Plus d�une ann�e apr�s l�immolation de son fils par le feu, inaugurant funestement la longue liste des victimes de ce nouveau fl�au, la famille de Mohcine Bouterfif, qui r�side dans la wilaya de T�bessa, est toujours en attente de r�paration morale. Par r�paration morale, Amor, le p�re du premier immol� par le feu dans le pays, qui se d�bat dans un drame social inextricable, parle de la justice qui n�est toujours pas faite et ce, malgr� une plainte d�pos�e contre la municipalit� pour harc�lement moral et instigation ayant conduit au suicide et les promesses dans ce sens du wali qui s�est engag�, dira-t-il, � suspendre momentan�ment le maire de Boukhadra, la commune de r�sidence du d�funt jeune ch�meur. Ceci en sus de l��lucidation des circonstances exactes du passage � cet acte d�sesp�r� de la victime. Mais le p�re de Mohcine est loin d�ignorer les raisons de ce retard qui, dira-t-il, a tout l�air d�un renoncement � un engagement publiquement pris, voire d�une affaire class�e. Et � notre interlocuteur, rencontr� en marge du quatri�me congr�s du RCD dont il a �t� d�l�gu� de la base, d�expliquer ce retard par le fait que son d�funt fils fut un militant actif du parti que dirige, d�sormais, Mohcine Bellabas. Ce qui l�am�nera � nous relater le film de cette histoire qui a �branl�, outre la r�gion, le pays tout entier. Le 14 janvier de l�ann�e derni�re, Mohcine Bouterfif, p�re de famille au ch�mage, se rend, en compagnie de copains, chez le maire de la localit� aupr�s de qui il sollicite un emploi. Mais la r�plique de Belkacem Negazi, le maire, fut pour Mohcine offensante puisqu�il lui aurait lanc� � la figure : �Illa andek courage, dir kima Bouazizi, cha�l rouhek ! (�Si tu as du courage, fais comme Bouazizi (le jeune Tunisien qui s�est donn� la mort en s�immolant le 17 d�cembre dernier � Sidi Bouzid, en Tunisie, ndlr), immole-toi par le feu !�). Une phrase qui a eu raison du jeune qui s�en est all� s�ex�cuter dans un ultime geste de d�sespoir. Il rendra l��me le 24 du m�me mois � 11h30 au service des grands br�l�s du Centre hospitalo-universitaire Ibn-Sina de Annaba apr�s neuf jours de profond coma artificiel. Comme pour signifier que son fils a pay� le prix fort de son engagement politique, le p�re Amor Bouterfif affirme s��tre, depuis, engag� dans le RCD, pour �honorer la m�moire de Mohcine�, affirmera-t-il entre deux sanglots. Un parti qui vient de prendre le taureau par les cornes en constituant un collectif d�avocats pour suivre l�affaire. A rappeler que Mohcine a laiss� derri�re lui une petite orpheline et une jeune veuve qui n�a pu supporter cette �pouvantable �preuve puisque ayant fini par sombrer dans la folie. Les deux malheureuses sont, depuis, prises en charge par la belle-famille.
