Pour la premi�re fois depuis le d�but de son proc�s lundi devant la cour d'assises sp�ciale de Paris, Carlos a abandonn� hier son air fanfaron et �clat� en sanglots en �voquant ses �camarades� morts pour la cause en Jordanie lors des combats de 1970-71. �J'�tais le premier volontaire pour la gu�rilla�, se souvient Ilich Ramirez Sanchez en �voquant ses premi�res ann�es de combat avec le Front populaire de lib�ration de la Palestine (FPLP). Alors que depuis trois heures, celui qui se d�crit comme un �r�volutionnaire de naissance� plaisante, il change brusquement de ton. De tonitruante, sa voix devient inaudible. Et il replonge pour quelques secondes �dans cette nuit de bombardements dans les camps� palestiniens. On est en septembre 1970, ce mois que l'on baptisera Septembre Noir. La Jordanie se bat alors contre les fedayins palestiniens. Jusqu'� l'�t� 1971, les combats, extr�mement violents, provoquent la mort de milliers de civils palestiniens. �Malheureusement, la plupart de mes camarades sont morts et je suis en partie coupable�, murmure Carlos, la voix bris�e. �Tous ces gens sont morts tu�s comme des chiens�, �il y avait des civils� et �mes camarades sacrifi�s pour la cause�, dit-il. Le contraste est saisissant avec les trois heures qui viennent de s'�couler au troisi�me jour de ce proc�s o� Carlos est jug� pour quatre attentats (onze morts et 150 bless�s) commis en France il y a plus de 30 ans. Apr�s avoir rejet� plusieurs demandes de la d�fense comme la possibilit� pour l'accus� d'organiser une conf�rence de presse ou l'annulation des rapports des services secrets hongrois, roumains et est-allemands concernant son dossier, le pr�sident de la cour Olivier Leurent a pu enfin aborder la �personnalit� de M. Ramirez Sanchez�. Encore faudrait-il que Carlos r�ponde pr�cis�ment aux questions... �J'en reviens � ma question, M. Ramirez Sanchez.� Une fois, deux fois, trois fois... le pr�sident Leurent doit constamment le recentrer. �Mais je vais vous expliquer, M. le pr�sident.� Dans le box, l'entr�e en mati�re est toujours la m�me, mais la r�ponse emprunte de si nombreux m�andres qu'elle aboutit rarement. �Je suis un grand bavard�, confesse en riant le polyglotte aux six langues, sans dire s'il le sera autant quand la cour en arrivera � examiner les quatre attentats qui lui sont imput�s et dont il nie �tre � l'origine. Dans la matin�e, on aura appris que son p�re �tait un avocat marxiste, un �rebelle� qui avait pass� sept mois en prison, �un anti-cl�rical farouche�. Quant � sa maison de Caracas, c'�tait �une belle villa. On avait une cuisini�re, une femme de m�nage et une femme pour laver et repasser, un jardinier, un chauffeur d'une grande limousine et les gardes du corps de mon p�re. On vivait tr�s bien�. �On n'�tait pas des milliardaires, mais mon p�re gagnait beaucoup d'argent et le pr�sident de la R�publique (Rafael Caldera) �tait son cousin�, ajoute Carlos qui dit avoir �t� �duqu� par �des pr�cepteurs communistes�. Il dira aussi avoir eu �quatre enfants�, mais �je ne les ai pas �lev�s�, � l'exception d'Elbita, la fille qu'il a eue avec son �pouse allemande Magdalena Kopp. �Vous croyez que c'�tait facile?!�, s'�nerve-t-il, avant de lancer : �C'est le prix � payer pour l'engagement r�volutionnaire.�