Un pays au lendemain de l'indépendance. Des balbutiements politiques, économiques, sociaux pour trouver le régime adéquat. De jeunes étudiants envahis par un idéal importé d'ailleurs. Entre utopie et désillusion… “L'écriture est un acte de liberté.” C'est ce qu'a déclaré Badr'Eddine Mili, samedi, à 14h30, lors d'une rencontre organisée au siège des éditions Chihab, autour de son roman les Miroirs aux alouettes, deuxième volet d'une trilogie consacrée à l'histoire de l'Algérie. Cet ancien DG de l'Agence presse services (APS) considère que son travail d'écriture est “un devoir de mémoire envers les aînés”, se qualifiant ainsi “d'écrivain de devoir et de mémoire”. Etaient présents Lamine Bechichi, ancien ministre, et Mohamed Mechati, ancien moudjahid. Faisant suite au premier roman, la Brèche et le Rempart (paru chez le même éditeur), le Miroirs aux alouettes plante les décors dans un pays indépendant. Dans une ville, Alger, qui vit qui respire. L'auteur aborde l'histoire de l'Algérie post indépendante ; situant les évènements de son livre entre les années 1960 et 1970. Période durant laquelle le pays faisait sa mue à tous les niveaux : politique, économique, social, culturel… C'est à travers les yeux de son personnage Stopha – qui a grandi et est devenu un étudiant dans un pays libre et souverain – et de tous ces jeunes étudiants que le lecteur découvre la trame de ce roman. Comme signalé par M. Mili, ce deuxième volet, contrairement au premier, a “une couleur politique” qui “revient, déclare-t-il, aux temps des illusions pour les militants de la première heure et ceux qui sont venus après”. Même si le roman a des références historiques, l'auteur a tenu à la distanciation entre les personnages de son livre et la réalité. “C'est le romans d'une génération post-indépendance, venue regagner les travées de la jeune université algérienne indépendante”, affirme-t-il. Et d'ajouter que ces étudiants étaient à l'université pour chercher le savoir, pour le mettre au service d'un militantisme. Toute une génération a cru en un idéal de gouvernance et de vie. L'auteur reviendra, en outre, sur moult détails qui ont marqué cette période, partageant son roman en deux parties : “Au pays du Frère Militant” et “Voyage dans les miroirs du Grand Frère”, faisant référence dans chacune d'elles, sans les nommer, aux deux premiers présidents de l'Algérie indépendante. Le point de départ est le militantisme pour un idéal prônant l'égalité sociale pour arriver à “la chute des utopies”. Un chemin jalonné de sacrifices et de dévouement d'une “élite [qui] sera en décalage avec le pouvoir et le peuple”. La raison ? “Elle n'a pas trouvé sa place dans le pouvoir [de l'époque]”, affirme l'orateur qui a déclaré plus loin qu'“elle s'est sentie utilisée, servant de vitrine” montrant que l'Algérie marchait dans le bon sillage. Par ailleurs, que ce soit dans son livre ou dans son intervention Badr'Eddine Mili pose la lancinante question : “Est-ce que Novembre a encore une actualité dans notre pays ?” La réponse est positive, car comme il l'a souligné, “le 1er Novembre est une date rupture” car la révolution algérienne – qui a porté en elle l'idéal d'un Maghreb uni – a commencé le 6 juillet 1830 au lendemain de l'invasion française. Enfin, il annonça à l'assistance, fort nombreuse, que le dernier volet de sa trilogie, prévu en 2012, abordera l'histoire de l'Algérie à partir des années 1980. Amine IDJER