[email protected] Le Liban est le seul pays arabe nomm�ment cit� par le ministre syrien des Affaires �trang�res, comme ayant apport� son soutien au r�gime de Bachar Al-Assad. Normal : le pays a un gouvernement domin� par le Hezbollah, inf�od� � l'Iran, alli� du tyran de Damas. Le Liban ne souffre pas seulement du mauvais voisinage avec un pouvoir despotique et envahissant, il subit aussi la pr�sence de plus en plus pesante de ses th�ologiens. Le pays a un mufti de la r�publique qui donne des avis religieux sur des questions importantes. Jusqu'alors, les avis du mufti �taient empreints d'une certaine ouverture d'esprit propre � la communaut� sunnite de ce pays, mais d�s qu'il s'agit de la femme� Or, donc, le Parlement libanais avait �t� saisi en 2007 d'un projet de loi sur la �protection des femmes contre la violence familiale �. Dans d'autres pays, moins scrupuleux en la mati�re, on parlerait de violence conjugale, voire maritale. Toujours est-il que, quatre ans apr�s la naissance du projet, le cheikh Mohamed Rachid Kabbani, mufti de la r�publique, a convoqu�, la semaine derni�re, le ban et l'arri�re-ban des religieux sunnites pour se prononcer sur le sujet. La d�cision a �t� le rejet du projet de loi sous pr�texte qu'il contenait des dispositions contraires aux r�gles religieuses et qu'il contribuait � d�sarticuler la famille musulmane. Comme c'est la coutume, les auteurs du projet sont accus�s de s'inspirer de la culture occidentale d�cadente, responsable du d�litement de la cellule familiale. Le motif r�el du rejet, cependant, c'est la crainte des religieux de voir diminuer leur autorit� et leur contr�le sur la soci�t�. Pour les partisans du projet, le seul objectif de cette opposition tardive est de perp�tuer la domination du m�le, au nom de crit�res religieux. La religion est d�cid�ment une affaire trop s�rieuse pour �tre laiss�e aux religieux. Comme ils veulent toujours se surpasser pour conserver leur emprise et leur guidance sur la soci�t�, ils d�rapent souvent. On a alors droit � des stupidit�s notables sous la forme de fatwas ou de conseils mal avis�s sur les pages de journaux plus ou moins bien intentionn�s. Apr�s la fatwa du fameux cheikh Ferkous interdisant la consommation de la zalabia, voici celle du cheikh Abou Abdessalam, imam attitr� de certains journaux. A vouloir r�genter les affaires d'ici-bas sous pr�texte que l'Islam est �dine oua dounia� (religion et code civique), on s'emm�le les pinceaux. Ou bien, on tire sur la mauvaise cible. Tout le monde sait que le tabac tue des millions de fumeurs dans le monde. Comme le sait certainement Abou Abdessalam, plus personne n'ignore aujourd'hui que le tabagisme passif tue encore plus de monde. Or, ayant ass�n� sa conviction que celui qui fume est un suicid� en puissance, il d�cr�te que tout mariage d'une jeune femme avec un fumeur est frapp� de nullit�. Ce n'est pas facile pour un jeune de se marier en Alg�rie, mais s'il faut subir une cure de d�sintoxication, en plus du test pr�nuptial� La fatwa prohibant le mariage avec un fumeur est venue en r�ponse au volet f�minin, laissant dans l'ombre la question du mariage d'un non-fumeur avec une fumeuse. Dans la soci�t� vertueuse et id�ale que nous avons, cette mauvaise et condamnable habitude ne saurait �tre aussi l'apanage des femmes. Il aurait pu attirer aussi l'attention sur les risques auxquels s'exposerait une �pouse en compagnie d'un mari qui fume au lit. Alors �dine� ou �dounia�, v�n�rable cheikh ? Je suis s�r que vous n'ignorez pas les cons�quences de votre fatwa si les jeunes filles vous prenaient au mot. Le principal r�sultat serait une croissance extraordinaire du c�libat f�minin, que vous, th�ologiens, sugg�rez d'enrayer par la polygamie. Un peu plus triviale, il y a cette suggestion de l'activiste kowe�tienne Salwa Al- Muta�ri qui sugg�re l'adoption d'une loi permettant aux Kowe�tiennes d'importer des maris de pays musulmans �trangers. Candidate malheureuse aux derni�res �lections parlementaires, Salwa Al-Muta�ri estime que seule la mise en route de cette initiative permettra de lutter contre le c�libat f�minin. �Les Kowe�tiennes sont g�t�es et ont de fortes personnalit�s, dit-elle, ce qui les porte � vouloir tout r�genter au sein du couple. C'est pour �a qu'il y a des conflits avec les �poux kowe�tiens et des divorces. C'est pourquoi il n'y a d'autre issue � cette impasse sociale que dans l'achat de maris dociles(1), avec des crit�res particuliers�. Selon ces crit�res, le mari �doit �tre bien �duqu�, avoir un beau physique et �tre en forme. Il doit rester modeste, ex�cuter les volont�s et les ordres de son �pouse et la dorloter�. Tout ceci, ajoute Salwa Al- Muta�ri, doit aboutir � am�liorer �la qualit� des nouveaux-n�s, gr�ce � l'apport d'�poux � la peau blanche. Tout comme je milite pour l'am�lioration de l'environnement, je m'engage aussi, par ce biais, � en faire de m�me pour la prochaine g�n�ration de Kowe�tiens�. Il y deux semaines, cette dame, d�cid�ment pleine d'id�es, avait recommand� que l'on permette aux femmes kowe�tiennes c�libataires ou divorc�es d'acheter des esclaves pour leurs besoins sexuels. Ces esclaves seraient, bien s�r, astreints au versement d'une dot qui leur permettrait d'acc�der � la couche de leurs ma�tresses. Tout ceci, sous couvert de la l�galisation du commerce des esclaves-servantes qui seraient ��pousables� � volont�, comme � l'�poque b�nie. Ainsi, la pr�sence de ces esclaves dans les foyers pourrait �viter aux hommes la tentation de tomber dans le p�ch� d'adult�re. Tout ceci suppose �videmment l'existence d'un commerce des esclaves, faisant fi de la l�galit� et des accords internationaux. Comme pour mieux titiller les milieux islamophobes(2) en Occident, Salwa Al-Muta�ri estime qu'il serait de bonne guerre d'utiliser des captives, en les faisant venir des pays conquis. En somme, il s'agirait simplement de d�clarer la guerre aux impies et de ramener du butin, dont des femmes et des jeunes hommes � peau blanche, pour r�g�n�rer la race. Si vous �tiez un Occidental, auriez-vous peur de l'Islam apr�s de pareils propos ? Si c'est oui, vous auriez tort et vous vous inqui�teriez en vain. Le discours de la dame esclavagiste s'adresse exclusivement aux Arabes musulmans qui auraient gagn� une guerre et fait des prisonniers. Situation tout � fait hypoth�tique et m�me absurde puisqu'il est admis et reconnu qu'il y a bien longtemps que les Arabes n'ont pas gagn� une guerre, en dehors des quelques massacres qu'ils organisent en circuit ferm�. A. H. (1) Salwa utilise le terme de �halouine� qui peut d�signer � la fois des maris, bien sous tous rapports, que des �poux affables, attentionn�s et soumis � la volont� des �pouses. (2) Derri�re chaque islamophobe, il y a un islamiste exalt� ou un musulman qui croit encore que la conqu�te du Vatican et l'islamisation de l'Europe sont possibles. Pour faire un islamophobe, il faut �tre deux, et c'est de ce c�t�-ci du monde qu'il faut chercher ceux qui font la paire.