Rien ne va plus entre Alger et Ankara. Hier encore, le secr�taire g�n�ral et n�anmoins Premier ministre Ahmed Ouyahia a interpell� s�chement le gouvernement islamiste turc : �Nous disons � nos amis turcs de cesser de faire de la colonisation de l�Alg�rie un fonds de commerce� ! Pas moins. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - �Personne n�a le droit de faire du sang des Alg�riens un fonds de commerce�, insistait Ouyahia lors d�une conf�rence de presse qu�il animait hier au si�ge de son parti, le RND � Ben Aknoun. En tout cas pas la Turquie �qui avait toujours vot� contre toute les r�solutions favorables � l�Alg�rie durant la R�volution. Qui, en sa qualit� de membre de l�Otan, avait d�une certaine mani�re particip� aux crimes commis contre les Alg�riens �, argumentait Ouyahia qui n�a pas manqu� de rappeler le pass� colonial de la Turquie m�me, en Alg�rie. Pour rappel, Ankara avait brandi le �cas alg�rien� pour r�pondre aux Fran�ais dont le Parlement interpellait la Turquie sur le g�nocide arm�nien. Il faut dire que cet �pisode n�est que la goutte qui a fait d�border le vase. Le gouvernement Erdogan, d�ob�dience islamiste il est important de le souligner, n�h�site plus � �fourrer son nez� dans les affaires de tous les pays arabes depuis l�explosion qui secoue la r�gion ou ce qui est appel� �le printemps arabe�. �Printemps arabe� � propos duquel Ouyahia affirmera encore : �Un jour viendra o� l�histoire r�elle de ce printemps arabe s��crira. Ce jour-l�, beaucoup de choses sortiront.� Toujours concernant la sc�ne internationale, Ouyahia d�fend avec vigueur la diplomatie alg�rienne. �Pourquoi Ghannouchi a �t� invit� en Alg�rie ? S�il y a des choses que nous ne disons pas par pudeur, eh bien je vous confie que ce n��tait pas l�Alg�rie qui avait invit� Ghannouchi mais que c��tait ce dernier qui avait demand� � �tre re�u.� Et � propos de la Tunisie de mani�re g�n�ral, �lorsque le Premier ministre Gaid Essebsi �tait venu en Alg�rie, il a obtenu la seule aide concr�te : 100 millions de dollars�. S�agissant des relations avec le Maroc et du sempiternel probl�me de �la r�ouverture des fronti�res�, Ouyahia, tout aussi offensif, r�plique : �Vous avez sans doute remarqu� qu�il a eu de nombreuses visites �chang�es entre les deux pays (au niveau minist�riel, ndlr). Les fronti�res seront rouvertes un jour ou l�autre. Mais je tiens � dire ceci : la bonne volont� doit s�accompagner d�un peu de doigt�. Et ce n�est certainement pas en s�envoyant quelques patates pardessus le mur de son voisin comme c��tait le cas lors de la crise libyenne.� �Nous ne sommes les tirailleurs de personne� Le mot �tait l�ch�. S�il y a un dossier sur lequel la diplomatie alg�rienne �tait particuli�rement attaqu�e, c�est bel et bien celui de la gestion de l�affaire libyenne. �L�Alg�rie a ce d�faut d��tre ent�t�e sur des principes. Nous sommes toujours violemment oppos�s � l�ing�rence (�) Jadis, du temps de la colonisation, les Alg�riens �taient engag�s dans des guerres sous la l�gion des tirailleurs alg�riens. Eh bien, aujourd�hui, nous nous ne sommes les tirailleurs de personne !� dira d�abord le Premier ministre pour expliquer la non-implication de l�Alg�rie dans le conflit libyen. Avant d�encha�ner : �Et puis, il faut bien le dire, des fr�res du CNT ont commenc� par faire preuve d�un manque de finesse extraordinaire. Que n�a-t-on pas entendu en effet. Mercenaires par-ci, avions militaire alg�riens par-l�, etc.� Rappelant la vieille ligne de la diplomatie alg�rienne qui consiste � ne reconna�tre que les Etats et non pas les r�gimes, �doctrine qui �tait celle d�un pays comme la France �galement jusqu�� il y a seulement quelque temps�, Ouyahia rappellera que l�Alg�rie avait m�me rompu ses relation avec Kadhafi en 1993 pendant six mois, en raison de sa tentative �d�ing�rence en proposant ses bons offices entre le pouvoir alg�rien et le FIS�. La conf�rence de presse du patron du RND �tait, par ailleurs, l�occasion d��tre �difi� sur plusieurs questions li�es � l�actualit� nationale. Ainsi, � sa mani�re, il confirme par exemple �la r�union des Six� de mercredi dernier ainsi que son objet. De m�me qu�il confirme � demi-mot le prolongement du mandat de Boualem Bessa�eh � la t�te du Conseil constitutionnel. �Peut-�tre qu�il avait d�abord poursuivi le mandat de son pr�d�cesseur. Cela d�pend de la lecture que l�on fait�, dira-t-il en substance. S�agissant des prochaines l�gislatives, Ouyahia dit ne craindre que �l�abstention �. Quant aux concurrents, il affirme que son parti ne nourrit aucune appr�hension particuli�re m�me avec la pr�sence de nouvelles formations politiques. Seule r�serve qu�il �mettra, et il faut entendre celle du pouvoir aussi, elle consiste en une �ferme opposition � ceux qui pr�nent la violence ainsi qu�� des agents de l��tranger�. Une allusion dans les deux cas aux islamistes. �L�Etat n�assistera pas � la disparition d�El Hadjar� Au plan �conomique, Ouyahia renoue �galement avec la fermet� qu�on lui a toujours connu. Ainsi de l�affaire d�El Hadjar et les menaces brandies par l�indien ArcelorMittal de d�poser le bilan s�il n�obtenait pas un cr�dit sans garantie. �Pourquoi on donne des garanties � la Soci�t� g�n�rale et pas � la BEA ? Pourquoi je donnerai un cr�dit sans garantie � un �tranger pour la simple raison qu�il me menace avec les six mille travailleurs alg�riens ?� s�interroge le Premier ministre avant de rassurer ces m�mes travailleurs. �Je peux dire et je le dis avec force que l�Etat n�assistera pas � la disparition d�El Hadjar.� Concernant un autre dossier qui a fait l�actualit� ces derniers temps, celui du m�dicament. Ouyahia a �galement clarifi� les choses. D�fendant son ministre de la Sant�, �Si Djamel, on le connaissait d�j� dans les moments difficiles. Il �tait avec nous au CNSA et au CNT�. Et d�expliquer que la d�livrance des autorisations d�importation des m�dicaments a connu un rythme �non acc�l�r� en 2011 en raison des probl�mes li�s �� des surfacturations et de tas d�autres motifs�. De m�me que les probl�mes financiers qui paralysent la PCH depuis des ann�es et que l�Etat a r�cemment pris en charge. �Je suis fier que des d�mocrates et des r�publicains soutiennent Nezzar� Autre sujet �voqu� par Ouyahia, l�affaire Nezzar : �J�ai d�j� eu � dire que je suis janvi�riste et je le suis par conviction. Et si �tre �radicateur, c�est de combattre le terrorisme, eh bien je suis un ��radicateur et demi� (�) aujourd�hui, si des d�mocrates et des r�publicains soutiennent Si Khaled Nezzar, j�en suis fier (�) En revanche, �a ne m��tonne pas que quelques hurluberlus s�attaquent � lui � partir de Gen�ve (�)�, ajoutera-t-il � propos de la contre-p�tition ciblant l�ancien ministre de la D�fense. K. A. QUATRI�ME MANDAT POUR BOUTEFLIKA L��trange phrase d�Ouyahia �Un quatri�me mandat de Bouteflika rendra-t-il service pour l�Alg�rie ?� Cette phrase pour le moins inattendue est celle d�Ahmed Ouyahia, prononc�e hier lors de sa conf�rence de presse anim�e en marge de la r�union du conseil national du Rassemblement national d�mocratique. Certes, cette interrogation n�a pas �t� l�ch�e brutalement et le Premier ministre qu�est �galement Ahmed Ouyahia a mis les formes pour envelopper son message. Il r�pondait � une question banale consistant � savoir si le parti, le RND, serait pr�t � soutenir un quatri�me mandat de Abdelaziz Bouteflika si jamais il d�cidait de se repr�senter en 2014. �Pour le RND, la question des mandats pr�sidentiels ne constitue ni un sujet de l�heure ni un fonds de commerce.� Pour son parti, �la priorit� ce sont les l�gislatives, puis les locales. La pr�sidentielle est encore loin et il reste encore pour le pr�sident un demi-mandat complet � accomplir�. Des r�ponses diplomatiques classiques en somme mais qui n�att�nuent que faiblement l�impact certain de l��trange interrogation cit�e plus haut�