La d�mission fracassante des principaux chefs militaires en Turquie pourrait annoncer la fin d'une �poque, selon des analystes : celle o� l'arm�e jouait un r�le cl�, parfois par la force, dans la vie politique. �La vieille garde militaire a jet� l'�ponge�, assure l'universitaire Ahmet Insel, auteur de deux livres sur l'arm�e turque, commentant la d�mission, vendredi, du chef d'�tat-major des arm�es et des commandants de l'arm�e de terre, de l'air et de la marine. Ces d�missions sont le signe d'un �bouleversement total dans les relations entre politiques et militaires �, estime, pour sa part, le directeur du journal H�rriyet Daily News, Murat Yetkin. Critiqu�s par les milieux proches du gouvernement islamo-conservateur, poursuivis par les juges � un g�n�ral sur 10 est en prison pour implication dans des complots contre le r�gime �les chefs militaires ont r�agi vendredi par une d�mission en bloc au plus haut niveau, provoquant un choc � travers le pays. Selon la presse, ils exigent que leurs coll�gues en d�tention puissent b�n�ficier de promotions, m�me s'ils sont en prison dans l'attente de la fin de leur proc�s, ce que refuse le gouvernement. Et l'inculpation de six nouveaux g�n�raux, vendredi, accus�s notamment d'avoir cr�� des sites internet de propagande anti-gouvernementale, a �t� la goutte d'eau qui a fait d�border le vase, mettant un terme � la patience des militaires, ajoutent les m�dias. Il est loin le temps o� l'arm�e turque, la deuxi�me en nombre au sein de l'Otan, avait son mot � dire en politique et se posait en d�fenseur de la la�cit�, face � ce qu'elle consid�rait comme une menace d'islamisation rampante de la soci�t�. Depuis 1960, quatre gouvernements ont �t� chass�s du pouvoir par l'arm�e, dont celui en 1997 de l'islamiste Necmettin Erbakan, mentor de l'actuel Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Depuis, la soci�t� turque a �volu� et s'est consid�rablement d�velopp�e �le taux de croissance est actuellement de 11% �, et le Parti de la justice et du d�veloppement (AKP) de M. Erdogan a �t� brillamment reconduit au pouvoir pour la troisi�me fois cons�cutive, aux l�gislatives de juin. La d�mission de chefs militaires �est essentielle pour montrer l'impact d�terminant des �lections de juin sur les relations entre gouvernement et arm�e�, estime Derya Sazak, du journal Milliyet. �Cette crise est le r�sultat in�vitable d'une lutte de pouvoir entre l'arm�e et le gouvernement, qui se poursuit depuis 2007. Le gouvernement ne veut pas travailler avec ces chefs qui avaient essay� d'emp�cher l'�lection du pr�sident (Abdullah G�l) et qui �taient impliqu�s dans des tentatives de coups d'Etat. Il veut les �liminer �, ajoute-t-il. �En fait, l'arm�e a perdu la partie d�s le 27 avril 2007, lorsqu'elle a mis, sans aucun r�sultat, son veto � l'accession de Erdogan ou de G�l � la t�te du pays�, note pour sa part M. Insel. Renvoy�e dans ses casernes, l'arm�e conserve-t-elle cependant la capacit� de refaire irruption dans la politique, par un nouveau coup d'Etat ? �Je ne vois rien de semblable�, estime Murat Yetkin, avec d'autres commentateurs, et d'ajouter : �Le gouvernement contr�le la situation.� Pour Ahmet Insel, ces d�missions sont �une implosion� dans l'institution militaire, et il est peu probable qu'on assiste � un coup d'Etat en Turquie. �Aujourd'hui, un g�n�ral arr�t� ne fait pas plus d'effet dans les journaux qu'un grave accident de voiture �, note-t-il. �Il pourrait y avoir un jour la tentative chevaleresque d'un colonel, d'un pistolero, mais pas au-del�. � Et ce pour plusieurs raisons, �l'appui fort� d'une partie importante de la population au gouvernement, l'�volution de la soci�t�, les contrepouvoirs de la police et de la justice, qui �sont proches de l'AKP�. Et aussi, �au niveau international, il n'y a plus le danger communiste, qui permettait de faire des coups d'Etat dans les ann�es 1960 et 1970, avec le soutien des Etats- Unis�.