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KIOSQUE ARABE
Des femmes qui font peur
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 09 - 2011


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Il y a des moments � la t�l�vision o� il vaut mieux regarder un film d'horreur, avec des torrents d'h�moglobine, que de voir une �mission d'actualit�. Dans le genre thriller et �pouvante, les personnages et les situations sont purement imaginaires. Toute ressemblance avec la r�alit� serait purement fortuite, et ne rel�verait que d'un simple hasard. Dans l'actualit� � la t�l�vision, jamais rien n'est laiss� au hasard, sauf l'exception ENTV.
Les personnages sont bien r�els, si r�els qu'ils font peur, et cette peur n'a rien � voir avec celle qu'on �prouve devant Dracula s'abreuvant � la gorge de l'innocente vierge. Oui, il y a des jours o� il vaut mieux aller voir ailleurs que d'affronter les horreurs qui d�filent sur nos petits �crans. Non ! Je ne pense pas aux apparitions du fantomatique Kadhafi, ni aux messages guerriers de sa fille, transmis � partir du Clubdes- Pins(1). Quant � notre Unique et Orpheline �Yatima�, les personnages qui y d�filent au sommet ne sont pas plus �pouvantables que ceux qui d�fraient la chronique � Damas ou � Syrte. Nous avons certes un pr�sident col�reux et autoritaire, tendance apr�s lui le d�luge, mais il est bien loin d'�galer Kadhafi ou Assad, m�me s'il s'obstine � leur ressembler. La peur de l'avenir, la seule vraie peur omnipr�sente et affligeante, c'est celle qui vous saisit lorsque vous assistez � l'interview irr�elle d'une apparition, men�e par un journaliste c�l�bre, mais d�cri�. L'apparition, c'est la maman de Khaled Islambouli, le meurtrier du pr�sident Sadate, ramen�e d'on ne sait quel exil pour la comm�moration prochaine du 30e anniversaire de la mort du �Ra�s�. C'�tait le 6 octobre 1981, alors qu'il pr�sidait un d�fil� comm�morant la �victoire� de la guerre d'Octobre 1973. Des militaires qui participaient au d�fil�, et men�s par le lieutenant Islambouli, avaient pris d'assaut la tribune, dress�e sur la place Al-Tahrir, tuant Sadate. A l'annonce de la trag�die, j'avais cru devoir saluer l'�v�nement dans Alg�rie-Actualit� avec ce titre triomphaliste : �L'�gypte revient !�. J'avais tort, comme la suite me l'a amplement prouv�. Le 15 avril 1982, Khaled Islambouli, membre du djihad islamique, fond� par Aymen Zawahiri, successeur de Ben Laden, avait �t� ex�cut�, en m�me temps que cinq de ses compagnons. Les mollahs d'Iran avaient octroy� la qualit� de �chahid� � Islambouli et baptis� � son nom les rues de plusieurs villes iraniennes. Depuis, le djihad islamique a fait amende honorable et renonc� � l'usage de la violence. Bref, tout le monde a chang�, sauf la maman de Khaled Islambouli. Cette dame, d'un �ge certain et d'une lucidit� effroyable, �tait ces jours-ci l'invit�e de Wael Al- Abrachi(2), journaliste vedette, animateur de l'�mission �Al-Hakika�, sur la cha�ne priv�e Dream TV. Face � un journaliste, beaucoup plus soucieux d'�motion que de t�moignages, la maman d'Islambouli, film�e comme une �Mater dolorosa�, s'est �vertu�e � confirmer toute la suspicion qu'on peut �prouver devant le projet islamiste. D'abord, elle ne regrette rien de ce qui s'est pass�, et elle voit dans la r�volution du 25 janvier une victoire posthume de son fils. Plus fort encore : Khaled n'a accompli son geste que pour ob�ir � Dieu et m�riter la gr�ce divine. Il aurait dit � ses ge�liers, lors de la derni�re visite de sa m�re, de prendre les victuailles qu'elle avait ramen�es, parce que lui �tait attendu par les Houris. Que le meurtrier de Sadate ait cru jusqu'au bout � l'extatique r�compense, cela peut se comprendre, mais la m�re� Entendre une dame �g�e justifier la violence et le meurtre, comme relevant de l'ob�issance aux commandements divins, a de quoi semer le trouble et l'inqui�tude sur l'�volution de nos soci�t�s. Quant � l'action d'une internationale islamiste, accoint�e avec Al-Qa�da et vivant de ses subsides, elle ne souffre plus aucun doute. C'est d'ailleurs Mme Islambouli, elle-m�me, qui le confirme : sa petite-fille est mari�e avec l'un des nombreux fils de Ben Laden. Qui se ressemble s'assemble. Dans la cat�gorie des femmes � barbe, la tr�s d�cri�e Souad Salah occupe une place � part, comme l'attestent les pol�miques qu'elle suscite. Elle m�ne ainsi une guerre acharn�e contre les fondamentalistes qu'elle accuse d'�tre un danger pour l'Islam. Souad Salah est capable du pire comme du meilleur, le pire �tant sa fatwa par laquelle elle d�cr�te que le mari a le droit de violer son �pouse. En revanche, la pr�dicatrice qui milite au Wafd, �un parti la�que et non-ath�e�, admire la tr�s controvers�e actrice Yusra qu'elle consid�re comme une tr�s grande artiste. A l'occasion du d�bat en France sur le port du niqab, Souad Salah a pris implicitement position en faveur de son interdiction en affirmant que cet accoutrement n'avait rien � voir avec l'Islam. Dans la m�me cat�gorie, on retrouve Safinaz Kadhem, l'ex-femme du po�te Fouad Negm, et la maman de la militante activiste Nouara Negm, l'une des �g�ries de la r�volution du 25 janvier(3). Safinaz Kadhem ne cache pas son admiration pour le chef du Hezbollah, Nasrallah, et pour l'Ayatollah Khome�ni. Ses d�tracteurs l'ont accus�e d'�tre � la solde des services secrets iraniens, et des animateurs l'ont m�me int�gr�e dans leur �liste noire� des adversaires de la r�volution en cours. Safinaz Kadhem �tait, de son c�t�, l'invit�e de la cha�ne concurrente Al-Hayat (� ne pas confondre avec la cha�ne adventiste du m�me nom), o� elle a tenu des propos, non d�nu�s de logique, mais qu'il faut juger avec circonspection. C'est ainsi qu'elle s'est montr�e tr�s r�serv�e quant � l'admiration que suscite en �gypte le chef du gouvernement turc, Erdogan. Elle estime que c'est bien que M. Erdogan soutienne les habitants et les enfants de Ghaza, mais ce serait bien aussi qu'il cesse de tuer les Kurdes. Elle va m�me � l'encontre des id�es re�ues en la mati�re puisqu'elle soutient que les Kurdes aussi ont droit � une patrie. On peut lui retourner le compliment en notant que c'est tr�s honorable de s'�mouvoir du sort des Kurdes, mais qu'il serait encore plus louable de s'inqui�ter du droit des coptes d'�gypte, ses concitoyens.
A. H.
(1) En r�alit�, je ne sais pas si A�cha se trouve vraiment sur ce site prot�g�, mais comme nous avons l'habitude d'y accueillir les h�tes les plus encombrants�
(2) Al-Abrachi s'est illustr� de triste mani�re, au lendemain du match de Khartoum en accusant le peuple alg�rien d'avoir complot� avec son gouvernement pour agresser les �gyptiens au Soudan. C'est une stupidit� que de voir une collusion entre un gouvernement et son peuple, sachant l'aversion qu'ils �prouvent l'un pour l'autre. Apr�s la victoire de l'�gypte sur l'Alg�rie, en coupe d'Afrique, il avait r�cidiv� en s'�criant : �La victoire sur les �baltaguias� alg�riens est plus douce pour moi qu'une qualification au mondial.�
(3) Selon le quotidien Al- Khabar, Nouara Negm avait �t� invit�e au Salon du livre, et elle devait participer au colloque sur les r�volutions arabes, organis� par El-Watan, mais elle s'est r�cus�e sans explication. Je l'ai directement interrog�e l�-dessus sur sa page Facebook, mais sans avoir eu de r�ponse, m�me silence sur son blog.


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