Qui d�crochera le Goncourt 2011, le plus prestigieux des prix litt�raires fran�ais et machine � best-sellers ? Difficile de ne pas d�j� l'attribuer � Alexis Jenni, dont le premier roman est couvert d'�loges. Mais rien n'est jou�. Le suspense sera lev� aujourd�hui mercredi en d�but d'apr�s-midi. C'est � cet instant redout� par les quatre pr�tendants que la pr�sidente du jury, Edmonde Charles-Roux, annoncera le nom du laur�at, apr�s avoir d�battu avec ses pairs dans un salon feutr� du s�lect restaurant Drouant. Dans le m�me temps, chez Drouant, les jur�s du Renaudot d�voileront leur champion parmi quatre concurrents, eux aussi sur des charbons ardents. Outre Alexis Jenni, l'auteur du superbe l'Art fran�ais de la guerre, publi� chez Gallimard qui f�te cette ann�e son centenaire, les pr�tendants au tr�ne du Goncourt s'appellent Sorj Chalandon, d�j� sacr� jeudi par le Grand Prix du roman de l'Acad�mie fran�aise, Carole Martinez, �galement chez Gallimard, et Lyonel Trouillot, �crivain ha�tien �dit� par Actes Sud. Longtemps, Alexis Jenni a �crit �pour se faire plaisir�, entre deux cours donn�s au lyc�e, et se consid�rait jusqu'ici comme �un �crivain du dimanche�. Cet agr�g� de biologie de 48 ans n'a pourtant jamais cess� d'�crire, mais �de petites choses�, dit-il, rest�es dans ses tiroirs. �Je suis modeste, c'est un handicap un peu ridicule, je sais�, �crit Jenni sur son blog. Pourtant, l'Art fran�ais de la guerre, premier roman publi� de ce professeur � Lyon (centre-est de la France), envoy� par la poste � un seul �diteur, Gallimard, a fait l'effet d'une bombe. Et pourrait le propulser au sommet. Certains critiques ont m�me cru � un nouvel Emile Ajar. �Jenni� ? Trop beau pour �tre vrai, affirmaient ceux qui pensaient qu'il s'agissait du pseudonyme d'un auteur connu, comme Romain Gary avait utilis� celui d'Ajar � la fin de sa vie. C'est pourtant bien le v�ritable nom de ce p�re de trois enfants aux origines suisses-allemandes que trahit sa blondeur stri�e de blanc, cheveux en bataille et barbe de trois jours. Dans sa fresque de 630 pages, �pop�e entre Indochine et Alg�rie, il encha�ne les sc�nes de combats poisseuses, charnelles, �voque l'omnipr�sence des vingt ans de guerres coloniales dans les esprits d'aujourd'hui, questionne l'identit� nationale. De rares auteurs ont d�j� d�croch� le Goncourt avec un premier roman, dont Jonathan Littell, en 2006, avec les Bienveillantes. N'oublions pas les autres �goncourisables�. Avec Retour � Killybegs (Grasset), Sorj Chalandon s'est replong� dans l'Irlande du Nord et la douleur de la trahison, d�j� au c�ur de son roman Mon tra�tre. Romancier et po�te, Lyonel Trouillot met en sc�ne dans La belle amour humaineun dialogue d�cal� entre un Ha�tien et une jeune Occidentale, en qu�te de r�ponses sur son p�re qu'elle a � peine connu. Recr�ant la f�erie de son premier roman le C�ur cousu, pl�biscit� en 2007, Carole Martinez pr�te sa voix, dans Du Domaine des murmures, � une jouvencelle du Moyen-�ge qui se fait emmurer vivante pour se donner � Dieu, mais que la fureur du monde rattrapera. Quatre auteurs sont en lice pour le Renaudot : Emmanuel Carr�re, qui brosse avec maestria dans Limonov (POL) le portrait de cet �crivain russe sulfureux devenu leader ultranationaliste, dont la vie ressemble � un roman d'aventure. Eric Reinhardt d�peint dans le Syst�me Victoria (Stock) la liaison torride et v�n�neuse entre une femme d'affaire et un architecte. Morgan Sport�s s'attaque au Gang des barbares avec Tout, tout de suite (Fayard) et Shumona Sinha � l'immigration dans Assommons les pauvres !(L'Olivier).