Le ronflement est aujourd�hui un ph�nom�ne de soci�t� dont beaucoup de personnes se plaignent. Le bruit respiratoire que produit le dormeur quand il vit en couple, et qui atteint parfois celui du moteur d�un camion, g�ne souvent le conjoint. Il est la cause de divorce mais aussi de plusieurs maladies graves tels l�hypertension, les pathologies cardiaques, voire m�me les infarctus du myocarde. Cependant, le danger du ronflement est le syndrome de l�apn�e obstructive du sommeil qui peut entra�ner la mort. Pour en savoir plus sur cette indisposition m�dicale, nous nous sommes rapproch�s du Pr Yahia Rous, chef de service ORL au CHU Frantz-Fanon de Blida, qui a bien voulu nous �clairer sur cette pathologie. Il est aussi l�initiateur en Alg�rie de plusieurs interventions chirurgicales qui ne se pratiquaient qu�� l��tranger. Le Soir d�Alg�rie : Pourriez-vous nous d�finir ce qu�est le ronflement ? Pr Yahia Rous : Le ronflement �tait � un certain moment consid�r� comme un signe de bon sommeil. Finalement, on s�est rendu compte que c�est un signe de souffrance respiratoire pendant le sommeil. Mais aujourd�hui, on peut dire que cette souffrance est � l�origine de probl�mes de sant� assez s�v�res g�n�rant des conflits chez les couples. L�homme ou la femme qui ronfle g�ne et suscite des disputes qui peuvent aller jusqu�au divorce. En France, pour ne citer que ce pays, le ronflement est un motif valable qui donne des droits � la s�paration des couples. Donc, il est devenu un fl�au dans la soci�t� actuelle. Peut-on gu�rir du ronflement ? Les gens savent aujourd�hui qu�il y a un traitement pour le ronflement, ce qui les pousse � plus de consultations d�autant qu�il y a une prise de conscience de sa s�v�rit� sachant qu�il peut se terminer par un syndrome d�apn�e obstructive pendant le sommeil. Ce syndrome se manifeste par des troubles d�insuffisance respiratoire et d�insuffisance de ventilation la nuit lorsque les muscles thoraciques sont rel�ch�s, donc la contraction spontan�e est amoindrie. L�effort � fournir pour rompre l�obstruction du passage de l�air au niveau des voies a�rodigestives devient plus important, ce qui provoque un arr�t de la respiration. C�est ce qu�on appelle l�apn�e du sommeil dans le jargon m�dical. Quelles sont les cons�quences de l�apn�e du sommeil ? L�apn�e du sommeil entra�ne des troubles de ventilation, c'est-�-dire qu�il n�y a plus d��vacuation du CO2 et moins d�apport d�oxyg�ne qui en termes m�dicaux s�appelle hypoxie. La diminution du taux d�oxyg�ne dans le sang peut aller vers des complications pouvant entra�ner la mort. Qui sont les sujets qui subissent cette pathologie ? Il faut savoir que ce syndrome �volue particuli�rement chez les sujets ob�ses ou ceux qui pr�sentent des tares. Car l�ob�sit� provoque la r�duction de l�espace pharyng� qui permet le passage de l�air. Ainsi, les personnes qui utilisent des produits hypnotiques sont sujettes � l�apn�e du sommeil. Il faut savoir �galement que les ronfleurs dorment tr�s mal car ils �touffent la nuit. Et ce trouble du sommeil qui est engendr� par des r�veils fr�quents a de n�fastes cons�quences. Il arrive que durant la nuit, le ronfleur se r�veille pendant 10 � 15 fois, voire 20 par heure. Et le malade se r�veille angoiss�. Cette reprise de respiration va entra�ner une augmentation du rythme respiratoire pour compenser le d�ficit. Une tachycardie s�installe car le c�ur fait face � des contractions musculaires thoraciques plus importantes d�o� des complications cardiovasculaires et des complications du sommeil qui dans sa structure est perturb�. Car il faut savoir que le sommeil normal est constitu� de quatre phases. Cette construction lente du sommeil fait aboutir au sommeil compensateur de phase 4. Le malade qui se r�veille chaque fois qu�il �touffe a son sommeil perturb�. Peut-il y avoir gu�rison pour ce cas pr�cis ? Ce ph�nom�ne est maintenant bien connu et bien codifi�. Quand le ronflement est � son stade initial et qui n�est pas tr�s prononc�, il peut �tre facilement trait�. Il y a des moyens m�dicaux et d�autres chirurgicaux qui sont tr�s efficaces. Mais lorsque ce ronflement passe � un stade d�installation de l�apn�e obstructive du sommeil, �a devient plus compliqu�. Quels sont les moyens de traitement actuels ? Cette pathologie est devenue aujourd�hui un souci majeur car le ronflement touche � peu pr�s 25% � 30% de la population, et ce, selon des �tudes effectu�es sur ce sujet. L�homme est le plus touch� puisqu�il constitue 60%. Les autres 40% concernent les femmes. Dans la prise en charge du ronflement, il y a des moyens m�dicamenteux et d�autres li�s � l�hygi�ne de vie. Il y avait dans le temps, certaines positions � �viter, notamment ne pas dormir sur le dos. Pour cela, il existe des m�thodes comme celle de coudre une pelote sur un tee-shirt pour que le malade soit mal � l�aise donc il se met syst�matiquement sur le c�t�. L�alimentation doit �tre l�g�re pour �viter de prendre du poids. Le sport est aussi conseill� pour d�velopper la musculation thoracique et surtout pour r�duire le volume des graisses au niveau du pharynx et pour donner aussi plus de tonus aux muscles et au c�ur. Quant au traitement local, il consiste � la d�sobstruction des fosses nasales qui reste un facteur primordial de la gen�se du ronflement. Il y a �galement d�autres s�ries de traitements chirurgicaux qui vont de la caut�risation des corn�es soit au laser soit � la radiofr�quence ou � la galvano-caut�risation jusqu�� la chirurgie de la cloison nasale et du voile du palais ou de la base de la langue. Toutes ces m�thodes sont utilis�es pour essayer de juguler cette obstruction rhino-laryngopharyng�e. Quel est le taux de r�ussite de ces chirurgies ? Elles r�ussissent dans 50 � 60% des cas. Si l�on associe � ce traitement une hygi�ne de vie, ce taux peut augmenter jusqu�� 80%. Mais quand le ronflement devient chronique, les traitements chirurgicaux peuvent s�av�rer inefficaces. Notamment pour le cas de l�uvulo-palato-pharyngoplastie qui n�est pas une chirurgie sans risque. Et quels sont ces risques ? Parce que c�est une chirurgie qui s�effectue dans une r�gion tr�s vascularis�e o� les h�morragies sont l�gion. De plus, la cicatrisation risque d�aboutir � une r�duction du calibre de la fili�re laryngo-pharyng�e. En g�n�ral, ces malades sont repris dans un deuxi�me temps et tout peut rentrer dans l�ordre. Mais le risque est l�, et le chirurgien l�a toujours pr�sent � l�esprit. Et pour la radiofr�quence ? Ses r�sultats sont provisoires. Ils durent un � trois ans. Existe-t-il d�autres traitements en dehors de la chirurgie ? C�est celui de la lutte contre la diff�rence de pression qui existe entre l�obstacle qui est au niveau du pharynx vers le haut et la r�gion hypopharyng�e o� il y a une hypopression en inspiration et une hyperpression lors de l�expiration. Pour cela, il existe une m�thode qui consiste en l�adaptation d�un appareillage de pression positive qui arrive � compenser ce d�ficit. Cet appareil maintient le couloir a�rien libre donc une respiration normale. Ces appareils co�tent relativement cher. C�est l��quivalent de 700 euros. Toutefois, ils ne sont pas faciles � supporter parce qu�imaginer dormir tout le temps avec un masque est aussi d�sagr�able pour le malade que pour le conjoint ou ceux qui partageraient la l�espace avec le ronfleur. En somme, c�est une m�thode traumatisante. Ces appareils existent-ils en Alg�rie ? Il y a quelques importateurs qui les commercialisent. Existe-t-il une consultation sp�cialis�e dans votre service ? Au vu de la gravit� du ronflement, en Europe, il y a une consultation sp�cialis�e dans chaque service ORL. Ici, nous essayons de la d�velopper. Nous avons commenc� quelque temps mais il y a eu des probl�mes de locaux, de structures et de disponibilit� de personnel m�dical. L�id�al est de constituer une consultation sur le ronflement avec des �quipements adapt�s tels que l�exploration endoscopique pendant le sommeil et la polysomnographie qui consiste � enregistrer au cours du sommeil du patient plusieurs variables physiologiques dans le but de conna�tre les troubles li�s au sommeil. Les appareils utilis�s pour cette exploration sont aujourd�hui tr�s sophistiqu�s et sont portables. Le malade les prend chez lui et fait lui-m�me la fonction avant de ramener l�enregistrement chez le m�decin qui posera les indications th�rapeutiques en fonction du cas clinique. Ces �quipements sont-ils disponibles en Alg�rie ? Nous avions demand� leur acquisition aussi bien pour le service ORL que celui de la pneumologie et de la neurochirurgie. Aucun de ces services n�en dispose aujourd�hui. Est-ce qu�il y a eu des cas de ronfleurs qui ont �t� trait�s par la chirurgie dans votre service et qui ont obtenu des r�sultats positifs ? C�est tout le temps. Nous prenons en charge les ronfleurs au stade initial et qui ne se sont pas encore compliqu�s jusqu�� l�apn�e du sommeil. Si vous aviez des conseils � donner aux ronfleurs, que leur diriez-vous ? Tout d�abord si le ronflement est signal� par le conjoint, il ne faut pas attendre jusqu�� aller � la justice (rire), puis il faut essayer de se rapprocher d�une consultation ORL le plus t�t possible. D�avoir une bonne hygi�ne de vie pour �viter l�ob�sit�. Essayer d�avoir une vie active plus ou moins sportive et puis voir s�il n�y a pas de probl�mes m�caniques, de d�viations de cloisons, de polypes et d�hypertrophie de v�g�tations. Il y a lieu aussi de voir si le voile du palais n�est pas long ou �pais et que la base de la langue n�est pas muscl�e. Le malade ne peut pas le savoir. C�est le m�decin qui peut le lui dire. Il faut r�agir avant que �a se complique. Il faut surtout consulter les sp�cialistes les plus performants et � m�me de prendre en charge ce type de pathologies. Souvent une collaboration entre l�ORL, le pneumologue et le neurochirurgien est � prescrire.