[email protected] Un Ramadan sans feuilleton �gyptien, c'est comme une �chorba� sans coriandre, je vous le dis tout net : ce n'est pas demain, ni m�me apr�s-demain, que la t�l�vision nationale va nous faire oublier les veill�es d'antan. Nous avons pas mal de griefs vis-�-vis des �gyptiens, il est vrai, et notamment en football o� les matches entre les deux pays tournent � la foire d'empoigne. Il n'emp�che : le pr�texte est trop beau pour certains d�cideurs qui pensent que certains th�mes de feuilletons �gyptiens ne conviennent pas � notre sensibilit� actuelle. Les Alg�riens ne verront pas �Hassan et Hussein�, parce que cette production montre que la �fitna�, ou la discorde, n'a pas commenc� � l'�t� 1962. De plus, le feuilleton a fait l'objet d'une interdiction (�Tahrim�) �mise par Al- Azhar, au nom de la tradition qui proscrit les images du Proph�te, des membres de sa famille et de ses compagnons. Plus grave encore, le parlement irakien a d�cid� lui aussi, le mois dernier, d'interdire �Hassan et Hussein�, auquel il est reproch� une trop grande libert� avec la v�rit� historique. Des cha�nes satellitaires l'avaient annonc� dans leur grille du Ramadan, mais nombre d'entre elles se sont ravis�es de crainte de choquer les �lites religieuses. Tout le monde se souvient de la pol�mique soulev�e, � son �poque, par le projet du film �Al- Rissala�, objet d'une violente attaque des milieux religieux bien avant le premier tour de manivelle(1). Il y a bien le nouveau feuilleton �Al-Rayan� qui d�fraie la chronique et alimente les pol�miques, mais outre le fait qu'il est �gyptien, il parle des soci�t�s d'investissements et de financement islamiques. Ces soci�t�s ont pouss� comme des champignons en �gypte, dans les ann�es quatre-vingt, proposant aux �pargnants na�fs, d'ignorer le syst�me bancaire moderne, bas� sur les taux d'int�r�t et d'opter pour un syst�me �halal�. On ne peut que comprendre, apr�s cela, qu'un pays qui se retrouve dans une situation politico-religieuse, � peine plus enviable que celle de l'�gypte des ann�es quatre-vingt, se refuse � diffuser un feuilleton qui colle si bien � sa r�alit� d'aujourd'hui. Au final, les �pargnants ont �t� d�poss�d�s et les auteurs de cette escroquerie ont fini en prison, sans avoir rendu la totalit� de l'argent extorqu�. Une �noukta� circule au Caire sur le principal protagoniste de l'affaire, Ahmed Al-Rayan, condamn� � l'�poque � une peine de vingt-trois ans de prison. Lib�r� lors des manifestations de janvier dernier, et entendant les clameurs de la foule, il a cru que les �pargnants spoli�s voulaient se venger. Il s'est alors empress� de retourner � la prison et de demander � r�int�grer sa cellule. A nouveau libre de ses faits et gestes, Al-Rayan s'emploie � d�noncer le feuilleton �ponyme qui porte atteinte � son image et d�forme l'histoire, selon lui. L'ex-d�tenu de la prison de Tara, pr�s du Caire, s'insurge surtout contre le fait que le sc�nariste aurait �t� trop g�n�reux avec lui, en lui attribuant onze �pouses. Or, nul n'ignore que la c�l�bre prison de Tara offrait toutes les commodit�s, dont des possibilit�s de recevoir des femmes, pour les d�tenus ayant une certaine aisance financi�re. Selon le journal Al-Kahira, la direction de la prison de Tara aurait entam� des travaux d'am�nagement pour y accueillir �ventuellement Moubarak apr�s sa condamnation. D'ores et d�j�, les deux enfants du �Ra�s�, Ala et Djamel, auraient demand� � installer, � leurs frais, un bassin artificiel pour compenser la perte de leurs piscines priv�es. Ce que la direction de la prison aurait refus� craignant que les autres d�tenus n'en profitent pour r�clamer des traitements de faveur aussi peu ordinaires. En revanche, les deux rejetons de Moubarak ont re�u la visite de l'ambassadeur de Grande-Bretagne, eu �gard � leur nationalit� britannique. L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Nadhif a re�u lui, en tant que citoyen am�ricain, la visite de l'ambassadeur des �tats- Unis. Quant aux autres personnalit�s de l'ancien r�gime d�tenues, elles auraient le droit d'organiser des barbecues et des r�ceptions � l'int�rieur de la prison(2). Ce qui est remarquable, encore, c'est que ces d�tenus ont refus� les services religieux de l'imam et aum�nier attitr� de la prison. Ils ont choisi, selon le journal, leurs cod�tenus Fethi Sourour et Safwat Cherif, anciens barons du r�gime, pour les pri�res et les pr�ches. Que faire alors pour contenter les t�l�spectateurs alg�riens qui ne se suffisent pas des aventures kabylofantasques de la �Maison de Da M�ziane�, ou des tribulations ubuesques de la �Famille Djema� ? On a bien pens� aux productions syriennes, mais le massacre du roman de Ahlam Most�ghan�mi, La m�moire du corps, par le r�alisateur syrien Najdat Anzour, n'a pas de quoi encourager les initiatives dans ce sens(3). D'autant plus que ledit Anzour s'est align� sur le r�gime Assad, et crie � qui veut l'entendre que le feuilleton syrien est vis� par le m�me complot am�ricano-sioniste ourdi contre Bachar. On attendait encore un feuilleton syrien �Djalassat Nissa�ya� (S�ances f�minines), avec notre vedette nationale Amel Bouchoucha, mais en vain. L'ENTV l'avait annonc� dans son programme du Ramadan, mais un journal arabophone nous a annonc� la semaine derni�re que la diffusion avait �t� annul�e. Il a �t� question des craintes des programmateurs que la beaut� d'Amel ne transperce le petit �cran, et ne brise le je�ne, de la gent masculine bien s�r, mais il doit y avoir une raison, plus �gyptienne, derri�re cette censure singuli�re. � la place, nous aurons eu quand m�me droit au feuilleton th�oriquement consacr� au syndicaliste A�ssat Idir. On y montre de belles choses, et notamment des Kabyles d'une certaine �poque qui invoquent tout le temps Dieu et ses saints. Selon une certaine presse, � l'aff�t de la moindre conversion � l'Islam dans nos lointaines contr�es, ce ne serait pas le cas de nos jours. C'est sans doute pourquoi la t�l�vision nationale en a fait beaucoup avec ce Belge catholique qui a choisi la Kabylie pour annoncer sa conversion � l'Islam. Pauvres Kabyles, pendant que vous vous convertissez en masse au christianisme, des Belges viennent jusque dans vos bras pour embrasser l'Islam et compenser votre d�fection religieuse ! A. H. (1) Les gardiens du dogme avaient voulu interdire au r�alisateur Mustapha Al-Akkad de repr�senter Hamza, l'oncle et le bras arm� du Proph�te. Ils avaient ensuite contest� le choix de l'acteur Anthony Quinn pour le r�le de Hamza, ce qui avait amen� le r�alisateur � faire deux versions, avec Hamdi Ghit, pour les spectateurs arabes. (2) L'hebdomadaire Al-Fedjr sugg�re que la prison de Tara participe cette ann�e au concours mondial de la prison la plus riche et la plus confortable, consid�rant les pointures et les fortunes qui y sont d�tenues. (3) Ajoutons � cela, la seconde mort de Fadhma N'soumeur, occasionn�e par les funestes cam�ras d'un autre Syrien, un certain Sammy Al-Djenadi, d'apr�s un sc�nario de Azzedine Mihoubi. On a vu pire, par la suite, mais�