�obligation de r�serve qui va avec, mais aussi pour le scrupule moral qui exige que l�on exprime clairement son d�saccord. La sacralisation d�mesur�e du grand magist�re, pour autant qu�elle justifie une certaine servilit� ne doit pas, par contre, autoriser toutes les d�missions morales. A moins d��tre nourri d�une conception �triqu�e de l��thique l�on peut alors accepter all�grement toutes les hypoth�ques ruinant le pays. Bien �videmment, il ne s�agit pas ici de sugg�rer la contestation fonci�re d�une l�gitimit� politique mais plut�t de prendre sur soi le courage qu�il faut pour dire � cette l�gitimit� qu�elle n�honore pas ses engagements. En somme, il ne s�agit pas de r�cuser un pouvoir ou de l�affaiblir mais de corriger ses errements. Car, aujourd�hui, il y a plus grave dans le ciel de ce pays que tous les vieux contentieux qui sont la marque de nos contradictions. Il y a une nuit d�encre qui a fini par paralyser totalement les institutions et contre laquelle il faudra r�agir sainement et patriotiquement � bien que ce dernier vocable ait des relents de langue de bois. Faire abstraction des �troits conforts politiques et du cocon de la carri�re personnelle, c�est d�j� accomplir l�essentiel d�un v�ritable engagement. Ce devoir moral de s�opposer � un pouvoir personnel et � ses architectes obtus permet, pour le moins, de retarder la descente aux enfers. Or, ce souhait s�adresse d�sormais � ceux qui gravitent dans le premier cercle et qui jusque-l� ont constitu� son cordon sanitaire. Qu�est ce � dire , si ce n�est que ce n�est plus seulement du c�t� de l�opposition qu�il faut se tourner pour esp�rer entendre des voix de sagesse, mais bien aupr�s des ex�cutants des injonctions du sommet de faire preuve de retenue et de contrepoids mod�rateur. Alli�s insoup�onnables du pouvoir, auquel d�ailleurs ils fournirent pour ses campagnes politiques des bataillons de pr�toriens au service de ses desseins, pourront-ils aujourd�hui infl�chir ses mauvais choix et temp�rer ses inclinations quand elles ont des retomb�es impopulaires ? M�me si une telle hypoth�se rel�ve de la pure sp�culation elle reste n�anmoins la seule cl� pour endiguer un c�sarisme rampant. Ces appareils qui constituent l�armature partisane du pouvoir ne peuvent pourtant pas l�accompagner ind�finiment sans subir � leur tour le m�me discr�dit. Ainsi, par pr�vention compr�hensible de survie politique ils devront moduler leur docilit� comme le fait d�ailleurs timidement le MSP et comme l�on suppute qu�il en sera de m�me pour un RND si par hasard les rapports de force internes au sein de celui-ci tourneraient � l�avantage de Ouyahia. En effet, eux savent qu�il est contre-productif en termes de rente politique de s�ent�ter � des soutiens tapageurs quand l�impopularit� d�un pouvoir a structur� l�opinion d�un pays. Cependant, le temps de la fronde politique n�a pas encore sonn� dans cette alliance de pacotille. Car malgr� les inconforts qu�ils subissent ; et dont la cause principale est la peur de se d�marquer des subtilit�s sp�cieuses du ma�tre, ils n�ont pas trouv� encore de refuge de rechange. Condamn�s � v�g�ter pendant quelque temps dans le giron de la gouvernance, l�on imagine mal qu�ils puissent tirer d�autres dividendes de la redistribution des sin�cures programm�es en 2007. La d�composition de nos institutions est telle qu�elle les emportera � leur tour, sauf � imaginer que leurs militants rompent tous les deals et exigent de leurs dirigeants qu�ils prennent � leur compte l�exasp�ration populaire en s�opposant aux petites capitulations vis-�-vis des terroristes et en s�inscrivant contre la grande escroquerie de la r�vision constitutionnelle. Mais encore faut-il d�nicher au sein de ces �agences de recrutement�, que sont les partis de l�alliance, quelques probit�s tortur�es par leur conscience de militants� Sc�nario insens� assur�ment, lorsqu�on sait que l�int�r�t public et la culture de l�Etat sont les choses les moins bien partag�es dans cette faune. B. H.