�Monde arabe : la gauche et l�islamisme, m�me combat pour le changement ?� Tel est le th�me d�une conf�rence organis�e, mardi 24 janvier, au si�ge du centre Espoir de la nation pour les recherches et �tudes strat�giques, Office Riadh El Feth. Lors de cette rencontre-d�bat, Badr�Eddine Mili a donn� son point de vue sur la question, dans le cadre du premier anniversaire des r�volutions dites du �Printemps arabe�. L�auteur des romans La Br�che et le rempart et Les Miroirs aux alouettes a surtout apport� quelques �l�ments de r�flexion et propos� certaines pistes de recherche, notamment en remontant loin dans l�histoire du monde arabo-musulman, pour mieux expliquer les bouleversements actuels. Dans son expos�, l�Alg�rie est, bien entendu, pr�sente avec, l� surtout, des interrogations et des esquisses de perspectives. Badr�Eddine Mili a commenc� par souligner que les �r�volutions� tunisienne et �gyptienne en particulier ont r�uni �toutes les classes sociales oppos�es aux r�gimes en place, y compris la bourgeoisie compradore �. Des classes aux int�r�ts pourtant divergents, mais qui se sont retrouv�es �fondues, r�unies autour d�une revendication fondamentale et qui est la fin de la dictature et des r�gimes liberticides�.Apr�s la chute des dictateurs, �des alliances ont �t� conclues entre les islamistes, les la�cs, les partis de gauche et autres lib�raux autour d��lections libres en Tunisie et en Egypte�, ajoute le conf�rencier. Cela m�rite de se poser des questions, m�me si le processus a �t� quelque peu d�voy�, soutient Badr�Eddine Mili. Et c�est ce qu�il a tent� de faire dans son expos� tout en proposant quelques �l�ments de r�ponse. Alors, les �r�volutions du Printemps arabe� sont-elles un effet de conjoncture ou une tendance lourde ? �Difficile de r�pondre en l��tat actuel des choses, fait-il observer, tant le ph�nom�ne n�est pas rev�tu d�une r�gle g�n�rale.� Selon lui, �cet �tat de fait in�dit pousse les observateurs que nous sommes � aller plus avant dans le questionnement du pass�. Et, d�abord, ce constat : �Pour avoir accept� de faire partie d�un m�me gouvernement, ces partis que tout semble opposer ont boug� quelques lignes rouges qui les s�paraient. Mais alors l�islamisme est-il enfin parvenu � se r�former et � renouer avec l�esprit scientifique notamment ? Pour sa part, la gauche la�que est-elle aujourd�hui pr�te � admettre l�Islam politique ? Les �lites de l�un et l�autre p�le auraient-elles d�bouch� sur des points de convergence qui permettraient de sortir de la crise du monde arabo-musulman, crise qui remonte � la chute de l�empire ottoman ? Pour Badr�Eddine Mili, pareil challenge para�t difficile � relever, quoique un premier pas a �t� fait. D�o� tant et tant d�interrogations qui se croisent et s�entrechoquent dans les esprits. Pour aider � d�fricher le terrain, le conf�rencier propose de commencer par �d�poussi�rer� l�histoire. Se r�f�rer � l�histoire plus ou moins contemporaine, par exemple, facilitant la compr�hension du ph�nom�ne. De ce qu�avait �t� notamment la gauche dans le monde arabo-musulman, surtout � l��poque des luttes ouvri�res et de la guerre froide. Cette gauche-l�, fait-il remarquer, �est une r�alit� tr�s ancienne, et elle est la r�sultante des luttes sociales�; Elle est constitu�e de partis (dont le Parti communiste) qui ont activ� plus ou moins clandestinement, ou m�me fait partie d�une coalition gouvernementale. Ils �taient pr�sents en Tunisie, au Liban, au Soudan, en Afghanistan, en Alg�rie, au Y�men, etc. Plus ou moins tol�r�s, souvent r�prim�s, ces partis puisaient leur force �dans l�entrisme de leurs �lites�, d�apr�s Badr�Eddine Mili. A la fin des ann�es soixante-dix, rappelle-t-il, allaient surgir d�autres bouleversements. �Tr�s vite, l�infitah conjugu� � la mont�e du wahhabisme et � l��croulement de l�empire sovi�tique vont pr�cipiter l��mergence de l�islamisme. Celui-ci est tol�r� ou m�me instrument� par les pouvoirs en place�, souligne-t-il. Dans la deuxi�me partie de son expos�, consacr�e � l�islamisme, Badr�Eddine Mili �voque les �tapes qu�a travers� ce mouvement. D�abord r�duit � la clandestinit�, celui-ci a ensuite connu une v�ritable r�surrection. �La Nahda lui insuffla une nouvelle �me. La qu�te du savoir, la science sont remis au go�t du jour. Malheureusement, cette r�surrection buta sur les pesanteurs de la scolastique, de la tradition �, a-t-il remarqu�. C�est donc l��chec de la Nahda. En lieu et place de ce mouvement succ�de celui des Fr�res musulmans de Hassan El Benna en Egypte. La suite ? Une longue s�rie de r�pressions (par Nasser en Egypte, Hafedh El Assad en Syrie...). L�accalmie fut de courte dur�e, les mouvements religieux ayant �t� remis sur orbite en Afghanistan, au Soudan... L�entr�e en sc�ne de Ben Laden et d�Al Qa�da va contribuer � internationaliser encore plus le ph�nom�ne. Selon Badr�Eddine Mili, �la victoire des islamistes, aujourd�hui, est le r�sultat d�un travail entam� depuis longtemps et patiemment. Cela semble ouvrir la voie � une sorte de d�mocratie islamique, un peu comparable au mod�le des d�mocraties chr�tiennes qui ont eu � gouverner certains grands pays d�Europe. Quant � l�AKP turc, ce parti est d�sign� de facto comme l�exemple et le mod�le � suivre. La fameuse �ceinture verte�, telle que trac�e par Zbigniew Brzezinski est ainsi boucl�e, il ne manque que l�Iran. Que conclure de tous ces �v�nements et quelles projections pourrait-on faire ? La gauche a-t-elle encore un r�le � jouer dans l�orientation future de la soci�t�, et quel poids repr�sente-telle pour cela ? Dans un spectacle politique si particulier (comme en Tunisie), le compromis historique a-t-il une chance de r�ussir ? Et l�Alg�rie ? Notre pays constitue-t-il une exception ou vivra-t-il sa �r�volution� ? �Les tout prochains mois vont certainement nous livrer des �l�ments de r�ponse�, pr�f�re-t-il observer, prudent. En tout cas, avertit Badr�Eddine Mili, �seule la mobilisation de l��lectorat pourra aider � sauver la mise�. Car il devient vital �de travailler � l�arriv�e des �lites alg�riennes � l�exercice du pouvoir r�el. Dans le cas contraire, l�Alg�rie se dirigera droit vers l�inconnu�. N�anmoins, et comme nul n�est proph�te dans son pays, le conf�rencier se refuse � sp�culer l�-dessus.