[email protected] C'est sans doute pour mieux refl�ter le d�bat politique actuel en Egypte que la cha�ne priv�e �gyptienne Al-Hayat 2 a r�uni samedi dernier sur une m�me plage horaire, mais sur des plateaux diff�rents, deux tendances, jadis unies, aujourd'hui � l'oppos� l'une de l'autre. Il s'agissait de la pol�miste islamiste Safinaz Kadhem et de son ex-�poux, le po�te Ahmed Fouad Negm. A les voir et � les entendre aujourd'hui, on peut se demander ce qui a bien pu r�unir un jour ce sybarite, inspir� par les muses et par d'autres charmes plus charnels, et cette virago d�pouill�e de toute f�minit� (1). Une dondon, comme le sont les Egyptiennes qui ont renonc�, ou un �antidote � l'amour�, dirait notre d�funt ami et confr�re Kheireddine Ameyar. Toujours est-il que ces deux-l�, aussi dissemblables qu'ils soient aujourd'hui, se sont rencontr�s, aim�s, et ont fond� un foyer, m�me s'il fut �ph�m�re. Les Egyptiens �tant toujours aussi galants devant ce qui s'apparente � la f�minit�, c'est Dame Safinaz (2) qui nous est apparue en premier. Cette fois-ci, l'ex-femme du po�te s'est mu�e, � d�faut de muter, en agent �lectoral pour le compte de l'un des candidats annonc�s � la pr�sidentielle, Abdelmone�m Aboulfoutouh. Ne vous fiez pas � ces patronymes extensibles, venus du fin fond de l'�re kore�chite, ils sont l� pour la frime, et accessoirement pour marquer l'identit� islamiste. Tenez, par exemple, la traduction du boulevard Bougara, � Alger, en langage kore�chite donnerait Abou-Djarra (3). Donc, Abdelmone�m, pour faire court, �tait un membre dirigeant et influent du mouvement des Fr�res musulmans, donn� pour vainqueur aux prochaines �lections l�gislatives. Il est, par ailleurs, pr�sident de l'Union des m�decins arabes (UMA, un sigle qui recouvre d'autres appellations de moindre importance). En mars dernier, il a annonc� sa d�mission du mouvement et la cr�ation d'un nouveau parti, en pr�vision des �ch�ances �lectorales. Dans la foul�e, il a fait part de son intention de se porter candidat � la magistrature supr�me, sans en r�f�rer � ses compagnons au sein du mouvement. En juin, l'instance dirigeante des Fr�res a prononc� l'exclusion du Dr Abdelmone�m Abdelfoutouh. Islamiste bon teint, Abdelmone�m se dit partisan de toutes les libert�s, mais il nuance en ajoutant qu'il appartient au peuple de choisir ses propres r�f�rents l�gaux. En somme, si le peuple opte pour un parti islamiste, adepte de la Charia, ce ne sera pas de sa faute � lui. Tout comme le Tunisien Ghannouchi peut dire qu'il n'a pas vot� � la place des Tunisiens qui ont choisi Ennahda. Autrement dit, le choix de la �soumission par les urnes� comme l'exprime si joliment notre confr�re Kamel Daoud. Pour faire barrage au pr�sident de l'UMA (celle des m�decins arabes, disais-je), les membres de la direction ont d�cid� de soutenir la candidature de S�lim Al-Aoua, un �penseur � islamiste qui hante les s�minaires et les colloques. Il s'est notamment distingu� par ses attaques �post mortem� contre Nasser, Sadate et accessoirement Moubarak quasiment r�duit au m�me statut. Cependant, S�lim Al-Aoua est surtout un dangereux pyromane aux yeux de nombreux intellectuels �gyptiens. C'est lui, en particulier, qui a lanc� la campagne de haine contre les Coptes, en affirmant qu'ils entreposaient des armes dans leurs �glises. Ce genre de discours a contribu� � persuader une partie de l'opinion �gyptienne que les 27 Coptes tu�s � Masp�ro le 9 octobre dernier avaient �t� victimes de leurs propres fr�res en religion. Ces insinuations mensong�res ont �t�, en partie, corrobor�es par le rapport du Comit� national pour les droits de l'homme publi� au d�but de ce mois. Le rapport est venu valider la version de l'arm�e selon laquelle ce sont des civils arm�s qui ont commis le carnage. Djamel Al-Ghitany, l'un des rares �crivains �gyptiens � s'�tre �lev� contre la campagne anti-alg�rienne apr�s Oum- Durman, a une opinion tranch�e en ce qui concerne S�lim Al- Aoua. �On ne peut pas diriger un pays comme l'Egypte lorsqu'on est hostile � une partie de son peuple�, dit-il. Al-Ghitany va m�me plus loin en affirmant que si le douktour Al-Awa devient pr�sident de l'Egypte, �les Coptes devront faire leurs bagages�. Deuxi�me invit� de cette soir�e particuli�re, le po�te Fouad Negm ne s'est pas content� de d�clamer ses derniers vers � la gloire de l'Egypte et de sa r�volution. Il a, en particulier, rendu hommage au combat du peuple syrien et a compar� Bachar Al- Assad � Mouawya, le khalife-roi controvers�. Le po�te a manifest� son d�dain pour la classe politique actuelle, soulignant que le peuple n'avait confiance qu'en la g�n�ration de la place Al-Tahrir. Sans citer nomm�ment Amr Moussa, l'ancien secr�taire g�n�ral de la Ligue arabe, Fouad Negm a affirm� que cette institution �tait un �hospice de vieillards�. Du s�nescent Amr Moussa (il a 77 ans), autre candidat � l��lection pr�sidentielle, Djamel Al- Ghitany dit que s'il est �lu on devra se pr�parer � l'enlever d�s maintenant. �C'est un second Moubarak, et je serai le premier � participer � une manifestation exigeant son d�part�, dit-il. �Amr Moussa est un homme vide, insignifiant, et qui n'a jamais lu un seul livre de sa vie. Il ressemble � Chabane Abderrahim, et ce n'est pas un hasard si ce dernier a fait une chanson sur lui (4)�, ajoute l'auteur de Zeyni Barakat. Il y a quelques semaines, l'�crivain avait accus� Amr Moussa d'avoir touch� un pactole de 5 millions de dollars en guise de prime de d�part de la Ligue arabe. Une prime sans doute pay�e par les �mirats p�troliers du Golfe, avides d'�tendre leur influence sur tout, m�me sur un machin comme la ligue du Caire. A. H. 1) Qu'on ne me dise pas encore que ce sont les effets de l'�ge : une belle femme reste belle m�me � un �ge avanc�, sauf si elle d�cide que la beaut� est un attribut infernal dont il faut se d�barrasser � tout prix. 2) J'ai lu r�cemment dans un journal voil� que Safinaz Kadhem, de son propre aveu, avait d�cid� de porter le hidjab sur incitation d'un th�ologien alg�rien, rencontr� dans un avion. Comme quoi les Alg�riens ne sont pas des ingrats. 3) Je peux affirmer que les Alg�riens sont le seul peuple qui, par maladresse ou masochisme, versent leur soupe dans l'�cuelle des autres. En revanche, ils prennent un malin plaisir � emprunter aux autres tout ce qui est inutile ou impropre � la consommation. 4) Chaabane Abderrahim a l'allure d'un maffieux repenti, bard� de bijoux clinquants. G�rant d'une boutique de repassage, il a acc�d� au box-office �gyptien avec une chanson intitul�e �Moi, j'aime Amr Moussa, et je d�teste Isra�l�.