Fidèle à sa réputation de «bête politique», le secrétaire général du RND n'a éludé, hier, aucune des questions posées par les nombreux journalistes présents à sa conférence de presse tenue au siège de sa formation politique à Ben Aknoun, Alger. Rassasiés par son verbe, certaines journalistes ont dû quitter la salle avant même la fin de la conférence. Il faut dire qu'ils en avaient eu pour leur compte. Une matière dense qui ne manquera pas d'alimenter la chronique les prochains jours. Intarissable, Ouyahia balayera d'emblée, d'un revers de la main, les accusations infondées et autres opérations de désinformation visant à accréditer l'idée que les autorités algériennes auraient été impliquées dans des activités de mercenariat et de soutien logistique au régime libyen déchu. «Vous savez, l'Algérie est entêtée sur certains principes. Des principes qui ont du sens. Nous entretenons des relations avec des Etats et non pas avec des régimes ! Que les libyens optent pour un CNT, une Jamahirya, une République ou un royaume c'est leur problème !» Ouyahia est donc revenu longuement sur l'acharnement irresponsable à vouloir impliquer coûte que coûte l'Algérie, un pays dont le seul tort dans la crise libyenne a été de refuser de s'immiscer dans les affaires d'autrui, de déplorer l'usage disproportionné de la force et de mettre en garde contre les dangers des infiltrations des groupes terroristes. Il rappellera que la Grande-Bretagne impliquée dans les raids aériens de l'Otan en Libye n'a reconnu le CNT que vers la fin août. Lorsque l'Algérie l'a fait, il n'y avait que 57 pays sur 200 à reconnaître le nouveau régime ! S'agissant de la participation du RND à l'alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia a réitéré son soutien personnel et celui de son parti au président Abdelaziz Bouteflika et ce, tant qu'il sera président. Cela dit, une résolution du conseil national du RND adoptée ce week-end s'est tout de même prononcée (et c'est là, la nouveauté au RND) en faveur de la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs. Interrogé sur l'hypothèse d'un quatrième mandat pour le président en exercice en 2014, Ouyahia réfutera cette idée : «Nous sommes le 7 janvier 2012, à quoi servirait un quatrième mandat ?» s'est-il interrogé sur l'intérêt de la question. Il rappellera à ce sujet que le chef de l'Etat s'est engagé à renforcer les institutions démocratiques et à instaurer à l'occasion notamment des prochaines élections législatives à une «transparence et un pluralisme honnête» qui conduirait, par voie de conséquence, à une alternance politique. Sur le registre «fastidieux» des allégations infondées visant à nuire à la réputation de l'Algérie, il y a la prétendue «affaire Nezzar» pour laquelle une pétition a été signée en faveur de l'ancien ministre de la Défense par des personnalités nationales, suivie aussitôt par une contre-pétition dans laquelle ont émargé plusieurs anciens terroristes notoires. Si Ouyahia ne voit pas l'intérêt de ces pétitions, il ne s'étonne pas de voir non plus d'anciens militants islamistes revenir à la charge : «Eux au moins, ils sont cohérents, ils restent dans la continuité de leur combat !» En revanche, ce qui dérange Ouyahia, ce sont ces pseudo-intellectuels (dont certains étaient membres du Comité national pour la sauvegarde de la République) qui ont soudainement tourné casaque. Certains parmi ceux qui avaient appelé à l'interruption du processus électoral en 1992 se découvrent, en effet, aujourd'hui, une nouvelle âme de superdémocrate. Ouyahia, lui, signe et persiste : «Je reste un janviériste convaincu ! Et je suis solidaire avec Si Khaled Nezzar.» La position d'Ouyahia ne souffre, ainsi, d'aucune ambiguïté et découle naturellement des principes qu'il a toujours défendus. Contrairement à certains, notamment dans le milieu de la presse, qui se sont alliés, aujourd'hui, contre toute attente à leurs anciens bourreaux.