Les Bordjiens r�vent d�une ville avec des jardins, des espaces verts, des aires de jeux pour leurs enfants, en somme de la nature au lieu de bitume. Mais que sont donc devenus nos jardins publics ? Ces lieux de qui�tude, de verdure, sont-ils condamn�s � n��tre que des zones de non-droit, des d�potoirs, des espaces dangereusement conquis par la d�linquance ? Les jardins publics � Bordj-Bou-Arr�ridj demeurent les poumons d�une agglom�ration destin�e � s��tendre et � s�accro�tre de fa�on vertigineuse, si l�on consid�re que l�extension urbaine actuelle de la ville est mal ma�tris�e, pour ne pas dire d�figur�e par les pseudo-urbanistes. Un �talement excessif de la cit�, sans �me, avec une laideur architecturale criante, expression de la forfanterie d�une bourgeoisie qui b�tit haut pour montrer sa �supr�matie� due la n�goce, au blanchiment d�argent, � la corruption et � la contrefa�on du luxe. Cette extension du b�ton a rameut� les populations paysannes des alentours qui ont fui la terreur et la paup�risation, attir�es qu�elles sont par ce carrefour marchand. On a beaucoup construit � Bordj-Bou-Arr�ridj sans planter un m�rier ou un lierre. La culture du b�ton a triomph� sur la nature et le bon sens. Cette situation est due � la conjugaison � l�incomp�tence de l�administration et des �lus. Fort heureusement, la ville a la chance d�avoir quelques jardins publics dont deux h�rit�s de l��poque coloniale sous forme de squares au centre-ville, l�un jouxtant l�ancienne �glise, constitu� d�un damier botanique et d�all�es ombrag�es qui, malheureusement, est devenu un d�potoir (canettes de bi�re, papier, sachets plastique) et un lieu o� se rencontrent les p�dophiles. L�autre est implant� au d�but du si�cle pass� en amont du cours du Cheyron, l�actuelle place de la libert� dont on a grignot� au fil du temps quelques portions pour construire un march�, sale et sans �me, que les �lus de l��poque ont octroy� d�une mani�re client�liste. Le square, jadis avec une cl�ture en fer forg�, avec des tonnelles, entretenu avec amour et abn�gation par des jardiniers municipaux respect�s de tous. On accrochait des bouquets de jacinthe et de roses aux devantures lors des f�tes nationales et autres kermesses et sur les voitures des mari�es. Les deux autres jardins de la ville ont �t� con�us apr�s l�ind�pendance. Le premier, formant une perspective au pied du ch�teau Bordj El-Mokrani et s��tendant jusqu�� l�art�re du centre-ville, �tait un terrain vague que l�ancien maire, le d�funt Mohamed Khetal, sauva du b�ton. Le deuxi�me, aux lieu et place de la vieille caserne des spahis et longeant l�enceinte du vieux Bordj, fait partie d�un �complexe� fait d�aire de jeux, de kiosques et d�esplanades, un projet dit la citadelle initi� par le premier wali de Bordj-Bou-Arr�ridj et qui a permis l�ouverture d�un grand espace vert au centre-ville. Ayant perdu leur charme d�antan, victimes du laisseraller et de la crise des valeurs, les jardins publics de Bordj-Bou-Arr�ridj connaissent un �tat de d�labrement alarmant. Jadis lieux de loisirs sains et de s�r�nit�, ils se sont transform�s, par la volont� destructrice de l�homme, en des souks de la drogue et de psychotropes. Endroits malfam�s le jour et zones dangereuses la nuit, infest�s depuis quelque temps par des bandes qui se livrent aux bagarres et agressions sous l�effet de la drogue, au vu et au su de tous, les jardins publics sont devenus des lieux de d�ch�ance ; drogue et violence se c�toient dans ces espaces non gard�s. Quant � la police, elle fait ce qu�elle peut pour s�acquitter honorablement de ses missions. Les honn�tes gens appellent les autorit�s locales � apporter une r�ponse aux probl�mes de la cit�. Il s�agit d�sormais de penser la ville comme un milieu vivant, inscrit dans un environnement naturel et s�curis�, un territoire qui respecte les r�gles de fonctionnement et d��quilibre. En tout �tat de cause, il faut renouer avec la culture du paysage.