Mais que sont donc devenus nos jardins publics ? Ces lieux de qui�tude, de verdure sont-ils condamn�s � n'�tre que des zones de non-droit, des espaces dangereusement conquis par la drogue et la d�linquance ? Les jardins publics � Bordj-Bou- Arreridj demeurent les seuls poumons d'une agglom�ration destin�e � s'�tendre et s'accro�tre de fa�on vertigineuse, si l'on consid�re l'extension urbaine actuelle de la ville mal ma�tris�e par nos pseudo-urbanistes : un �talement excessif, compact, tant�t fait de laideurs architecturales criantes, tant�t cherch� de la forfanterie d'une bourgeoisie qui b�tit haut pour croire se d�ruraliser rapidement et faire souche � la faveur de la prosp�rit� du n�goce des devises et du commerce en gros. Cette extension du b�ton qui a rameut� toutes les populations paysannes des alentours sous le coup de la terreur et de la paup�risation des campagnes est due � l'exode, � la croissance mercantile du carrefour marchand qu'offre la r�gion et � la sp�culation fonci�re faramineuse qui ont fait multiplier le Vieux Bordj par 40. Depuis 30 ou 40 ans, on a beaucoup construit � Bordj-Bou-Arreridj sans planter un m�rier ou un lierre. La culture du b�ton a triomph� sur la nature et le bon sens. Cet �tat de fait est d� non pas � l'administration, mais aux �lus. Fort heureusement, la ville a la chance d'avoir eu quelques vieux poumons que sont ses jardins publics dont deux h�rit�s de l'�poque coloniale sous forme de squares au centre-ville ; l'un jouxtant l'ancienne �glise et constitu� de damier botanique et d'all�es ombrag�es, l'autre est implant� depuis le d�but du si�cle pass� en amont du cours du Cheyron, l'actuelle place de la Libert� et dont on a grignot� au fil du temps quelques portions pour construire un march� sale et sans �me, que les �lus de l'�poque ont octroy� � la mani�re client�liste. Le square, jadis cl�tur� au fer forg�, bien gard�, servant de tonnelles de lecture, entretenu avec amour et abn�gation par des jardiniers municipaux respect�s de tous mais depuis lors d�c�d�s et avec eux les bouquets de jacinthes et de roses qu'on accrochait aux devantures lors des f�tes nationales et autres kermesses et voitures de mariages. Les deux autres jardins de la ville de Bordj-Bou- Arreridj ont �t� con�us apr�s l'ind�pendance. Le premier formant une perspective au pied du ch�teau Bordj-elmoksa et s'�tendant jusqu'� l'art�re municipale du centre-ville �tait un terrain vague que l'ancien maire, le d�funt Mohamed Khetal, sauva du b�ton. Le deuxi�me aux lieu et place de la vieille caserne des spahis d�truite et longeant l'enceinte du Vieux Bordj fait partie d'une grande aire de jeux, de kiosques et autres esplanades : projet dit la citadelle initi� par le premier wali de Bordj-Bou- Arr�ridj et qui a permis l'ouverture d'un grand espace vert entre les quartiers du centre-ville. Ayant perdu leur charme d'antan depuis des lustres, victimes d�un laisser-aller et de la crise des valeurs qui ont touch� toute vie urbaine digne de ce nom, les jardins publics de Bordj- Bou-Arr�ridj connaissent un �tat de d�labrement et de d�rive alarmant. Jadis lieux de loisirs sains et de s�r�nit� douillette, ils se sont transform�s par la force des choses en des souks de la drogue et des psychotropes. Endroits malfam�s de jour et zones dangereuses la nuit, infest�s depuis quelque temps par des bandes de jeunes dangereux qui se livrent aux bagarres et agressions sous l'effet de la drogue dont on fait usage et commerce au vu et au su de tous. Les jardins publics sont devenus le rendez-vous de tous les fl�aux et de toutes les d�ch�ances ; drogue et violence sont le lot presque quotidien de ces espaces non gard�s et propices � toutes les puanteurs. Quant � la police, elle fait ce qu'elle peut pour s'acquitter honorablement de sa mission afin de pr�server la population des avatars de la jeunesse d�linquante. Devant cette angoisse grandissante, des honn�tes gens et des familles en appellent aux �lus locaux.